Après la tech, la blockchain et les meme stocks, les investisseurs et les spéculateurs sont prêts à passer à autre chose. Même les institutions les plus augustes s’y mettent…
Les marchés actions ? Démodés ! Les licornes et autres meme stocks ? Dépassées ! Même la blockchain n’a plus vraiment la faveur des investisseurs – ils en veulent toujours plus, toujours plus vite, comme nous l’avons vu vendredi.
Alors quels placements sont en vogue actuellement ?
Le Wall Street Journal a la réponse :
« Sur les trois premières semaines de septembre, quelque 6 900 Mds$ (valeur notionnelle) d’options sur actions ont changé de mains, une somme bien supérieure aux 5 800 Mds$ d’actions négociées sur la même période, selon les données du CBOE.
[…] Selon une mesure, l’activité sur les options est sur le point de dépasser l’activité sur les actions pour la toute première fois.
En 2021, la valeur notionnelle moyenne quotidienne des options sur actions a dépassé les 432 Mds$, contre 404 Mds$ pour les actions, selon les calculs de Henry Schwartz, du CBOE.
Ce serait la première année record où la valeur des options changeant de mains dépasserait celle des actions, selon les données du CBOE remontant à 2008. »
Le trading en options n’est pas de « l’investissement » au sens classique. On ne compte pas sur les revenus pour fournir un gain, que ce soit sous la forme de dividendes ou de plus-values. On parie plutôt qu’on est du bon côté du trade.
Il n’y a pas de véritable « investissement », en d’autres termes.
Sous le zéro
Pas de nouvelles usines. Pas de nouveaux employés. Pas de nouvelles lignes de production ou d’amélioration des services – rien qui n’augmente la richesse du monde et les profits des investisseurs.
Ce n’est pas gagnant-gagnant… c’est gagnant-perdant. Pour chaque gagnant, il y a un perdant. Dans l’ensemble, la somme est théoriquement nulle.
En pratique, cependant, la somme est négative. Rappelez-vous : soit on « fait » – en offrant des biens ou des services qui augmentent la richesse. Soit on « prend » – en dévalisant un bureau de tabac… en se lançant dans la politique… ou en pariant.
Or lorsque le « faire » diminue et que le « prendre » augmente… le monde s’en trouve appauvri. Des capitaux précieux sont mal alloués… gaspillés en rachats d’actions et en « guerres » inutiles.
Ce qui compte vraiment, dans une économie, c’est l’investissement net – la quantité d’argent épargné et utilisé pour construire plus de richesse. L’an dernier, ce chiffre n’avait que peu changé par rapport à 22 ans auparavant, même si l’économie est désormais deux fois plus grosse.
Le savoir, c’est la « richesse »…
Même les universités les plus riches et les plus prestigieuses des Etats-Unis ont été atteintes par le virus du « devenir riche rapidement ». Comme le formule notre collègue Byron King, leurs fonds de dotation sont devenus « des hedge funds avec une branche universitaire ».
Là encore, le Wall Street Journal a plus de détails :
« Les fonds de dotation des grandes universités ont enregistré leurs plus gros gains depuis des décennies, grâce à des portefeuilles stimulés par les énormes rendements du capital-risque et l’envolée des marchés boursiers.
Le fonds de l’université du Minnesota a gagné 49,2% au cours de l’exercice achevé le 30 juin, tandis que celui de l’université de Brown a enregistré un rendement de plus de 50%, ont déclaré des personnes au courant des résultats, qui n’ont pas encore été rendus publics.
Pendant ce temps, l’université de Duke a déclaré […] que sa dotation avait gagné 55,9%. La semaine dernière, l’université de Washington à St. Louis a annoncé un rendement de 65%, le plus gros gain jamais enregistré par l’école, ce qui a fait passer la taille de son fonds à 15,3 Mds$. La dotation de l’université de Virginie a enregistré un gain de 49%. »
On pourrait penser que des institutions aussi augustes se poseraient quelques questions.
Comment se fait-il que nos investissements augmentent de 50%… alors même que l’économie se traîne difficilement, gagnant moins de 5% par an ?
Comment est-ce possible ?
La réponse est à suivre…