▪ En 2013, la production de pétrole américaine s’est élevée en moyenne à 7,5 millions de barils par jour. En 2012, l’augmentation de la production a été la plus forte jamais enregistrée aux Etats-Unis. En effet, il s’agit de la quatrième plus forte hausse annuelle jamais enregistrée par un pays… l’Arabie Saoudite détenant les trois premières places du classement.
Et ce n’est pas fini. 1970 fut l’année record pour la production de brut aux Etats-Unis — un peu moins de 10 millions de barils par jour. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, le département de l’Energie américain prévoit que le pays atteindra à nouveau ce chiffre en 2019.
En 2005 — il y a seulement neuf ans — les Etats-Unis importaient 60% de leurs besoins en pétrole. En 2012, ce chiffre avait chuté à 40%. Sur le graphique ci-dessous, on peut voir que le pourcentage ne va cesser de diminuer au cours du prochain quart de siècle.
Au moment où j’écris ces lignes, un baril de pétrole est à 100 $, à prendre ou à laisser. Par conséquent, chaque million de barils par jour de nouvel approvisionnement local signifie 100 millions de dollars en moins de pétrole importé chaque année. Des coûts d’importation moindres, un déficit commercial plus faible, moins de dollars qui sortent du pays — excellentes nouvelles pour le dollar, non ? Tout est pour le mieux, n’est-ce pas ?
Aujourd’hui toute la structure qui a soutenu le système financier mondial pendant 40 ans commence à craquer. |
Oui… sauf qu’aujourd’hui toute la structure qui a soutenu le système financier mondial pendant 40 ans commence à craquer.
▪ Depuis 1974, le monde marche aux « pétrodollars »
Le pétrodollar est né des cendres du système de Bretton Woods après que le président Nixon a coupé le dernier lien du dollar à l’or en 1971.
Dans l’immédiat après-guerre, Bretton Woods a fait du dollar la réserve de monnaie mondiale — la monnaie de référence pour les transactions transfrontières. Pour un gouvernement étranger comme pour une banque centrale, le dollar valait tout autant que l’or — pour chaque 35 $ qu’on rendait au Trésor américain, on recevait une once d’or.
Vous connaissez le reste de l’histoire : les étrangers reconnaissaient que Washington imprimaient trop de dollars, les Français voulaient plus d’or que Washington ne souhaitait en laisser et Nixon a « fermé la fenêtre de l’or ». Mais sans or, qu’est-ce qui continuerait à ancrer la position du dollar comme monnaie de réserve mondiale ?
Après le choc pétrolier de 1973–1974, au cours duquel le baril de pétrole est passé de 3 $ à 12 $, le secrétaire d’Etat de Nixon, Henry Kissinger, eut une idée et réussit à la vendre à la famille royale d’Arabie Saoudite.
L’accord était le suivant : l’Arabie Saoudite fixerait le prix du pétrole en dollars américains et userait de son influence pour obtenir des autres pays membres de l’OPEP qu’ils fassent de même. En échange, le gouvernement américain promettait de protéger l’Arabie Saoudite et ses alliés contre les envahisseurs étrangers et les révoltes intérieures.
La Maison des Saoud fut de toute évidence séduite par la proposition — le poids de l’armée américaine préservera ainsi aux 7 000 princes de la famille un style de vie auquel ils ne pourront plus renoncer.
Quiconque voulait acheter de l’or avait à présent besoin de dollars |
Pour Washington, l’intérêt d’un tel accord était plus subtil — mais non moins important. Quiconque voulait acheter de l’or avait à présent besoin de dollars pour le faire. Cela signifiait une demande perpétuelle de dollars et un cycle du style :
– Les dollars utilisés pour acheter du pétrole sont déposés dans le système bancaire pour soutenir les prêts internationaux par les grandes banques.
– Ces prêts soutiennent l’achat de marchandises américaines — tout, des avions Boeing au maïs Archer Daniels Midland. Oh, et la dette du Trésor américain aussi. Il ne faut pas l’oublier.
« Cela a donné au dollar une position spéciale parmi les autres monnaies et a essentiellement ‘adossé’ le dollar au pétrole », a expliqué le républicain Ron Paul lors d’un discours visionnaire devant la Chambre des Représentants en 2006. « Cet accord a donné au dollar une force artificielle, avec d’énormes bénéfices financiers pour les Etats-Unis. Cela nous a permis d’exporter notre inflation monétaire en achetant du pétrole et d’autres marchandises pour beaucoup moins cher à mesure que l’influence du dollar grandissait ».
Puis il prédit : « on ne peut abroger la loi économique selon laquelle un commerce honnête ne se fait qu’avec des valeurs réelles comme monnaie d’échange. Le chaos auquel aboutira une expérience de trente-cinq années de fabrication d’une monnaie fiduciaire mondiale exigera que l’on retourne à une monnaie à valeur réelle. Nous saurons que ce jour est proche lorsque les pays producteurs de pétrole exigeront de l’or ou son équivalent en lieu et place des dollars ou des euros ».
Aussi étrange que cela puisse paraître… le grand boom énergétique américain ne fait qu’accélérer la venue de ce jour.
Nous y reviendrons.