Sommes-nous ivres de pouvoir, au point de creuser notre propre tombe ?
Ce matin, en traversant la Normandie, nous sommes passés par la ville de Vimoutiers. Cette ville n’a rien de particulier. Comme tant d’autres en Normandie, elle a été en grande partie détruite par la puissance de feu des Alliés pendant la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, elle est terne. Elle présente peu d’intérêt. Il n’y a pas grand-chose à voir.
Au coeur de la ville, une plaque commémorative rappelle un acte de générosité. Margaret Mitchell, l’auteure du roman Autant en emporte le vent, avait eu connaissance des événements survenus pendant la guerre dans cette petite localité. Elle a donc participé financièrement à la reconstruction de l’hôpital de la ville. En reconnaissance de ce geste, elle fut nommée citoyenne d’honneur, et elle exprima sa gratitude avec ces mots : « Rien de tout ce qui a jalonné mon parcours jusqu’à présent n’a su autant me combler ni m’émouvoir à un tel point que cet honneur que vous, ainsi que le conseil municipal de Vimoutiers, m’avez accordé. »
Elle avait prévu de visiter la ville, mais le destin en a décidé autrement : elle a perdu la vie tragiquement dans un accident de voiture en 1949. Elle est décédée, mais elle aura laissé derrière elle des choses qui seront remémorées et appréciées par plusieurs générations.
Une autre époque
A l’époque, les Américains étaient connus pour leurs actes de gentillesse et de générosité. L’économie américaine était en plein essor. Ceux qui travaillaient au noir et les investisseurs fortunés s’enrichissaient ensemble. Le dollar, adossé à l’or, était la monnaie la plus forte du monde. Les échanges commerciaux des Etats-Unis avec le reste du monde étaient équilibrés, tout comme son budget fédéral.
Lorsqu’une nouvelle génération entre en scène, une autre s’en va. Que laisse-t-elle derrière elle ? Pour avoir quelque chose à laisser, il faut épargner. Pour épargner, il faut gagner plus que ce que l’on dépense, c’est-à-dire que vous devez prendre une partie de votre production et la mettre de côté. Il s’agit de la partie de votre récolte que vous n’avez pas mangée. De l’argent que vous avez gagné, mais que vous n’avez pas dépensé. Ce sont les arbres que vous avez plantés et que vous n’avez pas coupés, les maisons que vous avez fidèlement entretenues, les bâtiments publics que vous n’avez pas fait détruire.
Mais au lieu d’encourager l’épargne, au cours des 30 dernières années au moins, la Fed a incité les gens à emprunter et à dépenser. Elle a récompensé les emprunteurs en leur offrant les taux d’intérêt les plus bas depuis 5 000 ans. Elle a puni les épargnants, ne leur proposant que des rendements négatifs après inflation.
Notre génération, celle née après la seconde guerre mondiale, a eu de la chance. Les emplois étaient nombreux. Le logement et les transports étaient (relativement) bon marché. Et, depuis 1980, le prix nos actifs – les maisons et les actions – a augmenté. Mais nous avons également eu de la chance à d’autres égards.
Nos grands-parents avaient mis au point la puissance des combustibles fossiles, ce qui avait considérablement amélioré la production américaine, et fait des Etats-Unis le pays plus riche de la planète. Nos parents avaient battu l’Allemagne et le Japon. Et puis, Eisenhower a réduit les dépenses de « défense », équilibré le budget, protégé le dollar et nous a avertis de ne pas laisser le « complexe militaro-industriel » prendre trop d’importance.
Le corps de guerre
Partout dans le monde, les gens se tournent vers les Etats-Unis pour qu’ils prennent les devants… comme un pays qui fait ce qu’il faut… dont la technologie, les livres et les films établissent de nouvelles normes et dont les institutions peuvent être imitées. Et ce, pour de bonnes raisons.
Le plan Marshall était une initiative américaine visant à reconstruire l’Europe, pour un coût de 173 milliards de dollars (en valeur actuelle). Les donateurs américains ont reconstruit Versailles et d’autres monuments inestimables. Des particuliers américains ont contribué à la reconstruction d’églises et à la restauration de villes entières. Des organisations caritatives, des missionnaires et des organismes de secours privés se sont précipités dans les Balkans, au Moyen-Orient, en Afrique et en Extrême-Orient pour offrir toute l’aide qu’ils pouvaient. En 1961, John F. Kennedy a créé un « Corps de la paix » destiné à promouvoir le progrès et l’harmonie dans les pays sous-développés. En 1966, la mère de Jimmy Carter, âgée de 68 ans, s’est engagée en Inde.
Mais les choses ont changé.
Aujourd’hui, le Corps de la paix est un projet hérité d’une époque révolue, doté d’un budget minuscule – moins de 1/10e de 1% des dépenses du Pentagone.
Les Etats-Unis n’ont toujours pas de véritables ennemis dans le monde, à l’exception de ceux qu’ils se sont eux-mêmes créés : l’Irak, l’Afghanistan, la Russie, la Palestine, la Chine, l’Iran.
Le général Eisenhower a réduit les dépenses militaires. Mais cela n’a pas duré. Au cours des 40 dernières années, les dépenses de défense ont augmenté année après année. Le vieux général avait raison… Les lobbyistes du complexe militaro-industriel mettent nos représentants dans leurs poches, comme des pièces de monnaie. Aujourd’hui, les Etats-Unis dépensent plus que les dix plus grands pays suivants réunis. Et ces dépenses n’ont pas grand-chose à voir avec la défense, qui pourrait être assurée par une petite armée efficace à la Eisenhower, pour environ un tiers de son coût actuel.
Lorsque nous étions jeunes, notre pays faisait envier la quasi-totalité du monde et disposait d’une position d’investissement net considérable par rapport au reste de la planète. Aujourd’hui, nous sommes le plus grand débiteur du monde, avec un déficit commercial annuel de près de 1 000 milliards de dollars.
Même la révolution industrielle semble avoir fait son temps. Nous pouvons introduire de nouvelles machines, mais nous n’obtenons que des gains progressifs. L’utilisation des combustibles traditionnels est en baisse aux Etats-Unis.
Mea culpa
Pour ce qui est de l’équilibre budgétaire, on peut en rire. On mesure nos progrès via la différence entre ce que nous produisons, ce que nous consommons… et la façon dont nous l’utilisons. C’est elle qui détermine ce que nous laisserons à nos enfants.
Or, le déficit budgétaire actuel des Etats-Unis, qui représente 7% du PIB, ne laisse pas grand-chose à la génération suivante. Il ne reste pas grand-chose pour construire de nouvelles usines et créer de nouveaux emplois. Quant à la reconstruction des usines de l’est de l’Ukraine ou des hôpitaux de Gaza, qui va s’en charger ? Au lieu d’y penser, nous empruntons davantage d’argent pour fournir des armes à l’Ukraine et à Israël… afin qu’ils puissent tout faire exploser.
Aux Etats-Unis, notre capital existant – nos usines, nos infrastructures, nos écoles et nos hôpitaux – s’use. Comment les remplacer ?
Et nous, la génération des baby-boomers, nous avons présidé à la dégradation des Etats-Unis dans presque tous les domaines. Financier, économique, politique, technologique, moral…
… Qu’avons-nous à dire pour notre défense ?
Et que faisons-nous lorsqu’il devient impossible de continuer à mener le train de vie auquel nous nous sommes habitués ? Devons-nous assumer nos responsabilités… et nous redresser ?
Ou imprimer plus d’argent ?
1 commentaire
L’ Iran et la Russie ennemis créés par les USA ???
L’ Ukraine détruit son pays ???
C’est n’importe quoi !
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