Des chiffres trafiqués, des dépenses publiques qui détruisent plus de richesse qu’elles n’en créent… et un PIB qui grimpe, pendant que le pouvoir d’achat américain s’effrite.
Voici les dernières nouvelles rapportées par Bloomberg :
« Les dirigeants républicains de la Chambre des représentants ont redoublé d’efforts pour rallier les dernières voix nécessaires à l’adoption du vaste plan fiscal et budgétaire de Donald Trump, laissant un vote décisif en suspens pendant des heures. Le président et son équipe se sont efforcés de les convaincre, tout en exprimant leur confiance dans le fait que la législation finirait par être adoptée. »
Ils comptent chaque vote avec précaution. Il leur faut atteindre le seuil exact pour faire passer leur grande et belle abomination budgétaire. Mais de quel chiffre parle-t-on ? A la Chambre, le nombre de voix requises est précis, limité et vérifiable — tout comme le nombre de doigts de votre main… ou le solde de votre compte en banque.
Si vous affirmez avoir cinq doigts, vous pouvez lever la main pour le prouver. Vous pouvez les compter un à un : il y en aura cinq. Ni quatre, ni trois, ni 5,2 – pas « à peu près » cinq, ni une moyenne de cinq.
Dans notre monde moderne, les vrais chiffres, clairs et précis, sont vitaux. Si un train part à 15h15, arriver à la gare à 16h ne sert à rien. Si la balance affiche cinq kilos de plus, inutile de célébrer une perte de poids. Et si vous avez dégoupillé une grenade depuis trois secondes, il est grand temps de la lancer.
Ces chiffres bien réels sont le langage sacré d’une économie « gagnant-gagnant ». Ils nous permettent de tout quantifier, mesurer et comparer – du temps qu’il nous reste au prix des tomates. Mais, entre les mains de politiciens et de statisticiens, ils deviennent aussitôt aussi mal adaptés qu’un tube de colle de maquette entre les doigts d’un adolescent. Eux ont besoin d’autres chiffres… des chiffres élastiques, malléables, qui s’étirent, se plient, hésitent, jonglent, tergiversent et finissent toujours par dire ce qu’on veut leur faire dire.
Ils veulent des chiffres qui font semblant, des chiffres qui crient des mensonges, pas ceux qui vous disent calmement la vérité.
Les chiffres qui servent à définir les politiques fédérales – chômage, PIB, inflation, etc. – n’ont rien à voir avec ceux qu’utilisent les ingénieurs aérospatiaux ou les employés de café. Les avions volent, les ponts tiennent debout, l’eau bout à 212 °F. Mais les programmes et propositions du gouvernement fédéral, truffés de chiffres trafiqués et de décimales enjolivées, atteignent rarement leurs objectifs affichés.
Des chiffres faux engendrent une économie factice, des politiques frauduleuses et la poursuite d’un mirage.
Du moins, c’est notre hypothèse. Et notre mission, aujourd’hui, est de prendre la défense des vrais chiffres – car, après tout, ils n’y sont pour rien ! Ce sont les autorités fédérales qu’il faudrait interdire d’y toucher.
Prenons un exemple : les deux partis politiques promettent désormais la « croissance ». Et tous deux comptent y parvenir exactement de la même manière.
Premièrement, dépenser toujours plus. Deuxièmement, bricoler la réglementation pour « simplifier » les choses. Troisièmement, abaisser les taux d’intérêt et réduire les impôts.
Les républicains ont adopté le credo de la croissance par l’offre dans les années 1980. Puis Donald Trump a tenté de ressusciter la magie du Morning in America de Reagan avec son propre plan de relance axé sur l’offre – une vaste réduction d’impôts. Mais depuis les années 80, les taux de croissance ont globalement décliné. Le premier mandat de Donald Trump, par exemple, a affiché les taux de croissance les plus faibles depuis la Grande Dépression.
Que signifient vraiment ces chiffres ? Nous y reviendrons.
Ni la réduction de la bureaucratie ni les baisses d’impôts n’ont permis de doper significativement la croissance. Les baisses d’impôts décidées sous Trump doivent théoriquement expirer cette année, mais elles sont prolongées, pour continuer à « stimuler » la « croissance » du PIB.
Contrairement à un 5 ou un 7 gravé dans le marbre, les chiffres de la croissance fédérale sont visqueux, glissants et sournois. Comme dans un nid de vipères, on ne sait jamais vraiment où commence une idée fausse et où s’arrête une autre… chacune d’elles risquant de mordre au passage.
Le PIB mesure l’activité, pas l’amélioration, ni le progrès, ni l’accroissement réel de la richesse. Les dépenses publiques (Etats et collectivités locales inclus) représentent environ 30 % du PIB. Or, comme nous l’avons vu hier, toute activité entreprise par l’Etat est susceptible de retirer de la richesse plutôt que d’en créer. Pour qu’un produit ou un service augmente véritablement la richesse, il doit être quelque chose que des consommateurs choisissent librement d’acheter (ce que les autorités fédérales ignorent superbement), et sa valeur finale doit dépasser celle des ressources consommées pour le produire (ce que les autorités fédérales ne savent tout simplement pas faire).
Les dépenses militaires, par exemple, peuvent parfois être justifiées. Mais quand aucun adversaire crédible ne menace réellement le pays, quelle est la valeur de ces milliards engloutis ? Si la concurrence était permise, un entrepreneur ingénieux comme Elon Musk proposerait sans doute une version plus efficace de la défense nationale pour une fraction du coût. En laissant les citoyens « voter avec leur portefeuille », on obtiendrait un chiffre réel, clair, net. Pour l’instant, tout cela reste du domaine de la devinette.
Comme nous l’avons vu en Californie, les autorités fédérales n’ont ni la discipline ni la motivation nécessaires pour réduire les coûts. Amtrak, les logements sociaux, la défense – quel que soit le « bien » qu’ils offrent, il est fort probable qu’il sera largement surévalué et produit à perte. Cela conduira à la pénurie, et non à l’abondance… tout sauf le MAGA promis.
Et pourtant, tout cela se retrouve dans le PIB – tous ces chiffres étranges et gonflés.
Restez à l’écoute, nous verrons bientôt comment le grand et abominable projet de loi de Trump fera, lui aussi, grimper le PIB et appauvrira les Américains.
1 commentaire
La question à se poser n’est pas « comment faire croître le PIB ? » mais « POURQUOI faire croître le PIB ? »
D’une façon générale sacraliser les productions humaines qu’elle soient matérielles ou imaginaires est une idolâtrie ou religion et débouche sur l’aliénation individuelle.