Les droits de douane, loin de protéger les peuples, deviennent les outils d’un pouvoir de plus en plus centralisé, révélant une dérive où la force supplante la liberté.
« Nous sommes nés dans ces temps et devons suivre vaillamment et jusqu’à son terme la voie qui nous a été tracée. Il n’y en a pas d’autre. » – Oswald Spengler
En 1999, les Etats-Unis affichaient encore un excédent budgétaire, une dette publique limitée à 5 600 milliards de dollars et des actions dont la valeur, exprimée en or comme en dollars, n’avait jamais été aussi élevée. Le pays restait largement admiré. Sa dette fédérale était utilisée comme réserve monétaire dans le monde entier. Il n’était engagé dans aucune guerre majeure, ne finançait pas de conflits à l’étranger, ne payait pas pour des massacres commis hors de ses frontières. Il défendait le libre-échange et, de manière générale, favorisait l’Etat de droit.
C’était sans doute l’apogée des Etats-Unis… et plus largement celle de la civilisation occidentale. Depuis, tout semble aller de pire en pire – du moins, c’est ce que nous pensons.
Ce regard n’a rien de nouveau. Oswald Spengler, dès le début du XXe siècle, prédisait que la civilisation occidentale atteindrait son apogée autour de l’an 2000. Même Donald Trump a perçu ce déclin et promis d’en inverser le cours.
Aujourd’hui, après un quart de siècle de glissement progressif, deux questions demeurent : jusqu’où ira ce déclin… et par quels moyens se poursuivra-t-il ?
Spengler imaginait que l’apogée civilisationnelle serait suivie d’une ère de « césarisme », que l’on pourrait résumer par l’émergence de gouvernements autoritaires. Il voyait en Benito Mussolini l’une des premières incarnations de ce type de pouvoir post-démocratique. Mussolini lui-même affirmait :
« La démocratie est belle en théorie. En pratique, c’est une erreur. Vous, en Amérique, vous le verrez un jour. »
Spengler est mort en 1936. Il n’a jamais connu Donald Trump.
Il y a quelques jours, nous avons examiné le rôle des droits de douane dans le grand schéma des choses. En bref, ils semblent confirmer l’hypothèse du déclin de l’empire. Les restrictions commerciales ralentissent l’économie et appauvrissent les populations. Mais elles éloignent également celles-ci de la civilisation elle-même.
Nous ne savons pas si le commerce est une cause ou un effet. Mais les deux semblent aller de pair. Et les restrictions commerciales ont tendance à faire reculer une société, la rendant plus pauvre… mais aussi, comme en Corée du Nord, moins libre et moins civilisée.
La restriction du commerce semble faire partie du nouvel ordre mondial. Le premier argument avancé par l’équipe Trump était que les autres pays nous « arnaquaient » (vraisemblablement avec des droits de douane élevés par rapport aux nôtres, qui sont plus bas). Par souci d’équité, et afin d’encourager la production nationale, les droits de douane devaient être « réciproques ».
Mais la réciprocité a été abandonnée et les accords négociés conduisent à une augmentation des droits de douane, et non à leur diminution. Même les pays avec lesquels les Etats-Unis ont un excédent commercial, comme le Royaume-Uni et le Brésil, sont désormais soumis à des droits de douane américains plus élevés.
Qui paie ? Le Washington Post rapporte :
« Les droits de douane frappent durement les entreprises américaines, mais celles-ci les absorbent pour l’instant.
Les droits de douane imposés par l’administration Trump frappent les entreprises qui font affaire aux Etats-Unis. Mais dans de nombreux cas, les prix ne les reflètent pas encore. »
Dans leurs rapports financiers publiés lundi et mardi, plusieurs entreprises, dont les constructeurs automobiles General Motors et Stellantis, ont imputé leurs mauvais résultats aux droits de douane.
Les entreprises vont bientôt augmenter leurs prix pour protéger leurs marges. Ce sont alors les consommateurs qui paieront.
Pendant ce temps, le président américain continue de menacer d’imposer des droits de douane encore plus élevés. The Hill rapporte :
« Trump a récemment annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 200 % sur les produits pharmaceutiques afin d’inciter les fabricants de médicaments à revenir aux Etats-Unis. Si cette mesure est mise en œuvre, elle coûtera très cher à des millions d’Américains qui ont déjà du mal à payer leurs factures médicales, et cela les enfoncera encore davantage dans l’endettement lié aux soins de santé. »
Que faut-il en penser ?
Selon nous, les droits de douane sont devenus un autre moyen sournois d’augmenter les impôts et de donner plus de pouvoir au grand homme. Ils nous entraînent davantage dans le monde politique… de l’intimidation, de la grandiloquence et de la force brute.
2 commentaires
LE RECUL OCCIDENTAL
Il est possible de voir les choses ainsi. Mais aussi de les voir autrement. « Les entreprises vont bientôt augmenter leurs prix pour protéger leurs marges. Ce sont alors les consommateurs qui paieront. » Cela fait longtemps, bien avant Trump et ses taxes, que les consommateur américains et occidentaux paient. Le recul occidental, USA en tête, CEE de même, plus discrètement, date de bien plus de 10 ans. Il suffit d’observer l’évolution sociale aux USA : Il y a 20 ans presque personne, aux USA, en dehors des marginaux, ne vivait dans les rues. Depuis le début des années 2020 le peuple américain, même de classe moyenne, même ayant un emploi, est innombrable à vivre dans les rues des plus grandes villes des USA ou dans leurs voitures. Ce n’est pas Trump « le Taxateur », le responsable, en six mois de pouvoir ! La chanson économiquement et politiquement correcte « c’est la faute de Trump » pourrait finir par devenir peu crédible. Ce recul occidental, que Biden n’a bien évidemment aucunement suspendu en quatre années de présidence, est en réalité une conséquence de la mondialisation et de la montée en puissance scientifique, technique, économique et financière du « Tiers Monde ».
Etat autoritaire et protectionnisme se révèlent indispensables à une nation en état de faiblesse. La liberté et le libre échange sont l’apanage des nations fortes. Ce qui importe pour les USA n’est pas tant la dette mais sa capacité à la rembourser. Trump a dû estimer que son pays ne pouvait rembourser la dette sans créer de monnaie de singe, ce que vos abonnés lisent dans vos lignes. Evidemment la colonie Europe dirigée par des « young leaders » va le faire payer cher à ses peuples, mais l’important, pour moi, est la révolution « conservatrice » en cours de ce président qui arrive en Europe, par l’ouest. Il faudra juste la policer un peu. Un vent d’est pourrait également souffler. La pensée d’un Douguine pourrait faire son chemin, dans le sillon victorieux de Poutine. Le politique va enfin primer l’économie, mais notre Occident, l’Europe délabrée, a besoin d’aide, une révolution réussit difficilement sans appui extérieur.