Le « nouveau dollar » permet des acrobaties monétaires et boursières sans précédent – mais il est voué à perdre toute sa valeur à terme.
La partie est truquée.
Le président Trump s’est entouré d’aigrefins, de brasseurs d’argent et d’opportunistes – Rudy Giuliani, Peter Navarro, Wilbur Ross et tous les autres. Tôt ou tard, l’un d’entre eux allait s’en apercevoir.
Les tweets de Trump font régulièrement évoluer les marchés des centaines de points dans une direction ou une autre : il devait bien y avoir un moyen d’en profiter.
De la simple chance ?
Vanity Fair rapporte qu’un trader anonyme a soit eu beaucoup de chance… soit était dans les petits papiers du président américain. Selon le magazine, le 10 septembre dernier…
« […] Au cours des 10 dernières minutes de cotation, quelqu’un a acheté 82 000 contrats e-minis sur le S&P alors que l’indice était à 2 969. A Beijing, il était alors près de 4h du matin du 11 septembre : quelques heures plus tard, le gouvernement chinois annonçait la levée des taxes douanières sur une gamme de produits fabriqués aux Etats-Unis. Les marchés boursiers ont réagi comme ils l’ont toujours fait depuis que la guerre commerciale avec la Chine se poursuit sans logique perceptible : lorsque des nouvelles d’une potentielle résolution semblent positives, les marchés grimpent, et lorsque les nouvelles sur la guerre commerciale semblent négatives, ils baissent.
Cette nouvelle a été considérée comme positive. L’indice S&P a rapidement grimpé jusqu’à 2 996 le 11 septembre, soit une hausse de près de 30 points. Ce même jour, le président Donald Trump annonçait le report des taxes douanières sur certaines marchandises chinoises, et le S&P est passé à 3 016, soit une hausse de 47 points depuis que le veinard avait acheté les 82 000 e-minis juste avant la clôture le 10 septembre. Puisqu’un mouvement d’un point, à la hausse ou à la baisse, sur un contrat e-mini vaut 50 $, un mouvement de 47 points en une journée valait 2 350 $ par contrat. Si vous étiez l’heureux acheteur de ces 82 000 contrats e-minis, eh bien, vous vous retrouviez avec un profit de quelque 190 millions de dollars en un jour. »
Ce n’était rien du tout. En seulement deux trades – chacun précédant les tweets présidentiels concernant la guerre commerciale avec la Chine (dont au moins un était mensonger) – quelqu’un a engrangé un profit potentiel de 3,3 Mds$.
Les montants sont vertigineux. Le processus, lui, est ancien et familier. A mesure que les autorités interfèrent avec les marchés, les occasions de corruption se multiplient.
Anticiper les manœuvres la Fed
M. Trump lui-même n’est pas étranger à la manipulation de marchés. Le New York Times affirme qu’il a utilisé cette technique dans les années 90 pour secourir sa fortune. Il achetait les actions d’entreprises cibles, faisait savoir partout qu’il allait les reprendre, puis revendait lors de la hausse qui s’ensuivait.
Les exemples ci-dessus ne sont que des incidents isolés. Les vraies fortunes – surtout ces 10 dernières années – se sont faites en anticipant systématiquement les actions de la Réserve fédérale.
Les universitaires naïfs en charge de la Fed ont décidé qu’ils devaient être « transparents », qu’ils devaient signaler leurs intentions bien avant d’agir. Cela permettait aux traders d’acheter des actions et des obligations (en prenant des positions financées par les prêt de court terme ultra-bon marché de la Fed), confiants dans le fait que la banque centrale ferait grimper encore plus les prix ensuite.
Ils n’ont pas été déçus. La Fed a injecté tant de nouvelle monnaie dans le système qu’elle a faussé toute la structure du capital – faisant grimper à la fois les actions et la dette. Les spéculateurs ont gagné des milliards. Les détenteurs d’actifs ont enregistré jusqu’à 35 000 Mds$ de richesse non méritée.
Tout cela nous a encouragé à nous demander si nous ne ferions pas nous aussi un peu d’anticipation…
Poussière d’étoiles
Est-ce que nous savons ce que les autorités vont faire ? Oui, c’est presque garanti. Partout dans le monde, les officiels, décideurs, économistes benêts et Prix Nobel cinglés ont tous la même idée. Julia Coronado, ancienne de la Fed et fondatrice du cabinet de consultants MacroPolicy Perspectives, l’a expliqué à Reuters :
« La dette US par rapport à la taille de l’économie ‘grimpe quoi qu’il arrive […] On peut voir, politiquement, que cela va se produire’, a-t-elle déclaré, sans sérieux partisans, dans aucun des grands partis politiques, d’un contrôle agressif des dépenses à court terme. Lorsque les Etats-Unis ont constaté que leur note de crédit immaculée avait été rétrogradée lors d’une impasse politique sur le plafond de la dette en 2011, et que les taux d’intérêt ont baissé quand même, ‘des ampoules se sont allumées dans le cerveau de certains politiciens […] C’est comme de l’argent magique’. »
La semaine dernière, la Fed a injecté plus de 80 Mds$ d’argent magique. La Chine a fait de même. Lorsque la prochaine crise se produira, la poussière d’étoiles sera si épaisse que vous aurez du mal à distinguer vos mains à travers le brouillard.
Savons-nous quels en seront les effets ? Pas précisément. Mais à moins que les lois de l’univers aient été annulées, les autorités continueront d’ajouter plus de nouvel argent. Et tôt ou tard, les prix grimperont.
On peut voir aujourd’hui ce qu’ils ont fait au secteur financier. En 1971, le Dow était à 880 environ – en anciens dollars US, liés à l’or au prix fixe de 35 $ l’once. A l’époque, il fallait 25 onces d’or pour acheter le Dow.
Ensuite, ils ont changé le système monétaire, brisant le lien avec l’or de façon à pouvoir émettre plus de dollars.
Ces jours-ci, en nouveaux dollars, le Dow est à 27 000 points. L’or cote environ 1 500 $ l’once. Il faudrait donc 18 onces d’or pour acheter les actions du Dow.
En d’autres termes, en anciens dollars – à 35 $ par once d’or –, nous voyons que le Dow a en fait perdu de la valeur pendant près d’un demi-siècle. Il n’est plus qu’à 630 – 18 onces d’or –en anciens dollars.
Attendez… qui a des anciens dollars ? Comment obtenir des billets verts pré-1971 ?
Heureusement, vous n’en avez pas besoin. Rappelez-vous que ce qui maintenait l’intégrité de l’ancien dollar, c’était son lien avec l’or au taux fixe de 35 $ l’once. Ainsi, si vous possédez une once d’or, vous avez l’équivalent de 35 anciens dollars.
Un parti sûr
Alors que faire ? Comme nous le disions hier, n’est-ce pas évident ?
La partie est truquée. Notre collègue Tom Dyson nous a déjà montré comment en tirer parti.
Nous ne savons pas ce qui va arriver en Syrie ou en Iran. Nous ne savons pas comment va se terminer la guerre commerciale Etats-Unis/Chine. Nous ne savons pas qui va gagner la prochaine élection… ou quelle nouvelle technologie changera nos vies pour toujours.
En revanche, nous savons ceci : le nouveau dollar US post-1971 a perdu 97% de sa valeur par rapport à l’ancien dollar.
Et le pari le plus sûr du moment, c’est qu’à un moment ou à un autre dans les années qui viennent, il perdra la majeure partie de la valeur qui lui reste.
1 commentaire
Bonjour,
Merci pour vos analyses.
Toutefois, pourrait-on raisonner avec un lingot en comparant l’or en EUR (même si la devise est moins internationale, elle est tout de même 2ème en rang) avec l’eurostoxx ?
De même en choisissant une période de 5 ans, on élimine le « trou d’air » d’avant 2014. Et là les conclusions sont +/-15% en défaveur de l’or.
En conclusion: il faut la plus internationale des monnaies et la plus longue des périodes. En attendant l’once d’or européen…