Les études sont-elles un investissement qui en vaut la peine… tant au niveau personnel qu’à celui de l’Etat ? Les dernières statistiques semblent prouver le contraire.
Bill Bonner se demandait il y a quelques semaines si les études sont un vrai investissement. A l’appui de sa démonstration, limpide comme toujours, il donnait des exemples de personnalités ayant réussi sans avoir fait d’études.
Certes, écrivait-il, certains métiers – médecin, ingénieur nucléaire… – exigent des études poussées. « Mais la majeure partie du travail fait par la majorité des gens ne demande pas la moindre éducation ».
Dans ce cas, se demandait Bill, pourquoi s’endetter toute une vie comme on le fait aux Etats-Unis ? L’argent mis dans les études ne pourrait-il pas être mieux utilisé en créant une entreprise ou en investissant pour devenir rentier ?
Et Bill de s’interroger devant les résultats d’un récent sondage qui montrait que « les Américains privilégiaient une augmentation des dépenses pour l’éducation par rapport à toutes les autres catégories du budget fédéral ».
Qu’en est-il de la France ?
Notre pays se distingue généralement par sa mauvaise place dans les classements internationaux. Le dernier classement PISA (Program for International Student Assessment), publié par l’OCDE, qui date de 2016 (le prochain est prévu cette année), classe la France en 26ème position (une place de moins qu’en 2012).
Le classement a été établi à partir de résultats obtenus auprès de 540 000 élèves de 15 ans répartis dans 72 pays. Il mesure les performances des systèmes éducatifs, en s’attardant sur trois domaines : sciences, compréhension de l’écrit et mathématiques.
Le tableau ci-dessous donne les résultats des 40 premiers pays :
On remarque que, si la France n’est que 26ème, les États-Unis ne font guère mieux en obtenant la 25ème place. Nos proches voisins que sont l’Allemagne et le Royaume-Uni se classent à la 15ème place ; la Suisse est 18ème ; la Belgique 20ème. En revanche, Espagne (28ème) et Italie (34ème) font moins bien que nous.
Les dépenses publiques pour l’enseignement n’améliorent pas le classement PISA
Prenons maintenant en considération une autre étude de l’OCDE, publiée chaque année : Regards sur l’éducation, un pavé de près de 500 pages qui compile toutes les données possibles sur les systèmes éducatifs des pays membres.
Attardons-nous sur les dépenses d’éducation : du primaire au supérieur, les pays dépensent en moyenne 10 500 $US par an pour financer l’instruction de chaque élève/étudiant. Bien évidemment, ces dépenses peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous :
Il est frappant de constater que les deux tableaux sont pratiquement inversés. Même si le deuxième tableau contient moins de pays (faute de données disponibles), il est tout de même possible de faire des comparaisons.
Les pays qui dépensent le plus par élève/étudiant ne sont pas ceux qui sont en tête du classement PISA. Le Luxembourg qui dépense 22 430 $/tête est 33ème du classement PISA ; les États-Unis qui dépensent 16 500 $/tête sont classés 25ème ; la Norvège avec 15 700 $/tête est 24ème ; l’Autriche (15 000 $/tête) est 26ème, etc.
A l’inverse, les pays en haut du classement PISA ne sont pas ceux qui dépensent le plus : le Japon, deuxième du classement ne dépense que 12 120 $/tête ; l’Estonie, troisième avec 8 100 $/tête ; la Finlande, cinquième avec 11 500 $/tête ; la Corée, 11ème avec 11 100 $/tête.
La France est juste au-dessus de la moyenne avec un peu plus de 11 000 $ dépensés par élève/étudiant.
Bill Bonner a donc raison de s’effrayer devant les demandes d’augmentation des dépenses étatiques en faveur de l’enseignement. Elles ne servent pas à grand-chose.
Les dépenses privées semblent avoir un meilleur rendement
Il est frappant de rapprocher les études de l’OCDE avec celle de la banque HSBC intitulée The Value of Education, et plus précisément avec un indicateur qui porte sur les efforts supplémentaires que font les parents pour l’éducation de leurs enfants. Selon HSBC, plus des deux tiers des parents paient pour des cours particuliers ou l’ont déjà fait dans le passé.
On remarquera que les pays asiatiques sont nombreux dans le haut du tableau, et l’on fera un rapprochement avec le classement PISA qui place parmi les pays les mieux classés Singapour, Taiwan et la Chine. Des pays où les dépenses supplémentaires des ménages pour l’enseignement sont très répandues.
Quelles conclusions tirer de tous ces chiffres ? Ces études, malheureusement, ne portent pas toutes sur les mêmes pays et les comparaisons que nous pouvons faire ne sont pas optimales.
La course aux diplômes et aux dépenses
Comme nous l’avons vu, les pays qui dépensent le plus pour l’enseignement ne sont pas ceux qui ont le meilleur classement PISA. C’est même souvent l’inverse qui est vrai.
Augmenter les dépenses publiques en faveur de l’enseignement revient donc à jeter l’argent par les fenêtres.
Nous avons également remarqué que certains des pays les mieux placés dans le classement PISA sont aussi ceux dans lesquels les parents offrent à leurs enfants des cours particuliers.
La France occupe une place moyenne – pour ne pas dire médiocre – dans chacun des trois tableaux.
Mais cette course aux diplômes – et aux dépenses – a-t-elle un sens ? Bryan Caplan, un économiste à George Mason University, montre dans son dernier livre que l’argent public en matière d’éducation est gaspillé. Dans The Case Against Education, Caplan explique que la détention d’un diplôme est avant tout un signal pour de futurs recruteurs. Ceux-ci savent alors que l’individu diplômé est intelligent, travailleur, résistant au stress, etc.
Mais si tout le monde se met à être diplômé, le signal ne fonctionne plus, écrit Caplan. C’est d’ailleurs ce qui se passe en France avec le baccalauréat. En décrétant que tout le monde serait bachelier, les responsables politiques ont dévalorisé le diplôme. Aujourd’hui, il est nécessaire d’obtenir la mention « très bien » pour avoir quelque crédit.
Pour attirer l’attention, il faut donc toujours être plus diplômé. Par exemple, en allant suivre un cursus à l’étranger et si possible dans un établissement prestigieux… et donc coûteux.
Les études s’allongent, coûtent cher et, pendant ce temps-là, nombre d’emplois manuels, pourtant correctement rémunérés, ne sont pas pourvus.
Et vous, que voulez-vous pour vos enfants ? Prenez le temps de réfléchir à la question. Si vous pensez que seul le diplôme pourra les aider dans leur vie professionnelle, préparez-vous à faire face à des dépenses importantes, et en augmentation continue. Peut-être faudra-t-il que, très tôt, vous financiez des cours particuliers pour parer aux carences de l’Éducation nationale.
1 commentaire
Ma fille est enseignante… l’éducation nationale n’est pas la seule responsable, certes, elle ne donne pas les moyens nécessaires mais le comportement éducatif des parents participe pour beaucoup à la décadence du niveau scolaire. Si les parents prenaient le temps d’enseigner à leurs enfants le savoir être, le savoir vivre et ne venaient pas mettre sous le nez de l’institutrice que la loi a interdit de faire travailler les enfants le soir à la maison, peut-être le niveau serait-il meilleur, car l’enseignante n’aurait pas à prendre sur le temps journalier pour faire réviser et apprendre les leçons. Pour rappel, des devoirs du soir ont toujours existé jusqu’à aujourd’hui. En y réfléchissant, je pense que la qualité de l’enseignement tire vers le bas car personne ne se sent concerner (parents et ministre). Dommage, une future génération de crétins est en formation…