Après avoir tenté de purger Washington de ses gaspillages, Elon Musk est lâché par l’administration Trump. Désavoué par les juges, ignoré par les républicains, attaqué par plusieurs Etats, il se retrouve seul à porter la responsabilité d’un programme d’austérité que personne n’a voulu suivre.
« Un projet de loi peut être grand. Ou il peut être beau. Je ne sais pas s’il peut être les deux à la fois. » – Elon Musk
Flash info : tout le programme de Donald Trump est en train de s’effondrer.
Au cours des quatorze derniers jours, des juges fédéraux ont clairement indiqué que les Etats-Unis disposaient toujours d’une Constitution, et que celle-ci ne donnait nulle part au DOGE d’Elon Musk le pouvoir de supprimer des programmes fédéraux sans l’intervention du Congrès… Pas plus qu’elle ne donnait à Donald Trump le droit de fixer les impôts et les politiques commerciales comme il l’entend.
Résultat : Elon Musk est laissé sur le carreau. Que faisait-il, exactement ? Pour qui ? Et est-il désormais personnellement responsable des milliards de pertes que certains Etats affirment avoir subies ?
C’est désormais officiel : la rupture entre Trump et Musk a eu lieu. Le Washington Post annonce :
« Elon Musk quitte son poste dans l’administration Trump.
La veille, dans un désaccord majeur avec le président et le camp républicain, Musk avait publiquement désapprouvé le grand projet de loi budgétaire de Trump – surnommé le Big Beautiful Bill – en raison de ses baisses d’impôts massives.
‘J’ai été déçu de découvrir un projet de loi aussi volumineux, qui augmente le déficit budgétaire au lieu de le réduire, et qui compromet le travail accompli par l’équipe du DOGE’, a déclaré Musk sur CBS News. »
Et voici ce que rapporte Bloomberg :
« Musk quitte Washington dans l’état où il l’a trouvé. »
Pauvre Elon. Il n’a jamais vraiment compris ce qu’est un gouvernement… ni ce qu’on attendait de lui.
Il s’était pourtant placé en première ligne : exposé au ridicule, attaqué de toutes parts, devenu la cible des autorités fédérales, des médias, de la casta politica et de tous les parasites vivant aux dépens des autres. Musk s’était engagé comme volontaire sans être rémunéré. C’est lui qui avait formé une équipe, identifié des milliards de dollars de « gaspillage, fraude et inefficacité » dans les dépenses fédérales.
Dans le monde de l’entreprise, éliminer le superflu est vital pour être rentable. Les sociétés cherchent à produire mieux pour moins cher. Le « gras » est un ennemi.
Mais en politique, le « gras », c’est le coeur du système. C’est ce que les élus recherchent : de l’argent public à redistribuer à leurs électeurs, à leurs amis, à leurs bailleurs. Si vous financez une guerre avec efficacité, vous obtenez surtout des morts, des ruines et des destructions. Regardez ce que les Etats-Unis obtiennent à Gaza pour leurs milliards : un champ de ruines.
Si l’argent était gaspillé, il causerait moins de dégâts. De plus, une plus grande partie de l’argent irait là où il est réellement destiné à aller : dans les poches des politiciens, des proches du régime et des clients privilégiés.
Les lieutenants d’Elon ont identifié des milliards qui pouvaient être supprimés : des programmes « d’aide à l’étranger » dont les fonds ne quittaient même pas la région de Washington. Du point de vue des autorités fédérales, il s’agissait d’un programme idéal. Une partie de l’argent était censée servir à former des « artistes de cirque africains ». Là encore, une escroquerie parfaite. Les clowns n’allaient pas se plaindre !
L’équipe d’Elon a même trouvé 4 700 milliards de dollars de paiements pratiquement intraçables.
Mais après tous ces efforts, après avoir enduré les attaques, la nation l’a-t-elle remercié ? Les républicains ont-ils intégré ne serait-ce qu’une fraction de ces économies dans leur « grand et beau projet de loi » ?
Non, ils ne l’ont pas fait. Charlie Bilello pose la question :
« Quid des réductions de dépenses du DOGE ? Aucune n’a été inscrite dans la loi, ce qui signifie que toutes les économies annoncées ces derniers mois pourraient être temporaires. »
Le « grand et beau projet de loi » des républicains prolonge les baisses d’impôts de 2017, en introduit de nouvelles (sur les pourboires, par exemple), augmente les dépenses et creuse des déficits record.
Et maintenant, ils abandonnent Musk à son sort. The Independent rapporte :
« Un juge épargne Trump d’un procès majeur intenté au DOGE – Elon Musk en reste le seul accusé.
Nommé par Trump à la tête du DOGE, Musk est visé par une plainte de 14 Etats qui soutiennent qu’il n’avait aucune autorité légale pour procéder à des licenciements massifs, supprimer des subventions, ou accéder à des données sensibles de l’administration et des contribuables. »
Musk croyait rendre service au pays. Il pensait que les partisans de Trump voulaient vraiment réduire l’ampleur de la dette. Il s’est trompé.
Et maintenant, il doit affronter un procès où on l’accuse d’avoir agi sans aucune autorité – alors même qu’on lui avait demandé d’intervenir.
Pour finir, la Maison-Blanche l’a enfoncé un peu plus, affirmant qu’il n’avait « aucun pouvoir réel ou officiel pour prendre des décisions gouvernementales ».
Malgré sa fortune, ses avocats et ses succès dans le privé, Elon Musk est désormais une victime de plus… de la politique.