▪ Nous sommes passé à la télévision la semaine dernière. La chaîne CNBC nous avait invité dans leurs studios parisiens.
Nous étions seul dans une pièce, équipé d’une oreillette, un écran de télévision devant nous. Nous nous sommes demandé ce qu’ils voulaient nous demander.
Une fois la question posée, nous sommes resté perplexe. Nous n’étions pas préparé à une telle quantité de suppositions floues dans une seule interrogation :
« L’économie mondiale n’est-elle pas extrêmement fragile en ce moment ? », nous a demandé une journaliste. « Les banques centrales ne doivent-elles pas gérer le problème qui se trouve devant elles maintenant — pour ensuite, une fois que l’économie est plus stable, prêter attention aux sujets plus fondamentaux ? »
Cette question part du principe que 1) l’économie mondiale est censée faire quelque chose qu’elle ne fait pas… 2) les banques centrales peuvent lui faire faire ce qu’elles veulent… et 3) ensuite, elles pourront lui faire faire autre chose (en « prêtant attention aux sujets plus fondamentaux »).
Le problème, c’est que chacun de ces présupposés est faux… insensé… ou pur fantasme.
Comment les banques centrales savent-elles ce que l’économie devrait être en train de faire ? Elles l’ignorent, bien entendu. Elles savent seulement ce qu’elles veulent que l’économie fasse. Dans le cas présent, les autorités veulent des taux de croissance plus rapides. Comment faire ? La question présuppose que les dirigeants peuvent utiliser des « mesures de relance » pour la faire accélérer.
Que sont exactement ces mesures ?
▪ La Bible s’en mêle
Nous avons rappelé à la journaliste que l’idée originelle du plan de relance provient de la Bible. Pharaon avait eu un rêve. Sept vaches grasses étaient dévorées par sept vaches maigres. Joseph lui conseilla de mettre en place une politique économique contre-cyclique. Pharaon mettrait de côté du grain durant les années grasses… et le distribuerait durant les années maigres. Ce qui se révéla être une bonne idée.
Mais les banques centrales et les gouvernements n’économisent jamais de grain. Vaches grasses… vaches maigres… ils dépensent, dépensent, dépensent. Quand viennent les années de disette, ils vont faire un tour dans les réserves — et il n’y a rien. Ils n’ont rien pour la relance.
Alors de quelle « relance » parlaient nos interlocuteurs ? Du crédit ! Et de l’argent issu de la planche à billets !
C’est comme si Pharaon n’avait pas mis de grain de côté. Au lieu de ça, durant les années maigres, il aurait emprunté les plants que les fermiers réservaient pour les semailles. Cela aurait donné quelque nourriture au peuple… mais une fois le printemps venu, ils n’auraient pas eu la moindre graine à planter… et rien à récolter.
De la même manière, les autorités empruntent de l’argent… le prenant aux investisseurs privés et privant ainsi l’économie de l’épargne dont elle a besoin pour créer des emplois et des usines. Ou, allant encore plus loin, elles impriment simplement de l’argent supplémentaire.
Imaginez Pharaon faisant la même chose — mettant de la sciure dans les réserves et faisant semblant que c’est du blé ! Merci beaucoup !
« Eh bien, nous voilà certainement partis dans les allusions chrétiennes », a dit l’une des journalistes. Nous avons cru détecter un soupçon d’ironie dans sa voix. Comme s’il n’y avait rien dans la Bible qui vaille la peine d’être appris… rien que des économistes modernes et éclairés ne sachent déjà.
« Ce ne sont pas du tout des allusions chrétiennes », avons-nous pensé en notre for intérieur. « Ce sont des allusions juives. Le Christ est né des milliers d’années plus tard ».
Mais nous avons tenu notre langue. Inutile de semer la confusion dans l’esprit de cette gentille jeune femme.
▪ Falaise et toboggan
Ensuite, ils nous ont posé des questions sur la « falaise fiscale ». A coup sûr, on fera quelque chose pour éviter la catastrophe, n’est-ce pas ?
La falaise fiscale est un faux problème, avons-nous expliqué. Elle se révélera être plutôt un « toboggan fiscal », avons-nous continué. « Ce sera amusant pendant un temps… et nous finirons tous trempés comme des soupes ».
Peu importe qui remporte les élections présidentielles. Ce dont l’économie a besoin, c’est d’une vraie relance, pas des relances factices offertes par Obama et Romney. Pas ces maigres réductions de dépenses. Pas ces timides augmentations d’impôts.
Il est plus probable que la falaise fiscale finira en « réductions » très modestes et en augmentations d’impôts tout aussi modestes. L’effet net sera de zéro dans la mesure où les autorités donneront et reprendront, probablement en quantités égales.
Une vraie relance signifie que les autorités doivent cesser de s’arroger une si grande part des ressources du pays… et arrêter de les rediriger vers les secteurs improductifs. Une vraie relance, ça signifie une réduction massive des dépenses gouvernementales. Moins de renflouages… de subventions… et d’allocations. Les zombies ne vont pas aimer.
Une vraie relance signifie plus d’argent et plus de ressources entre les mains du secteur productif, là où ils peuvent être investis dans de nouvelles industries productives.
Une vraie relance signifie plus d’argent pour l’avenir… et moins pour le passé.