** Où êtes-vous, Alan Greenspan ? Votre pays tourne ses yeux désespérés vers vous…
* Vous avez sauvé le monde il y a 10 ans. Pouvez-vous le refaire, s’il vous plaît ?
* Où donc est le comité de sauvegarde de la planète quand on a besoin de lui ?
* Les demandes d’allocations chômage aux Etats-Unis frôlent le seuil des cinq millions. Elles dépasseront les 10 millions avant la fin.
* "Les Etats-Unis doublent leur soutien à Fannie et Freddie, à 400 milliards de dollars", rapporte le Washington Post. Quels idiots. Ils auraient dû laisser tomber ces deux désastres hypothécaires jumeaux il y a longtemps. Le trou à combler serait moins énorme. Les prêts "jumbo" ne sont pas couverts par Fannie et Freddie. Ils sont en moyenne près de 2% plus élevés que les prêts conventionnels. Pourquoi ? Parce qu’ils reflètent le véritable coût de l’argent hypothécaire sur le marché libre — non le coût des fonds sur le marché faussé des garanties gouvernementales implicites.
* Mais bon… nous ne donnons pas de conseils aux politiciens ; ils ne les suivraient pas, de toute façon.
* Reportons donc notre attention à l’homme qui a sauvé le monde.
* Si vous nous subissez de longue date, vous connaissez notre version de l’histoire, cher lecteur. Vous l’avez entendue si souvent que vous commencez probablement à vous en lasser. Au lieu de permettre à Dame Nature de corriger les excès de la bulle des dot.com, dans les années 90, Alan Greenspan et ses acolytes ont nourri la plus grande frénésie de spéculation de l’histoire. Durant près de quatre ans, ils ont maintenu le taux directeur de la Fed bien au-dessous du niveau de l’inflation des prix à la consommation. En d’autres termes — ils distribuaient de l’argent. Pas étonnant que les gens aient trop emprunté ! Ils ont créé une bulle qui n’était pas centrée sur le marché boursier… mais sur l’immobilier. Et dans la mesure où l’immobilier est le principal actif de la plupart des familles américaines, lorsque cette bulle a éclaté, elle a fait plus de dégâts que l’explosion du Nasdaq en 2000. Au cours des deux dernières années, les propriétaires immobiliers ont perdu entre 20% et 3% de la valeur de leurs maisons. Les investisseurs boursiers aux Etats-Unis en sont pour 35% environ. Wall Street tel que nous le connaissions a cessé d’exister. Et le monde entre dans la pire récession depuis les années 30.
* C’est du moins ce que dit Alan Greenspan. Eh bien… que dire à l’homme qui a fait plus que tout autre pour créer cette catastrophe ?
* Merci beaucoup.
** "Boom synchronisé, krach synchronisé", explique notre vieil ami Marc Faber dans le Wall Street Journal. Le crédit facile de Greenspan a créé un boom mondial. A présent, nous le payons d’un krach mondial.
* N’est-ce pas ainsi que cela fonctionne toujours ? Pour chaque action, il y a une réaction égale et opposée. Pour chaque bulle, il y a une épingle. Et pour chaque politicien, il y a une enveloppe contenant des billets de 100 $.
* Mais le successeur de Greenspan veut avoir son portrait en couverture du TIME tout autant que son ancien patron. Il est décidé à vaincre la crise. S’il y parvient, le TIME lui décernera probablement le titre d’Homme de l’Année. S’il échoue, nous lui décernerons probablement le titre de Crétin de l’Année.
* Il a essayé de baisser les taux. En fait, il les a plus baissés que Greenspan, qui s’est arrêté au taux nominal de 1%. Bernanke n’a pas arrêté. Une fois sa tronçonneuse en route, il a continué à couper… jusqu’à zéro.
* Greenspan n’a pas non plus mis en danger les comptes de la Fed. Lorsqu’il était aux commandes, la Fed ne détenait que le strict minimum des actifs pourris de Wall Street. A présent, ils en ont des milliers de milliards de dollars.
* Pas plus que Greenspan n’a eu si clairement recours à l’impression d’argent. La Fed de Bernanke a déjà utilisé l’"assouplissement quantitatif". Elle ne va pas tarder à s’embarquer dans le "ciblage de l’inflation". Sérieusement. C’est ce que disent les journaux. Bernanke fixera une cible pour l’inflation… disons 3%… et fera fonctionner la planche à billets jusqu’à ce que les prix augmentent d’autant.
* Nous n’avons jamais pensé que la gestion de banque centrale était une science. Ce n’est de loin pas le cas. Les théories qui la guident ne sont pas prouvées par la pratique… ni croyables en théorie. Ce ne sont que des suppositions, des devinettes et des avancées à l’aveuglette. En d’autres termes, la Fed atteindra sa cible… sans quoi, l’économie mourra, selon nous.
* Peut-être que Ben Bernanke est un as de la gâchette… ou peut-être pas. Nous n’en savons rien, mais à votre place, cher lecteur, nous ne nous tiendrions pas trop près de la cible… si vous voyez ce que nous voulons dire.