Le système n’a qu’une fonction, un seul horizon : survivre, se reproduire – et pour cela, il utilise les hommes qui le composent… même à leur insu.
Ce ne sera plus jamais comme avant !
Combien de fois n’entend-on pas répéter cette affirmation. C’est une affirmation d’évidence, ce n’est ni une analyse ni une prévision.
L’expérience contredit cette croyance au changement. Il suffit de se référer à ce qui s’est passé en 2008 : non seulement rien n’a changé au niveau de ce que le public perçoit, mais toutes les erreurs ont été reproduites au centuple.
C’est parce que les choses sont surdéterminées par les situations réelles, matérielles, structurelles – et non par la volonté et encore moins par les discours des hommes.
La situation du système dicte les choix et les impose à l’insu même des volontés et des consciences, les choses paraissent couler de source. Emmanuel Macron n’existe pas, c’est un ectoplasme qui n’incarne que la tentative narcissique du fils qui essaie de sauver le système du père idéal qu’il n’a pas eu : Rothschild.
Agir ?
Vous connaissez ma thèse de travail : les hommes sont agis, ils n’agissent pas. Ils sont agis par les forces matérielles qui travaillent le système, comme ils sont agis par leur inconscient – mais le discours qu’ils tiennent sur le monde est un discours d’impuissance et de jouissance, pas un discours d’action, encore moins de praxis.
Les hommes, même et surtout ceux qui croient le diriger, sont des tenants-lieux, des gestionnaires, des grands prêtres d’un système qui leur échappe. Ici, j’insiste, ils sont les gestionnaires d’un système capitaliste devenu pervers, d’un système qui s’entropise, perverti par la dette et la fausse monnaie. Tout le reste est du baratin.
Lors de la crise de surendettement, on a paré au plus pressé ; on a augmenté la masse de dettes et c’est tout. On a fait « plus » de tout ce qui avait conduit à la crise.
On n’a pas eu le choix. Il aurait fallu une intelligence supérieure, quasi divine pour proposer un autre choix – celui de la destruction de toutes les fausses valeurs !
C’est le système qui commande
Ce choix n’a bien sûr pas été fait. Au contraire, on s’est enfoncé dans le choix faustien de l’empereur, la disjonction des signes et du réel, dans la séparation de l’âme et du corps et dans le creusement du trou qui va nous engloutir.
Comme on dit, pour manger avec le diable, avec Méphisto, il faut une grande, une très grande cuiller.
On a tenté quelques réformes proposées par des gens du passé comme Paul Volcker, et on s’est aperçu que l’on ne pouvait pas faire grand-chose. Ces derniers jours, on a même annulé les réformes post-2010.
C’est le système qui commande, avec sa tyrannie du fétiche de la monnaie, sa dictature de la dette, sa logique interne, non-sue, cachée et même mystifiante.
Prêt à tout
Jamais le système ne se donne pour ce qu’il est ; il est comme le diable, il prend des apparences trompeuses. Par exemple, il se donne pour libéral ! Il laisse aux hommes l’illusion de le commander – ils se croient Prométhée, les pôvres !
Le système pourtant évolue pour se survivre et tenter de se reproduire, c’est une vraie évidence. Par exemple, la globalisation régresse, le frottement dans les échanges mondiaux est de plus en plus sensible. Certains pays se protègent, on commence à revenir en arrière sur la libre circulation des capitaux. Bientôt, on va faire semblant de réduire les inégalités car le besoin s’en fait sentir au niveau de la cohésion sociale.
Le système, ne l’oubliez jamais, est prêt à tout pour survivre. Il est prêt à tout, y compris à se contredire pour survivre et se reproduire à l’essentiel : l’essentiel c’est maintenir son ordre, sa structure de pouvoir et son lien avec le capital, avec l’accumulation.
Tout le reste est « négociable ». Le système pour sauver son élite est même prêt à donner des otages et de plus en plus d’otages, des fusibles, comme les classes moyennes par exemple.
Il y a de vraies tendances lourdes de long terme, et elles vont continuer leur concrétisation ; tout ce qui est en germe va advenir. En particulier, la montée de l’étatisme et la régression de la fonction d’allocation des marchés, des libertés individuelles, de la liberté de penser et de s’auto-déterminer…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]