▪ La forte baisse des small caps dans des volumes extrêmement faibles commence à pousser certains chefs d’entreprise à s’interroger sur le bien-fondé de la Bourse. Car quand les cours sont trop bas, il leur devient par exemple impossible de faire une quelconque levée de fonds. Souvent la valorisation boursière n’a ainsi plus rien à voir avec la valorisation économique.
Il y a quasiment six ans — lorsque je travaillais chez Euroland Finance –, j’avais réalisé l’introduction en Bourse de Parfum d’Image, devenu depuis Maesa. Ce fut un réel succès avec une énorme demande des investisseurs institutionnels et une sursouscription…
L’introduction eut lieu à 13,50 euros. Certains gérants m’appelaient même pour se plaindre de ne pas avoir été assez servis en titres ! La société, spécialisée dans la conception et la fabrication de parfums, produits cosmétiques et produits promotionnels sur-mesure réalisait alors un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros.
Six ans après, la société réalise 73 millions d’euros (mero) de chiffre d’affaires… mais elle ne vaut plus que neuf euros.
Certes, les pertes en 2009 et 2010 ont provoqué la chute du titre. Mais la société a profondément changé et le marché n’en tient absolument pas compte pour l’instant. Tenez par exemple : il y a trois ans, elle a racheté l’Américain Zorbit, créant ainsi l’un des leaders mondiaux dans le marché de la beauté sur-mesure.
Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que les dirigeants associés aux fonds gérés par Edmond de Rothschild Investment Partners lancent une OPA simplifiée sur Maesa à 13 euros, soit un cours proche du cours d’IPO. La prime atteint 44% par rapport au cours actuel (neuf euros environ). Mais on est bien loin du plus haut de 33,94 euros….
Je vous assure que de nombreux chefs d’entreprise me disent implicitement qu’ils n’en peuvent plus de la Bourse et qu’ils réfléchissent à une sortie de cote afin de ne pas avoir à sans cesse communiquer et à passer de nombreux journées en road shows devant les gérants… Tout cela pour une médiocre valorisation boursière.
▪ Le problème, c’est que désormais, le financement bancaire n’est pas une alternative crédible. Une récente étude de Fitch évoquait avec insistance un risque de désintermédiation. Ou pour le dire autrement : le credit crunch que le monde redoute. Les entreprises les moins bien notées, voire pas notées du tout comme de nombreuses small caps, souffriraient le plus d’un resserrement du crédit.
La cause ? Les banques, confrontées à des pertes inéluctables sur certaines dettes européennes, vont devoir augmenter leurs fonds propres. Et pour cela, elles vont largement préférer réduire leurs prêts que procéder à des recapitalisations. Evidemment, cela pénalisera en premier lieu les small caps, les petites entreprises et l’on pourrait se retrouver assez vite dans une situation de credit crunch.
Ce n’est donc pour l’instant pas le spectre de la récession, d’une baisse d’activité qui fait broyer du noir aux dirigeants. Mais bien l’impact financier que la crise des dettes souveraines aura sur leur capacité à trouver des financements.
Une récente étude de l’observatoire Banque Palatine des PME (qui prend en compte des boîtes dont le chiffre d’affaires est entre 15 et 500 mero) indique que la confiance des dirigeants de PME vient de chuter à 20% pour l’économie française et à 22% pour l’économie mondiale. C’est 37 points de perdus par rapport au début de l’été pour l’Hexagone et 29 points concernant le monde.
Cependant — et cela rejoint les nombreuses discussions que j’ai eues avec des patrons –, 42% d’entre eux estiment faire un meilleur chiffre d’affaires qu’en 2010 !
C’est donc malheureusement à nouveau un problème de confiance banque/entreprises qui risque de paralyser la croissance des petites et moyennes valeurs…
Première parution dans Small Caps Confidentiel le 21/10/2011.