Par Simone Wapler (*)
Dans une période normale, la détention d’or est punie. N’importe quel placement devrait rapporter plus que le métal jaune.
Depuis maintenant neuf ans, tous ceux qui ont investi dans l’or ont été récompensés au lieu d’être punis. Ils ont multiplié leur mise par 3,4 en dollar et 2,3 en euro. Pourquoi ? Parce que l’or est un gendarme. Il nous alerte sur les dérives des monnaies fiduciaires.
Cette hausse n’est pas finie, car les dérives fiduciaires s’accentuent. Les plans de relance sont financés à coups de déficits publics, couverts par des émissions d’obligations souveraines. Certaines banques centrales viennent de faire un pas supplémentaire vers l’orgie monétaire par la manoeuvre du quantitative easing.
Par deux fois depuis le début de cette crise, l’or a dépassé le seuil emblématique de 1 000 $ l’once avant de se replier. Mais ce n’est pas parce que le gendarme s’octroie un petit somme que la crise est finie. A ce stade, la déflation oeuvre encore : la plupart des actifs — immobilier, actions, matières premières — perdent encore de la valeur. Derrière ce constat couve l’inflation.
La deuxième étape de la crise sera presque certainement marquée par un retour de l’inflation. Pourquoi presque ? Parce que l’autre hypothèse est l’hyperinflation.
3 000 $ et 2 000 euros sont des objectifs raisonnables
Cette hypothèse est sérieuse car toute la monnaie papier émise refera nécessairement surface. Pour le moment, et du fait de l’émission monétaire déjà réalisée, notre objectif rationnel pour l’or se situe vers 3 000 $ et 2 000 euros.
Le métal jaune pourrait aller beaucoup plus loin dans un stade de bulle. Il ne sera pas interdit d’en profiter, à condition de savoir que le marché ne sera plus alors dans le domaine du raisonnable et aura atteint le stade de l’irrationnel.
Les seuils de 3 000 $ et de 2 000 euros sont simplement une estimation faite à partir de l’émission de monnaie qui ne correspond à rien depuis 2000. Elle se base sur une comparaison de la masse monétaire déclarée par la Fed et la BCE et l’augmentation réelle de la richesse produite, le PIB.
Théoriquement, la progression de la masse monétaire devrait fidèlement refléter la croissance du PIB. Si l’argent déclaré par les Banques centrales augmente plus vite, c’est que la planche à billets a fonctionné.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières, Simone Wapler est passionnée par les investissements "tangibles". Elle analyse chaque semaine le secteur aurifère dans L’Investisseur Or et Matières.