▪ Difficile dans le contexte actuel de trouver des valeurs qui progressent depuis le début de l’année — encore pire depuis un mois. C’est pourtant le cas d’Osiatis, une SSII spécialisée essentiellement dans les services aux infrastructures. Cotée sur l’Eurolist C, elle pèse quelque 90 millions d’euros (mero) en Bourse.
L’action prend 1,4% en un mois et 6,7% depuis le début de l’année. Une très belle performance, relative certes, mais qui m’a conduit à rencontrer Jean-Maurice Fritsch, co-président du groupe.
Je connaissais déjà très bien Osiatis. A l’époque où je travaillais chez Euroland Finance, nous avions comme client cette société et il m’est arrivé fréquemment de présenter des investisseurs à Robert Aydabirian, le prédécesseur de Jean-Maurice Fritsch. Autant vous dire tout de suite que le déjeuner fut des plus chaleureux et surtout sans langue de bois.
« Je suis entré dans l’entreprise dès sa création en 1998 comme directeur général exécutif. C’est dire si je connais bien Osiatis », m’indique d’emblée le co-président du groupe qui revendique maintenant 3 482 collaborateurs.
▪ Un nom prestigieux au capital du groupe
Celui qui a gravi les échelons les plus prestigieux du groupe travaille en parfaite harmonie avec le groupe Walter Butler, actionnaire à hauteur de 43,6%. Si cela ne vous dit rien, Walter Butler est un énarque, d’abord conseiller de François Léotard au ministère de la Culture lors de la privatisation de TF1, puis banquier d’affaires chez Goldman Sachs avant de créer son propre fonds d’investissement.
Mais ce qui l’a rendu plus célèbre auprès du grand public, ce furent ses prises de participation dans la SNCM ou… le PSG. L’homme a un énorme carnet d’adresses ! « Walter Butler assiste à toutes nos réunions SFAF et reste très proche d’Osiatis », précise Jean-Maurice Fritsch.
D’ailleurs il était interviewé la semaine dernière sur BFM Business, et en l’écoutant j’ai eu cette même impression : que Butler était impliqué et enthousiaste dans le business et dans le développement d’Osiatis. Il va y avoir de nouvelles stratégies à développer — mais j’y viendrai dans un instant.
Ce qui fait le succès de la société, ce sont essentiellement ses bons résultats. Prenez par exemple le premier semestre de l’exercice.
▪ De bons résultats et une stratégie dynamique !
Son chiffre d’affaires a progressé de 14,1% à 137 mero pour une hausse de 20,5% de son résultat opérationnel à 9,6 mero. La marge opérationnelle passe ainsi de 6,6% à 7%. Mais le résultat net n’augmente que de 10,2% à 5,4 mero ce qui donne une marge nette en léger repli, à 3,9%. Mauvaise gestion ou autre explication ?
« La comparaison n’est pas juste dans la mesure où Osiatis avait touché en 2010 un profit exceptionnel de 0,5 mero lié au remboursement d’une créance obligataire », ajoute Fritsch.
Oui, c’est évidemment l’analyse que j’en avais faite, et cela ne me gêne pas : c’est tout de même l’une des plus belles performances au premier semestre parmi les SSII.
Lorsqu’on dissèque la croissance au premier semestre, la progression de 14,1% se décompose en 9,3% pour la croissance organique et 4,8% pour la croissance externe.
« Nous cherchons clairement des cibles pour notre développement avec comme principaux pays l’Espagne et le Brésil. Nous ne nous interdisons pas de continuer également en France, comme nous l’avons fait en début d’année avec Alcyon, un spécialiste de la business intelligence et de l’architecture Web. Mais les cibles sont rares, surtout dans le coté », conclut Jean-Maurice Fritsch. En route vers les pays à fort développement donc ! C’est dit.
▪ La société a-t-elle les moyens de cette croissance externe ?
Une politique d’acquisitions ciblées ne devrait pas poser trop de problèmes financiers dans la mesure où Osiatis a une situation financière très saine avec un gearing de 1%. Cela veut dire tout simplement que pour 100 de capitaux propres, il n’y a que 1 de dettes.
Reste à savoir si cette politique va être déployée cette année alors que de part et d’autre se multiplient les signes de ralentissement économique. Sauf que, pour Osiatis, le co-président du groupe ne constate pas d’impact lié aux réductions des dépenses budgétaires — alors que la SSII réalise quasiment 20% de son chiffre d’affaires avec le secteur public ! « Je vais vous surprendre mais je ne constate pas de ralentissement pour l’instant. Osiatis est plutôt placé dans les dépenses de fonctionnement que dans les dépenses d’investissement ». Alors trop plein d’optimisme ou pas ?
Le groupe n’a jamais péché par orgueil et se paye même le luxe dans la conjoncture actuelle de relever ses objectifs sur 2012, estimant ainsi atteindre une marge opérationnelle à plus de 7,5% contre une estimation initiale de 7%. Le groupe mise sur le développement du Cloud Computing, qu’il soit privé avec le conseil amont ou dédié avec la fourniture d’environnements informatiques mutualisés. « Nous croyons beaucoup au Cloud Computing qui est une véritable révolution », ajoute-t-il.
J’avoue que je suis un peu surpris par cet optimisme — excessif ? — de Jean-Maurice Fritsch. Car Osiatis réalise 22% de son chiffre d’affaires avec le secteur industriel et 18% avec le secteur bancaire… Or ces deux secteurs devraient être ou sont touchés de plein fouet par le ralentissement économique. Ce dont je suis sûr, c’est que le groupe semble taillé pour faire mieux que son marché en termes de croissance. Mais quid en cas de forte récession?
▪ Les fonds entrent au capital, ce qui peut nous rassurer
L’action Osiatis, indépendamment de son beau parcours boursier, attire de plus en plus de fonds d’investissement.
Ainsi en mai dernier, Artemis (groupe Pinault Printemps) et d’anciens dirigeants ont reclassé 10% du capital. L’opération a été sur-souscrite 1,66 fois, permettant l’entrée d’une trentaine de nouveaux actionnaires.
Et mon propre avis sur Osiatis ? C’est l’une des plus belles SSII cotées, avec des ratios assez attractifs. Ajoutez à cela que l’action offre un rendement de 3,6% — la société distribue depuis quelques années des dividendes. Je serai tenté de vous conseiller d’acheter le titre s’il n’y avait pas un contexte boursier toujours aussi délicat.
Pour l’heure, je pense qu’il vaut mieux attendre de voir comment les marchés vont réagir cette semaine aux problèmes grecs et au très net ralentissement américain. Mais mettez Osiatis sur votre watchlist…
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Première parution dans Small Caps Confidentiel le 06/09/2011.