▪ Il y a quelques temps, nos collègues américains Eric Fry et Addison Wiggin réexaminaient les principes du « portefeuille permanent » inventé par Harry Browne.
Nous avions invité nos lecteurs à nous faire part de leurs idées sur la question — après vos réactions ici en France, voici les réponses des lecteurs de la version américaine de la Chronique Agora, telles que compilées par Eric Fry :
« Nous avons invité nos lecteurs à se poser les questions suivantes », rappelle Eric : « 1. L’allocation originelle d’Harry Browne est-elle toujours idéale au vu de l’environnement macro-économique actuel ? 2. Si non, comment réviseriez-vous son allocation pour les 30 années à venir ? »
Les suggestions des lecteurs américains ont été nombreuses et fort intéressantes, confie Eric… même si elles ne rentraient pas toujours dans le cadre de l’exercice.
« Plusieurs lecteurs ont eu du mal à se conformer aux règles du projet. Par exemple, certains n’ont pas pu s’empêcher de recommander des entreprises spécifiques ; d’autres ont affirmé que certaines des meilleures allocations du portefeuille permanent ne sont pas cotées. Un lecteur a par exemple suggéré d’acheter des pâturages ; un autre proposait d’acheter une maison. Un troisième a nommé la potasse comme l’une de ses allocations. Ces lecteurs qui ont ‘dépassé les limites’ ont toute notre sympathie. Les marchés financiers n’ont pas le monopole des opportunités d’investissement prometteuses. Nous sommes également d’accord avec ceux de nos lecteurs qui ne pouvaient pas supporter l’idée d’acheter des bons du Trésor US comme allocation ‘sans risque’. »
« ‘La formule de M. Browne était basée sur l’idée d’un gouvernement juste et fonctionnel, non sur une entreprise criminelle’, écrit un lecteur appelé Kent. ‘Je parie qu’il éliminerait la plupart des obligations souveraines, puisqu’aujourd’hui elles ne sont plus guère que de la contrefaçon, et qu’il les remplacerait par de l’alimentation, des munitions ou du carburant’. »
« Un lecteur de Buenos Aires (non, pas Joel Bowman), avait une remarque du même genre. Il souligne que le fonds du portefeuille permanent (PRPFX) détenait une position conséquente en bons du Trésor américains et suisses. ‘[Cette allocation] a été excellente jusqu’à présent dans cette hyper-bulle obligataire. Mais sera-t-elle à l’épreuve du temps ?… J’ai observé les performances du portefeuille permanent sur ce siècle : il rapporte environ 130%… Cependant, si l’on observe sa performance entre 1996 et 2002, elle est assez décevante. Il évolue comme un bouchon à la surface de l’eau, rebondissant simplement sur les vagues. Il a vraiment décollé en 2002, quand Greenspan a allumé la mèche de la bulle obligataire. Que se passera-t-il quand cette dernière éclatera ? »
▪ « Sans surprise, la plupart de ceux qui s’écartent des bons du Trésor apprécient les actifs tangibles ».
« ‘Il y avait peut-être une époque où l’idée d’un portefeuille permanent fonctionnait’, écrit un lecteur appelé Ken, ‘mais je pense que ce temps est passé ; c’est pourquoi nous évitons la plupart des obligations et achetons de l’or et de l’argent-métal’. »
« Un lecteur appelé Carl est du même avis. ‘Je ne crois pas à un portefeuille ‘permanent’, écrit-il, ‘parce que les choses fonctionnent en cycles, comme vous le savez sûrement… Nous avons la soixantaine, et nous avons l’intention de rester prudents, en continuant simplement à acheter de l’argent-métal physique tous les mois. Nous avons vu plus d’une de nos actions revenir à zéro, mais nous savons que l’or et l’argent, surtout de nos jours, n’approcheront jamais de ce point… Mundus vult decipi, ergo decipiatur‘. (‘Le monde veut être trompé — qu’il le soit donc’) »
« Les actifs tangibles n’étaient pas les seuls favoris, cependant. De nombreux lecteurs ont suggéré d’investir dans la pierre-papier et d’autres types de titres rapportant des dividendes élevés. Les actions biotech semblaient également faire partie des favoris ».
Des deux côtés de l’Atlantique, or, biotech et immobilier semblent être des refuges naturels en temps de crise : du tangible ou de l’innovant !
▪ Il ne me reste plus qu’à terminer sur deux petits points plus administratifs, cher lecteur : le premier concerne votre Chronique, qui, exceptionnellement, « fait le pont ». Il n’y aura pas d’édition lundi et mardi — nous reprendrons un cours normal à partir du 2 mai.
Le deuxième vous concerne, vous : j’espère que vous avez déjà réservé votre place pour la conférence Votre patrimoine, protection et rendement, que nous organisons le 22 juin prochain. Le programme complet est désormais en place… et cette journée s’annonce exceptionnellement dense.
Ne la manquez surtout pas : contrairement à certaines de nos précédentes conférences, il n’y aura pas d’enregistrement sur place, et donc pas de DVD. La journée restera unique… et il n’y a que 350 places. Réservez la vôtre sans attendre !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora