Par Simone Wapler (*)
Prenons l’exemple du pétrole. Il est actuellement un peu au-dessous de 90 $ le baril. C’est son niveau du début de l’année 2008. Une bonne déflation par rapport à son point haut. Mais ce retour au début de 2008 est trompeur. Car la parité eurodollar de l’époque était de 1,48. Elle est aujourd’hui de 1,37. Le pétrole est en fait aussi cher qu’au début de 2008. Dès que le dollar va repartir à la baisse, le pétrole corrigera. Le pétrole à lui tout seul suffirait à propager de l’inflation.
Mais ce n’est pas tout. Même durant la crise de 1929, la Grande Dépression, les matières premières ont surperformé les actions. Les nécessités de la vie — se nourrir, se vêtir, se chauffer — ont toujours cours, mais les investissements s’assèchent. Après une période de flottement, d’hésitation, les matières premières repartent à la hausse. C’est ce qui s’est produit en 1933.
Aux nécessités de la vie s’est ajouté un plan de relance américain par grands travaux de génie civil. Ce type de plan est également gourmand en matières premières. Notre production est largement automatisée et mécanisée. La part de main-d’oeuvre a considérablement diminué et la part des matières premières et capitaux d’investissement a augmenté. Le chômage — qui induira une baisse du coût de la main-d’oeuvre — n’amortira pas le choc.
Enfin, nous (les pays riches) n’avons plus les moyens d’une politique de relance économique par de grands travaux. Nos gouvernements sont trop endettés. Mais les pays émergents, forts de leurs montagnes de cash, ont les moyens d’une telle politique. Le new deal de la Deuxième Grande Dépression sera sans doute chinois.
Deux facteurs vont faire augmenter les prix des matières premières :
– Relance par grands travaux de génie civil dans les pays émergents,
– Répercussion par les producteurs de matières premières sur leurs prix de l’inflation monétaire.
Que faire ? Se concentrer sur l’or et seulement l’or, guetter les signes de redémarrage dans l’énergie et l’activité minière.
Se concentrer sur l’or
La finance a perdu tous ses repères, elle n’est plus crédible. Le retour vers l’or se manifeste partout dans le monde. Les émetteurs de certificats or cotés en continu, les bullions, n’ont jamais connu un tel afflux. Les boutiquiers se frottent les mains. Les vendeurs de coffres-forts également. L’or monte, mais doucement.
L’Europe est la plus timide dans cette démarche. La folie spéculative n’est pas encore d’actualité, même si les signes de retour en grâce de la relique barbare se multiplient. Les médias généralistes commencent à en parler.
Comme déjà dit, l’or est le SEUL actif qui ait progressé depuis un an (avec le pétrole si on corrige le cours de la parité eurodollar). Je maintiens mon objectif final de 2 300 $ (1 500 euros) pour l’once d’or.
Emission monétaire et baisse concertée des taux de la part des banques centrales sont favorables à l’or Le dollar va retrouver son parcours baissier. Les 700 milliards de dollars du plan Paulson ne sont que du papier. La baisse du dollar est favorable à l’or — et pour en profiter, il suffit de suivre le guide…
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque semaine le secteur aurifère dans la lettre d’investissement L’Investisseur Or & Matières.