Malade en hiver dans un château inconfortable, Bill Bonner cherche tout de même à évaluer la possibilité qu’un krach se produise cette année, et quelle forme il prendra.
Les châteaux ne sont pas un lieu approprié, quand on est malade. Pas en hiver. Les murs de pierre et les fenêtres branlantes ne permettent pas de chauffer correctement. L’air froid véhicule toujours des spores de moisissure. Et des couloirs traversés de courants d’air conduisent à des chambres uniquement chauffées par un feu de cheminée. Vous passez toute la journée devant la cheminée, à rajouter des bûches dans le feu.
En France, nous vivons dans un grand château délabré, bien éloigné des quartiers chics de Paris. Lorsque les gens apprennent que vous vivez dans un château, ils se font de fausses idées. Ils pensent que vous devez être riche. Mais en France, les châteaux se trouvent à la pelle, et tout le monde les considèrent non pas comme un signe de richesse… mais de stupidité.
Un gouffre sans fin
Ils sont trop coûteux à entretenir, peu commodes et inconfortables. Ce sont des gouffres qui engloutissent vos économies. Et l’énergie s’amenuise, à mesure que vous enchainez les réparations.
« Lorsque je suis arrivé en France », m’a dit un ami anglais qui se trouve dans une situation semblable, « j’étais en forme et le château était en mauvais état. Aujourd’hui, je l’ai rénové mais c’est moi qui suis en mauvais état ».
Alors les riches passent à autre chose : à des chalets dans les Alpes, des appartements avenue Foch, ou une villa sur la Côte d’Azur.
Mais nous, nous sommes toujours là. C’est notre maison, telle qu’elle est… et à l’image d’une vieille paire de bottes… ou de quelqu’un avec qui on est marié depuis longtemps… nous allons la conserver jusqu’à ce que l’un de nous deux soit totalement usé.
Le château des Bonner… Peu pratique, inconfortable… mais c’est chez nous
Depuis que nous sommes là, nous essayons de jeter un coup d’œil dans le futur. Nous considérons comme acquis que nous serons surpris. Après tout, si le futur est semblable au passé, quel est son intérêt ? Nous l’avons déjà vécu.
Alors quels seront les gros titres des mois à venir ?
Même causes, mêmes effets
Et s’il se produisait un krach de marché ? Suivi d’un autre programme de sauvetage à plusieurs milliers de milliards de dollars ?
La probabilité est difficile à évaluer. Mais elle n’est pas négligeable. Les commentateurs nous disent qu’il y a « plein de liquidité », de sorte que, même si l’inflation augmente et que la Fed cesse d’injecter de l’argent, les cours des actions devraient se maintenir ou bien grimper.
Cela semble possible. Sur le papier, au moins, il y a de l’argent partout, dans la partie et sur le banc de touche. Mais l’argent est parfois audacieux… et parfois craintif. Il ne veut pas forcément aller sur le marché actions dans un contexte de plus hauts historiques, ou y rester quand les cours chutent.
Les génies de l’investissement, à la télévision, vous disent de ne pas vous inquiéter. Nous avons vécu trois sell-off majeurs, depuis le début du siècle. A chaque fois, il aurait mieux valu conserver que vendre.
Et oui, nous pourrions revivre n’importe laquelle de ces 21 premières années du XXIe siècle, mais où se situerait la surprise, dans tout cela ?
Il est plus probable que quelque chose de totalement neuf se passe, comme nous le verrons lundi.