Oxfam suscite l’indignation en publiant ses statistiques sur les riches. La Banque mondiale n’émeut personne en publiant ses statistiques sur les pauvres.
Peut-être que le professeur Gerald Crabtree a raison.
Peut-être que, comme le soutient ce généticien, l’intelligence humaine a culminé à l’époque de la sagesse grecque et que depuis nous régressons. La sagesse grecque entendait s’appuyer sur un « savoir raisonné », loin des émotions.
Aujourd’hui, nous sommes submergés d’informations qui prétendent être des faits. Comment se fait-il qu’en les interprétant on puisse en tirer des opinions si différentes et susciter des émotions diamétralement opposées ?
Aujourd’hui, l’ONG Oxfam publie des statistiques sur ce que peut acheter l’argent des ultra-riches.
C’est désormais un rituel. Au moment où la Parasitocratie jette quelque cachemires et zibelines dans des valises logotées pour se rendre dans une des plus élégantes stations de ski helvétiques dans un gros sillage carbone de jets privés, afin d’y exposer ses vues sur la marche du monde — juste avant le forum économique mondial de Davos, donc –, Oxfam publie ses statistiques sur les inégalités.
Cette année, horreur et abomination, 26 milliardaires ont autant d’argent que la moitié de l’humanité.
« Le budget santé de l’Ethiopie correspond à 1% de la fortune de Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde ».
26 milliardaires contre 3,8 milliards de gueux ! Un milliardaire contre 81 millions d’Ethiopiens !
« Qu’on les dépouille (les milliardaires, pas les gueux) ! » s’indigne le public ni pauvre ni riche. Pour quoi faire ? Pour « réduire les inégalités », pardi !
Cette insupportable injustice provient de la mondialisation, du « capitalisme marchand », du « capitalisme financier », de l’ultralibéralisme. Il faut abattre tout cela.
Pendant ce temps, avec d’autres chiffres…
Selon les statistiques de la Banque mondiale, l’humanité a bien progressé ces dix dernières années.
L’extrême pauvreté et la mortalité infantile ont été réduites de moitié. L’illettrisme régresse et l’espérance de vie progresse.
De telles statistiques devraient susciter enthousiasme et allégresse.
Quelle est votre opinion, quels chiffres préférez vous retenir ce matin ? Etes-vous plutôt d’humeur pessimiste ou optimiste aujourd’hui ?
Les riches volent-ils vraiment les pauvres ? Mais si les riches volent les pauvres, il ne sert à rien de leur prendre leur argent. Ce qu’il faut revoir, ce sont les règles et les lois qui leur permettent de tels agissements. Si les riches s’enrichissent honnêtement, sans forcer des contrats gagnant-perdant, qu’y trouver à redire ?
Oxfam ignore les chiffres de la Banque mondiale concernant la pauvreté et préfère arrêter le compteur à une date plus lointaine :
« Entre 1990 et 2010, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (à savoir avec moins de 1,90 $ par jour) a été divisé par deux, et continue de décroître depuis. »
Dans le rapport, figure cependant une observation intéressante :
« Les grandes fortunes sont bien plus souvent le produit d’un héritage, d’un monopole ou d’une connivence avec le gouvernement »
En d’autres termes, en dehors de l’héritage, Oxfam dénonce le capitalisme de copinage.
Sur ce point, nous sommes d’accord. Le sommet mondial de Davos où s’apprête à converger la Parasitocratie est d’ailleurs celui du capitalisme de copinage où l’élite prétend pouvoir résoudre les problèmes du monde et modifier le climat .
Notez l’usage du lionceau, en bas à droite de l’image, qui remplace à Davos le chaton plus populaire. Lionceaux et chatons suscitent l’émotion.
Mais j’oubliais ! Je suis censée vous parler investissements et argent dans La Chronique.
En matière d’investissement, les prix sont des faits. Ensuite, il convient de les interpréter : cher ou pas cher. Puis on décide d’investir ou non, sachant que la clé d’un bon investissement est d’acheter pas cher plutôt que cher. Mais le prix lui-même comporte une part d’émotion : le désir, le sentiment d’urgence…
L’investissement est donc déjà un exercice difficile en temps ordinaire. Pour réussir, il vaut mieux se décaper de ses émotions.
Et voilà que notre élite mondialiste nous complique encore les choses en introduisant de la monnaie factice et en trichant sur les taux d’intérêt (le prix de l’argent).
Oxfam nous dit que la concentration des richesses augmente mais omet de s’intéresser au mécanisme de l’argent factice. Bill Bonner explique :
« La Fed a augmenté la base monétaire de près de 400% rien que ces 10 dernières années. C’est cet argent — magnifié par le crédit et les marchés — qui a rendu les riches bien plus riches.
C’est pour cette raison que l’élite n’abandonnera pas le système d’argent factice — en tout cas pas sans se battre. Et c’est pour cela que Donald Trump met déjà la pression sur la Fed pour qu’elle arrête d’essayer de ‘normaliser’ les taux d’intérêt.
Ce n’est pas simplement une crise monétaire qui s’annonce ; c’est une crise sociale et politique. L’argent factice a créé une société malhonnête, où certains s’enrichissaient grassement aux dépens des autres. Les gens n’en comprennent pas la cause. Mais ils la ressentent. Et c’est un danger bien plus grand que de simples pertes financières”.
1 commentaire
Excellent article…
En France une large part des inégalités de patrimoine est le produit des réglementations foncières restrictives, qui ont permis une explosion des prix de l’immobilier dans un contexte de baisse des taux, permettant à ceux qui ont acheté de l’immobilier locatif à crédit de se créer un patrimoine résultant d’un phénomène purement inflationniste et non d’une création de valeur (bien au-delà du rendement locatif), tout au créant pénurie et hausse des loyers pour les autres.
Au lieu de taxer les profits des entrepreneurs et des investisseurs qui participent à la croissance économique et aux créations d’emplois, on ferait mieux de libérer la construction.