Les deux dernières décennies ont été exceptionnelles sur le plan boursier. Nous avons vécu trois bulles et deux krachs. Au final, l’indice FTSE 100 n’a rien rapporté aux investisseurs, en particulier en tenant compte de l’inflation. Moins de la moitié des entreprises qui composaient le FTSE 100 en 1999 ont conservé leurs places dans l’indice, il a donc été extrêmement difficile sur cette période de reproduire la performance de l’indice au travers de votre propre portefeuille boursier.
Sur le CAC 40, voici ce que donne une telle perspective. C’est encore plus décevant.
On ne pourrait pas imaginer une meilleure illustration de l’importance d’avoir conscience de la situation mondiale et des opportunités si vous désirez réussir en tant qu’investisseur.
Une double bulle technologique et immobilière s’était emparée du marché, l’essentiel des gains étaient donc concentrés dans ces deux secteurs. Ainsi, au cours de ces 17 dernières années, l’investissement passif – qui se contente de répliquer l’indice – a été pour le moins décevant.
Par rapport à d’autres pays et la France, le marché boursier britannique a réalisé une performance honorable. Au cours des 10 dernières années, il a surperformé la plupart des indices européens et a quasiment réussi à égaler le marché australien, bien que ce pays paraisse immunisé contre les récessions. Seules les actions américaines ont surpassé la performance de l’indice britannique.
Mais il s’agit du passé. Aujourd’hui, nous allons prendre du recul et étudier la situation dans son ensemble afin d’avoir une vision claire des risques et des opportunités que nous réserve le reste de l’année 2017.
Actuellement, les investisseurs britanniques comme français s’interrogent sur la tendance du marché. Est-il emprisonné dans un canal horizontal, ce qui est caractéristique d’un marché déprimé, ou se prépare-t-il à sortir par le haut de ce canal de consolidation pour rentrer dans une nouvelle phase de hausse ?
Pour répondre à cette question, nous devons observer les événements qui se déroulent dans les autres pays. La Grande-Bretagne n’est certainement pas isolée du reste du monde.
Je ne vais pas essayer de prédire ce que va faire le marché boursier cette année. C’est impossible. Comme l’affirmait très justement l’économiste John Maynard Keynes, « le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable ». Par conséquent, même si vous réussissez à prédire sans vous tromper les événements à venir, une erreur de timing peut vous pousser à la ruine.
Au lieu de chercher à faire des prédictions, je vais vous présenter les facteurs qui vont déterminer la performance du marché boursier. Si c’est le scénario optimiste qui se produit, le marché ira vers le haut. Si c’est le scénario pessimiste qui survient, un nouveau krach se produira.
Pour prédire le marché boursier, tout ce que vous avez à faire est de surveiller l’évolution de ces différents facteurs. C’est ce que nous faisons chaque jour dans ces colonnes.
Le Brexit pourrait être une réussite tout de suite
Seuls les défenseurs les plus ardents du Brexit s’attendent à ce que ce soit un succès facile et rapide. Habituellement, même les électeurs favorables au Brexit reconnaissent que les premières années seront difficiles. Et s’ils se trompaient ?
Il n’y a qu’une seule raison pour laquelle les négociations avec l’Europe pourraient mal se dérouler. Si jamais l’Union européenne se montre agressive et décide de punir la Grande-Bretagne afin de décourager d’autres pays de suivre la même voie, alors cela pourrait rendre la vie difficile au peuple britannique. Cependant, tout indique que les deux parties dans cette négociation ont intérêt à s’entendre en espérant aboutir à un accord gagnant-gagnant.
Le libre-échange entre la Grande-Bretagne et l’Europe ne devient pas subitement une mauvaise chose sous prétexte que le peuple britannique a choisi de quitter l’Union européenne.
Les citoyens anglais et européens auront toujours un intérêt au maintien du libre-échange. Au final, les hommes politiques seront obligés d’en tenir compte. Dans le cas contraire, le marché de l’emploi se dégradera. L’Europe ne peut pas se le permettre.
En matière de libre-échange avec le reste du monde, la Grande-Bretagne se portera beaucoup mieux lorsqu’elle aura quitté l’UE. Les taxes douanières appliquées par l’UE vis-à-vis des pays étrangers atteignent en moyenne 5,3%, un niveau particulièrement élevé par rapport aux autres pays développés.
Les Etats-Unis appliquent un taux moyen de 3,5%. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont en dessous de 3%. Même la Mongolie et le Pérou appliquent des taxes douanières plus faibles que l’UE.
Voici une carte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) montrant le niveau des tarifs douaniers appliqués par chaque pays :
Cette carte nous révèle que l’UE est en réalité un bloc protectionniste. Lorsque la Grande-Bretagne aura quitté l’UE, le pays connaîtra un boom de ses échanges commerciaux avec le reste du monde avant même d’avoir signé le moindre accord de libre-échange. De plus, la Grande-Bretagne pourra signer de tels accords beaucoup plus rapidement qu’en étant au sein de l’UE. En effet, le gouvernement anglais n’a pas à se plier aux exigences d’un aussi grand nombre de lobbies que l’Union européenne.
Vous vous demandez quel est le rapport avec le marché boursier ? Si l’UE renonce à se venger et que le commerce extérieur de la Grande-Bretagne explose, le Brexit pourrait se transformer en un succès imprévu. Il y a déjà des indications qui montrent que cela pourrait se produire.
La dégringolade de la livre sterling a permis de soutenir le marché actions britannique dans les semaines qui ont suivi le Brexit. Il a même atteint de nouveaux records. Cela s’explique par le fait qu’une grande partie des sociétés qui composent le FTSE 100 réalisent une part importante de leurs bénéfices à l’étranger. La dépréciation de la livre sterling leur a donc permis d’augmenter encore leurs profits. C’est une excellente nouvelle pour les investisseurs anglais. En revanche, les investisseurs étrangers n’en ont pas bénéficié en raison de la chute de la livre sterling.
Selon un sondage réalisé auprès des dirigeants des banques centrales à travers le monde, les pays émergents sont en train progressivement de réduire la part de l’euro dans leurs réserves de devises étrangères, au profit notamment de la livre sterling dont la part augmente. Les raisons invoquées sont la stabilité politique ainsi que les perspectives économiques positives de la Grande-Bretagne.
Dans les semaines qui ont suivi le Brexit, l’investissement privé au Royaume-Uni est fortement reparti à la hausse. Les multinationales les plus innovantes au monde telles qu’Amazon et Google ont réaffirmé leur volonté d’investir davantage en Grande-Bretagne. La société ABP (Associated British Ports) a dévoilé un plan d’investissement pharaonique dans les infrastructures portuaires qu’elle exploite. Même la banque d’investissement JP Morgan a renoncé à délocaliser ses activités en Europe comme elle avait menacé de le faire.
Le marché boursier, les indicateurs économiques, les investisseurs étrangers et les banquiers centraux ont tous exprimé un vote de confiance en faveur du Brexit.
Nick Hubble
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