Ou bien son prix peut-il encore atteindre de nouveaux sommets ?
Cette question a été au centre de nombreuses conversations que j’ai eues récemment avec mes clients et certains de mes amis. J’ai l’habitude d’y répondre par une autre question : « Surévalué par rapport à quoi ? »
En dépit du fait que les prix de l’or ont récemment atteint des niveaux record, il existe des raisons convaincantes de penser que l’or constitue actuellement un investissement prudent et qu’il est sur le point de se hisser à de nouveaux sommets.
Prendre des décisions d’investissement uniquement en fonction du prix actuel d’un actif, sans considérer sa valeur fondamentale ou son potentiel de revalorisation dans le futur, peut s’avérer être une erreur très coûteuse.
Pour commencer, il y a évidemment une bonne raison à l’origine de la montée en flèche récente des prix de l’or. En fait, il y a même de nombreuses raisons qui, au cours des mois et des années à venir, apparaîtront de plus en plus claire à un nombre croissant d’investisseurs.
Par exemple, il est (ou devrait être) parfaitement clair à ce stade pour tout individu rationnel que l’inflation n’est pas sous contrôle. Dans l’économie réelle, les prix n’ont cessé d’augmenter (contrairement à ce qu’indique l’indice officiel des prix à la consommation, qui est totalement manipulé et ne représente pas la réalité), poussant d’innombrables ménages au bord du gouffre financier.
Cette situation ne peut qu’empirer, car les banques centrales du monde entier ont déjà préparé le terrain pour un revirement de leurs politiques monétaires et le retour à des politiques expansionnistes, y compris au travers d’une relance des programmes d’assouplissement quantitatif et d’une réduction des taux d’intérêt directeurs autour de zéro, dans le but affiché de stimuler la croissance économique, ou du moins d’en donner l’illusion (une ruse très utile en période électorale à l’échelle internationale, comme c’est le cas de l’année 2024).
Ces mesures conduiront inévitablement à une accélération de la dévaluation des monnaies fiduciaires et à une érosion du pouvoir d’achat. Par conséquent, elles sont également très utiles pour alléger le fardeau de la dette, qui se situe aujourd’hui à un niveau insoutenable dans la plupart des pays développés – un autre avantage de taille en période électorale. L’or, en revanche, conserve sa valeur intrinsèque au fil du temps, ce qui en fait une alternative attrayante aux monnaies fiduciaires.
Les banques centrales elles-mêmes comprennent évidemment mieux les implications de leurs propres politiques monétaires que l’investisseur moyen. C’est pourquoi elles ont toujours augmenté leurs réserves d’or en période d’instabilité et d’assouplissement de leurs politiques monétaires. Au début de la pandémie, puis de nouveau après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les banques centrales ont continué d’augmenter leurs réserves d’or, tandis que les investisseurs en ETF aurifères allégeaient leurs positions.
Récemment, nous avons une fois de plus observé une sortie importante de capitaux en dehors des ETF aurifères. Le mois de février a été le neuvième mois consécutif de désinvestissement sur cette classe d’actifs, et pourtant, le prix de l’or a poursuivi son ascension.
Comme l’a souligné Simon White, macroéconomiste chez Bloomberg :
« Au cours des six derniers mois, les pays qui ont le plus augmenté leurs réserves d’or officielles sont la Chine, l’Allemagne et la Turquie (en ce qui concerne la Chine, ses réserves réelles sont probablement bien plus élevées que les réserves déclarées). Les banques centrales s’intéressent à l’or car c’est un actif tangible, indépendant du système financier s’il est détenu directement sous forme physique. Mais leur motivation principale est le désir de réduire leurs avoirs en dollar pour mieux diversifier leurs réserves. Si vous n’êtes pas en bons termes avec les Etats-Unis, c’est un moyen d’éviter que vos réserves ne soient gelées ou saisies, comme cela est arrivé à la Russie. »
Ce dernier argument effleure un sujet beaucoup plus vaste que les investisseurs ne doivent pas perdre de vue : la géopolitique. Depuis la fin de la guerre froide, le monde a rarement été aussi divisé. La manière dont l’Occident a répondu à l’invasion russe de son voisin, utilisant le dollar américain et l’ensemble du système bancaire comme une arme géopolitique, a incité de nombreux pays à reconsidérer la façon dont ils protègent leurs propres actifs. L’or constitue la solution la plus évidente et c’est ce qui explique le transfert massif de capitaux que nous observons actuellement de l’Occident vers l’Orient.
Au mois de février, la banque centrale de Chine a renforcé ses réserves d’or pour le seizième mois consécutif et rien n’indique qu’elle soit sur le point de mettre fin à cette frénésie d’achats. Elle s’est clairement donnée pour objectif de diversifier ses réserves et de réduire sa dépendance au dollar américain.
Et la banque centrale chinoise n’est pas la seule à s’être positionnée à l’achat. Selon le Financial Times, « ces derniers mois, le métal précieux a connu un second souffle grâce à ce que les analystes décrivent comme un volume d’achat ‘phénoménal’ de la part des épargnants chinois cherchant un refuge pour placer leur argent après la chute des marchés immobiliers et boursiers locaux ». Comme l’ont confirmé les analystes d’ING dans une note : « Nous nous attendons à ce que les prix de l’or augmentent cette année, la demande de valeurs refuges continuant d’être soutenue par l’incertitude géopolitique avec les guerres en cours et l’élection américaine à venir. »
Il s’agit clairement pour le marché de l’or d’un changement structurel à long terme dont les causes sous-jacentes ont le potentiel de porter les prix à des niveaux bien plus élevés que ceux que nous observons actuellement. C’est précisément la raison pour laquelle les investisseurs doivent prendre du recul et savoir analyser les cours actuels dans leur contexte global, avec un horizon de temps approprié.
En d’autres termes, bien sûr, l’or peut sembler cher aujourd’hui, mais le cours actuel ressemblera très probablement à une aubaine dans un avenir pas si lointain.
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.