La valeur d’un pick-up ne dégringole pas lorsque vous démarrez le moteur. La « richesse fantôme », en revanche, s’envole d’elle-même.
Sur CNBC, l’analyste Anthony Pompliano a déclaré aux auditeurs que le Bitcoin était en train de devenir une source majeure de revenus pour Wall Street. Les gens sont impatients de profiter du boom du Bitcoin et Wall Street développe d’ailleurs de plus en plus de produits en rapport avec cette crypto-monnaie.
« Au cours des cinq dernières années, le dollar américain a perdu 30 % de sa valeur, a-t-il expliqué. Et le S&P, libellé en Bitcoin, a baissé de 85 % depuis 2020. Le Bitcoin est une bien meilleure réserve de valeur. »
Pardon ? Une réserve de valeur dont le prix monte en flèche ? De quel genre de réserve s’agit-il ?
Le Bitcoin se négocie comme le plus grand actif spéculatif depuis les bulbes de tulipes, et non comme un refuge pour votre richesse.
Mais commençons par la question la plus fondamentale. Pourquoi, comment des gens sensés, raisonnables – des gens qui enfilent leur pantalon une jambe après l’autre – échangent-ils leurs maisons et leurs voitures contre quelque chose qui n’a pratiquement aucune valeur ?
Et pourquoi, comment se fait-il que vous puissiez désormais acheter plus de trois fois plus de maisons que l’année dernière pour la même somme dérisoire ? Il y a douze mois, il vous aurait fallu environ neuf Bitcoins pour acheter une maison, contre trois aujourd’hui.
Mais attendez…
« Le Bitcoin n’est pas rien », dites-vous ? « C’est une information importante. Il vous indique combien d’argent vous possédez. Et il protège votre patrimoine contre l’inflation. »
Peut-être. Mais la semaine dernière, nous nous sommes demandé quelle part du marché boursier était constituée de « richesse fantôme ». Une question complémentaire : quelle part de cette « richesse » disparaîtra lorsque le voile se lèvera ?
La valeur totale de tous les Bitcoins connus s’élève aujourd’hui à environ 2 300 milliards de dollars. Contrairement à la monnaie dans laquelle il est calibré, le Bitcoin est une richesse fantomatique, spectrale, irréelle… et un peu effrayante. Il est apparu de nulle part. Aucune usine ne l’a produite. Personne n’a transpiré pour la créer. Elle n’a pas d’existence matérielle propre, et il n’y a pas eu d’augmentation de l’économie réelle pour suivre son rythme.
Au prix actuel, la totalité des Bitcoins est suffisante pour acheter trois millions de maisons, ou 30 millions de pick-up F-150. Ce sont des choses réelles, fabriquées par des personnes réelles, travaillant avec des outils réels et des ressources réelles dans l’économie réelle. Mais elles n’existent pas.
Si tous les investisseurs vendaient leurs Bitcoins pour acheter des pick-ups ou des maisons, le prix des premiers chuterait et celui des seconds, s’appuyant sur les stocks existants, grimperait en flèche. Quel type d’actif perd de la valeur lorsque vous essayez de l’utiliser ?
La valeur d’un pick-up ne diminue pas lorsque vous démarrez le moteur. La « richesse fantôme », en revanche, s’envole d’elle-même.
Supposons que le Bitcoin atteigne une valeur de 1 000 000 de dollars avec une capitalisation boursière totale atteignant 20 000 milliards de dollars. Cela signifie-t-il qu’il y a plus de pick-up à acheter ? Plus de maisons disponibles ?
Bien sûr que non. Cela signifie seulement qu’il y a un pouvoir d’achat supplémentaire (théorique) de 20 000 milliards de dollars, soit plus de « richesse » en Bitcoin qui est sortie de nulle part et qui n’est pas soutenue par une production réelle.
Et cela entre en concurrence directe avec la « richesse » des actions, que nous estimons actuellement à environ 30 000 milliards de dollars. Les cours des actions ont augmenté bien plus que la valeur des biens et services réels produits par les entreprises. Cette « richesse fantôme » ne peut être transformée en richesse réelle car, comme pour le Bitcoin, elle n’a pas d’équivalent en biens et services.
Même pendant les jours les plus sombres de 1929, la richesse réelle (la Ford T, les manteaux en raton laveur et les maisons vernaculaires) avait encore de la valeur.
Mais la « richesse fantôme » des actions, dont le cours avait grimpé en flèche pendant les années folles, a disparu. D’un niveau bas d’environ 67 en 1921, le Dow Jones est passé à 333 en 1929. Mais il s’est ensuite effondré de 89 % au cours des trois années suivantes… et n’est revenu à 333 que 22 ans plus tard, sous la présidence d’Eisenhower.

Selon les données de la Fed, le patrimoine net des ménages américains a augmenté de près de 60 000 milliards de dollars en un peu plus de cinq ans. Près de la moitié de cette augmentation est due à la hausse des actions.
Et, dans les années 1990, il y a eu la « richesse fantôme » des actions dot.com, concentrée dans le NASDAQ. Tout comme le Bitcoin, les dot.com semblaient inarrêtables. Le NASDAQ est passé de 1 500 points en août 1998 à plus de 4 600 points en mars 2000.
Puis, les fantômes ont quitté la ville, emportant leur argent avec eux. Tous les gains des 20 mois précédents ont été effacés, l’indice tombant à 1 300 points. Il a fallu 14 ans pour se remettre complètement.
La même chose se reproduira-t-elle ?
Très probablement !

6 commentaires
C’est du Keynes !!! valable pour tout ce qui est temporel.
Si je suis ce raisonnement, si tout le monde vendait son or pour acheter des maisons ou des pick-ups, la valeur des maisons et des pick-ups augmenterait tandis que le cours de l’or, si cher à Bill Bonner, s’effondrerait. Avec la différence, par rapport au Bitcoin, que l’on extrait de l’or à un rythme plus rapide que l’on ne crée du Bitcoin, ce qui augmenterait d’autant la quantité d’or remise sur le marché.
D’autre part, en francs constants, la valeur d’un pick-up diminue au fil des kilomètres, et le véhicule entraîne de nombreux frais pour fonctionner (le carburant n’étant pas le moindre). La valeur d’une maison ne se maintient que grâce aux sommes que l’on dépense pour la garder en bon état.
Monsieur Bonner, il existe bel et bien des usines qui produisent le Bitcoin. Simplement, elles ne font pas de fumée, n’ont pas de haut-fourneaux ou de machines qui emboutissent la tôle, pas de lignes d’embouteillage, n’ont rien à voir avec l’usine de Chaplin dans Les Temps Modernes. Mais on peut les considérer comme des usines. Elles utilisent de l’énergie et des machines pour produire, et que le produit soit immatériel n’y change rien : les quantités produites sont aussi clairement dénombrables qu’une quantité de véhicules ou un tonnage d’acier et la valeur du stock est fixée selon le prix du marché. Certes, le prix du marché peut chuter, comme celui de tout bien qui n’intéresse plus personne, par exemple le prix d’une maison en zone inondable ou celui d’un pick-up mangé par la rouille. Deux problèmes que le Bitcoin ne connaît pas, ceci soit dit en passant.
Par contre, ce qui peut être créé d’un trait de plume, sans effort, sans usine, simplement en apposant une signature au bas d’un contrat de prêt, c’est la monnaie.
Nul ne s’étonnera dès lors qu’en francs courants, ou autrement dit en monnaie de singe, le prix d’une maison ou d’un pick-up ne cesse d’augmenter.
l’avantage d’un bitcoin par rapport à une action de société, c’est que sa valeur n’est pas conditionnée par la prospérité de la dite société.
L’inconvénient du bit-coin c’est qu’il est en concurrence avec toutes les réserves de valeur du monde : les 20000 autres crypto-monnaies, les terres , les fonds marins, les métaux précieux , les actions , les obligations, etc…
A 2000 milliards de capitalisation, le bitcoin se compare avec microsoft (4000 milliards) mais son cours ne tient que par son utilité comme réserve de valeur par rapport des devises fondantes et comme couverture vis à vis de gouvernements prédateurs . Si vous pensez que les kmers verts vont vous piquer votre fortune avant de vous faire crever en camp de travail (ce qui est exactement le sort que le marché mondial réserve aux travailleurs exploités ) vous pouvez tant qu’il serait encore temps liquider votre fortune et la convertir en bit-coin puis cacher votre phrase personnelle dans la doublure d’un vêtement avant de prendre l’avion . Mais si le monde s’engage dans une guerre nucléaire (comme semblent le souhaiter/redouter certains) mieux vaut compter sur une réserve « low-tech » planquée dans une vaste propriété rurale éloignée des centres de pouvoir et située dans un pays où vous avez de naissance encore quelques droits et libertés : songez aux absurdes menaces trumpistes envers les travailleurs immigrés américains… D’une façon générale, le futur est difficile à anticiper.
Le futur est difficile à anticiper, mais il semblerait (je dis bien il semblerait) que des puissants dans une organisation nébuleuse dont on ignore la profondeur, son intensité et l’étendue de son action, l’anticipent pour nous, sans nôtre avis bien sur. Ils ont en foutrement les moyens, la principale étant celle qui agit sur la nature humaine et la technologie numérique disruptive qui en découle parmi d’autres plus ou moins cachées. Toujours au conditionnel, il semblerait que l »on nous pousse vers le numérique avec séduction et manipulation de la réaction comme on le ferait avec un cheval sauvage. Suivant d’autres manipulations en mouvement de balancier comme pour la politique électorale, le monétaire, les idéologies, religions et mouvement réactionnaires sociétales ainsi que toutes matières confondues, abstraites ou concrètes exploitables. Evidemment nous tombons inévitablement et brutalement dans le blasphème complotiste malgré la lecture objective et, mot prétentieux, rationnelle des informations diverses et variées dont beaucoup ignorées ou non dites qui comme des pixels semblent former une image incomplète d »une conclusion que si cette gouvernance mondiale aux procédures douteuses parvient à son objectif totalitaire immonde ( un bananier ne pouvant donner des pommes), le bitcoin, les métaux précieux et les confins du pôle sud ne nous seront d’aucun secours. Toujours au conditionnel, mais il me semble que les courants marins et les vents vont laborieusement dans ce sens.
Si le Bitcoin connait une telle hausse c’est aussi parce que plus personne ne fait confiance aux monnaies d’Etat comme le dollard, l’Euro etc… toutes mal gérées et dirigées par des gouvernements parfois inconscients (exemple de la période des taux d’intérets à zéro). Bien sûr le BTC est volatile et en détenir est risqué alors il faut en avoir mais raisonnablement. La masse monétaire du Bitcoin est fixée dans le temps et n’augmentera plus à terme (21 millions de bitcoins). Son émission décroit d’années en années sa rareté va encore augmenter sa valeur. Il ne disparaitra pas aussi facilement que ça parcequ’il représente une nouvelle façon de régler ses achats sans passer par le système bancaire avec une technologie du 21ème siècle, la blockchain. C’est un réseau décentralisé, sans contrôle par une banque centrale ou un gouvernement. Cela attire ceux qui cherchent à échapper à la censure financière ou à l’inflation monétaire, notamment dans des pays avec des monnaies instables. Cette technologie de la blockchain envahit petit à petit la société toute entière (rédaction de certains actes, gestion des droits d’auteur, lutte contre la contrefaçon etc… ) Ce n’est pas rien. C’est aussi un moyen de diversifier ses actifs et de réduire le contrôle des gouvernements sur la monnaie et l’économie. Autre point, dans un contexte d’effondrement de l’économie, le BTC continuera de s’échanger et de permettre d’effectuer des transactions même si votre banque a fait faillite. Alors soyons lucides, le BTC n’a pas que des qualités ( Volatilité, consommation d’énergie, régulation et pas encore adoptée par le plus grand nombre..) mais il est une alternative aux monnaies d’Etat de plus en plus encadrées et peu fiables. Sa force réside dans son modèle de construction et par une adhésion de plus en plus grande par de grands acteurs de l’économie. Tout ceci me fait dire que le BTC a un avenir du fait qu’il a été pionnier dans son domaine (les autres cryptomonnaies ne jouent pas vraiment dans la même cours). Cet avenir dépendra essentiellement des futures réglementations au sein des Etats, de l’évolution de la technologie et de l’adhésion du plus grand nombre…. Ce qui est en passe d’être gagné. Les prochaines années nous le diront. En attendant il n’est pas ridicule d’y croire et de miser raisonnablement sur cet actif.
Mr Bonner,
Après avoir lu votre article je ne peux que vous conseiller de lire L’étalon bitcoin de Saifedean Ammous