Au fur et à mesure que la « bulle universelle » gonfle, l’or confirme son statut d’actif « contrarien », ce qui est plutôt rassurant.
Hier, nous avons vu que « the everything bubble » allait rencontrer tôt ou tard une épingle elle-même universelle : la hausse des taux. Une tendance qui durait depuis plus de 35 ans aux Etats-Unis se retourne.
Le dollar est la devise la plus importante au monde. Derrière, on trouve l’euro ; pour le moment, la hausse des taux n’est pas encore d’actualité dans l’union monétaire européenne. Mais cela pourrait changer. Pour les investisseurs institutionnels étrangers, quel est l’intérêt de posséder des euros qui ne rapportent rien alors que le dollar rapporte un peu et permet d’acheter des choses utiles comme des matières premières ?
Ces mêmes investisseurs institutionnels observent de près ce qui se passe en Italie, le plus gros émetteur européen de dettes publiques avec 2 200 milliards d’euros.
Voilà que l’Italie a adopté un budget de dépenses publiques qui va la pousser à en émettre encore plus… Les investisseurs demanderont-ils plus cher en intérêt pour souscrire à cette dette ? Nous le saurons bientôt mais oui, probablement.
Le système monétaire actuel est adossé à de la dette d’Etat.
Si les taux montent, les acheteurs à crédit vont devenir plus rares. Cela touche tous les secteurs de l’économie. Tous.
Les consommateurs dépensant pour leurs achats courants des allocations financées par le déficit public sont en réalité des acheteurs à crédit.
Automobiles, immobilier, financement des études ? Le crédit privé…
La hausse du crédit menace la survie des zombies, comme l’exposait récemment la Banque des règlements internationaux.
L’effondrement de zombies cotés entraînera une chute des marché actions.
Une spirale de faillites conduira à de la destruction de dette.
L’institutionnalisation de l’inflation comme défaut de paiement
Pour tenter d’enrayer la situation, les autorités feront ce qu’elles font toujours : de la création monétaire qui permet de rembourser en « monnaie de singe » des créanciers mécontents.
Comme le rappelle Bill Bonner, un décret de Roosevelt a interdit en 1933 la « clause or » dans les contrats privés. Ceci a éliminé l’or du marché privé américain. Par la suite, la plupart des pays ont adopté des mesures coercitives vis à vis de l’or pour en écarter les gens. L’inflation a été ainsi institutionnalisée et légalisée.
Mais dans les coffres des banques centrales, il y a toujours de l’or ; lorsque les choses deviennent vraiment tendues, que les belles promesses de payer ne suffisent plus, les règlements se font toujours en or. Récemment, les banquiers centraux dans leur ensemble ont acheté de l’or.
Aujourd’hui, la « bulle universelle » a épargné l’or.
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Comme vous le voyez sur ce graphique, les bulles de 2000 et 2008 ne sont plus que des bosses. La bulle universelle a beaucoup gonflé les actions. Mais l’or, lui, échappe à la frénésie ambiante depuis 2011.
L’or redevient un actif réellement « contrarien » car injustement délaissé.
Evidemment, le mot clé dans ce qui précède est injustement. Comment peut-on en être sûr, comment peut-on avoir raison seul contre tous ?
En se tournant vers le passé.
Se pencher sur l’histoire des monnaies fiduciaires, c’est découvrir un grand cimetière qui commence en Chine sous la dynastie des Tang (618-907), passe par le système de Law au début du XVIIIème siècle en France et s’enrichit de nombreuses pierres tombales au cours des siècles suivants.
Il y a une bulle universelle.
Il y a une monnaie universelle, l’or.
L’or est une monnaie marchandise qui garantit un échange honnête : on échange quelque chose contre autre chose et non pas quelque chose contre une promesse de payer peut-être un jour si tout va bien. L’or est une « preuve de travail » comme disent joliment les amateurs de cryptomonnaies. L’or n’a pas besoin de contrepartie, de milliers de pages de réglementation obscures.
Lorsque la bulle universelle éclatera, on redécouvrira la monnaie universelle.
Cette fois, ce n’est pas différent.
La bonne nouvelle pour vous, c’est que l’or n’est pas encore trop cher.
9 commentaires
Bonjour,
Et si même la « bulle universelle » était un leurre ? Et si l’or était encore bien meilleur marché qu’attendu Car y a t’il vraiment une « bulle universelle » sur les actifs, marchés boursiers, immobiliers, etc. ?
En réalité depuis l’an 2000 la masse monétaire a fait x 6… mais pas du tout l’immobilier, ni les indices boursiers, ni les obligations… ni même la bière ;-).
L’augmentation des prix des actifs étant bien moindre que la multiplication de la monnaie produite, pourquoi parler de bulle ?
C’est juste que la monnaie ne circule pas assez, et que l’argent créé n’est pas (encore ?) redistribué via les salaires, pensions et allocations. Il y a juste un temps de retard laissant croire que les actifs sont surévalués… car si c’est encore vrai par rapport aux revenus, ce n’est pas du tout le cas par rapport à la quantité d’argent créé. Mais cet argent créé qui ne circule pas (ou trop lentement) et qui semble avoir disparu existe en vérité toujours bien quelque part puisque les dettes restent ouvertes ! Donc il risque fort de revenir tôt ou tard en boomerang dans le circuit… et tout d’un coup voici que les actifs ne sembleront plus surévalués en rien ! Il n’y avait pas de bulle des actifs, tandis que l’or physique manipulé à la baisse depuis tant d’année à cause de la cotation de l’or papier avait été repoussé temporairement (jusqu’à la fin de la supercherie) six pieds sous terre ! Alors à quand la fin de cette supercherie ? Il semblerait notamment que par son achat constant d’or la Russie s’y attaque, non ?
Je pense que quand tout cela arrivera on nous dira que c’est parce que nous sommes trop nombreux sur terre, que la terre s’épuise et ainsi que tout devient très cher car très rare, etc. On se gardera bien de nous dire que de toute façon l’argent était déjà créé, existant… et donc que tout avait été prévu !
PS : Si avec le prix de l’or on se moque déjà bien du monde… que dire du prix de l’argent ?!
(je parle du métal cette fois évidemment)
» En réalité depuis l’an 2000 la masse monétaire a fait x 6 »
C’est *2,5 en Europe, les prix de l’immobilier ont explosé et de toute façon le prix des actifs n’a pas de raison de progresser proportionnellement à la masse monétaire puisque dans le même temps la quantité d’actifs augmente également (par exemple depuis 2000 rien qu’en France on a construit des millions de nouveaux logements)
Le graphique montrant l’évolution du prix des actifs (or, argents, indicez US) est-il correct? J’ai des doutes car l’or ne peut pas valoir plus que le S&P ou le dow par rapport aux années 70. Le graphique est en dollar constants?
Bonjour,
Vous trouverez tous les graphiques ici :
https://www.longtermtrends.net/
CECILE DOUNY
« En réalité depuis l’an 2000 la masse monétaire a fait x 6 »
Il faudrait le vérifier mais il me semble que la FED ne publie plus la masse monétaire M3 depuis le 23 mars 2006…soit depuis 12 ans !!
A mon avis, cette décision d’opacité a pour objectif de masquer l’énorme bulle monétaire que
constitue le dollar.
Sinon, quel intérêt aurait la FED à cacher ce chiffre ?
J’en déduis qu’il est malheureusement fort possible que vous soyez en dessous de la vérité, avec une estimation de x 6.
En 12 ans, avec les Q.E. et les taux au plancher, la planche à billets de la FED a dû fonctionner !
Et depuis quelque temps, la FED remonte les taux et stoppe ses Q.E. pour dégonfler sa propre bulle monétaire.
J’ai la nette impression que cela va très mal finir.
Madame Wapler
Vous écrivez ce qui suit :
« un décret de Roosevelt a interdit en 1933 la « clause or » dans les contrats privés. Ceci a éliminé l’or du marché privé américain. Par la suite, la plupart des pays ont adopté des mesures coercitives vis à vis de l’or pour en écarter les gens. L’inflation a été ainsi institutionnalisée et légalisée. »
Au sujet des « clauses or », je me permets de rappeler des événements révélateurs ayant eu lieu durant la crise des années 1970 :
Fin juin 1974, l’Italie était au bord de la banqueroute ( comme aujourd’hui du reste) à cause du déficit exorbitant de sa balance commerciale, 5 milliards de dollars, ce qui à l’époque était énorme au regard de l’économie de ce pays.
L’Italie était en proie à des grèves incessantes, des troubles sociaux et à un chaos politique, et elle avait besoin, sans délai, de 1,2 milliard de dollars.
La Suisse était d’accord pour prêter cette somme à l’Italie sur deux ou trois ans, à condition que cet emprunt en dollars soit assorti d’une « clause-or », sur la base de 150 dollars l’once, soit 3,55 fois le cours officiel de l’or à l’époque, décidé par Washington, soit 42,22 dollars l’once !!
Pas bêtes, les Suisses ne voulaient pas être remboursés en monnaie de singe !
Cette évaluation de l’once d’or à 150 dollars n’avait rien de « pifométrique », en effet
c’était le cours de l’or sur les marchés de Londres et Zurich, qualifiés de « marchés noirs » par les américains.
Comme aujourd’hui, tout le monde avait compris que l’or était sous-évalué.
Donc, si à l’échéance du prêt, le prix de l’or à Londres ou Zurich était, par exemple, de 300 dollars,
l’Italie devait rembourser le double du montant prêté, soit 2,4 milliards.
Cette proposition de la Suisse avait entraîné une réaction violente (et un tantinet ridicule…) des Etats Unis, lesquels avaient menacé l’Italie, la Suisse et le FMI de vendre des masses d’or sur le marché libre si le prêt venait à se concrétiser !
Cela dit, les investisseurs ( notamment les banquiers centraux et ministres des Finances) des années 1970 étaient infiniment plus perspicaces et clairvoyants que ceux d’aujourd’hui, hormis la Russie qui a vendu récemment la totalité de ses bons du Trésor américain, et la Chine qui en a revendu une partie pour acheter, devinez quoi, de l’or…
En effet, à cette époque, le gouvernement américain n’arrivait plus à placer ses obligations à long terme.
Aucun investisseur n’en voulait, ni les américains ni les étrangers.
On n’achetait pas des obligations à rendement nul, voire négatif.
Ce n’est qu’après l’énorme hausse des taux décidée par Paul Volcker ( jusqu’à 20 %) que les obligations US avaient retrouvé de l’attrait et que les investisseurs avaient vendu leur or, récoltant une belle plus value sur une longue période ( presque une décennie) où les actions dégringolaient et où les obligations ne valaient plus grand chose.
Aujourd’hui le comportement des investisseurs a bien changé.
Il est devenu complètement irrationnel.
Le réveil risque d’être rude.
Par ailleurs, au sujet de l’inflation, sauf erreur de ma part, le calcul des plus values par le fisc ne se fait pas en monnaie constante, ce qui fait que l’inflation est intégrée dans la plus value.
Ce qui me paraît un comble si l’on considère qu’en elle-même l’inflation est déjà une taxe.
Par exemple, un particulier qui revend une maison après 20 ans ou plus.
La plus value, surtout sur des si longues périodes, ce n’est quand même pas la différence entre le prix de vente et le prix d’achat !
Certes il y a des abattements suivant la durée de détention,on s’y retrouve peut être, mais tout de même…sur le principe.
Il me semble que le fisc nous applique une taxe sur de l’inflation.
Idem sur des portefeuilles d’actions.