Dans un monde de maisons soit offertes soit trop chères, et d’actions ignorant la hausse des taux d’intérêt… A quand la baisse de tous les actifs ?
La Sicile est chaude. Sèche. Ensoleillée.
La route de Catane à Taormine est très jolie ; on y voit des lauriers roses en fleurs le long de l’autoroute, et la mer Ionienne étincelante sur notre droite.
La campagne est belle, bien qu’un peu austère. C’est un lieu à la mode, avec de grands yachts ancrés au large… et des hôtels chics sur les pentes abruptes des collines.
Mais à l’intérieur des terres, les maisons sont vides. Apparemment, il y a actuellement un certain nombre de logements disponibles à Castiglione di Sicilia, non loin de là.
Le taux de natalité en Italie (comme dans la plupart des autres pays développés) est si bas que de nombreuses villes ont été abandonnées. Les maisons, dont les propriétaires sont en maison de retraite ou déjà enterrés, ne trouvent pas d’acquéreurs. Au lieu de cela, elles restent vides… leurs peintures défraîchies et volets arrachés par le vent.
Les villes meurent en même temps que leurs habitants.
Gelato suédois ?
Il y a quelques années, un maire entreprenant a eu l’idée d’offrir des maisons vides pour attirer de nouveaux habitants. Mais il y avait un os : il fallait dépenser de l’argent pour remettre l’endroit en état… et y vivre, au moins pendant un certain temps.
Depuis lors, de nombreuses localités ont suivi l’exemple, en ajoutant même de l’argent aux offres pour payer les rénovations. Plus récemment, sur des îles situées au large de la côte ouest de l’Irlande, des maisons et jusqu’à 100 000 $ ont été offerts à toute personne acceptant de s’y installer.
De nombreuses personnes ont accepté. Il y a des villes en Sicile, par exemple, dont les habitants sont presque tous Américains, Hollandais, Allemands ou Scandinaves. Ils vivent à temps plein ou à temps partiel dans leur nouvelle maison ensoleillée. Et, grâce à Internet, nombre d’entre eux continuent à exercer leur travail d’origine sans interruption.
Le seul problème, c’est que l’une des choses qui font qu’un endroit est agréable à vivre, ce sont les gens qui y habitent. Si l’on retire les Siciliens d’une ville sicilienne, ce n’est plus une ville sicilienne. Où sera le bar local ? Où seront les voisins qui parlent leur propre forme d’italien ? Où seront les panna cotta… les gelato… les ravioli neri ? Les étrangers auront beau imiter toutes ces choses… ce ne sera jamais pareil.
Nous vous donnerons plus d’informations sur la Sicile… au fur et à mesure que nous la découvrirons.
Aujourd’hui, nous allons revenir sur le sujet de la formidable économie américaine… mais uniquement pour dire qu’elle ne l’est pas.
Rappelons que le taux des fed funds a été proche de zéro pendant 14 ans, de 2009 à 2022, avec un taux après inflation substantiellement négatif. Aujourd’hui, le taux nominal est supérieur à 5%, ce qui correspond à peu près à l’inflation.
Notre hypothèse est qu’il est impossible de passer d’une falsification soutenue des taux d’intérêt (en fixant des taux de prêt beaucoup trop bas pendant beaucoup trop longtemps) à un retour à la « normale » sans une sérieuse réévaluation de la valeur des capitaux. En d’autres termes, si une action valait 100 $ lorsque les taux d’intérêt étaient inférieurs à zéro, elle peut ne valoir que la moitié de cette somme lorsqu’ils sont proches de 5%.
Un retour à la normale
Pourquoi ? Parce qu’un investisseur peut désormais obtenir un rendement de 5% pratiquement sans prendre aucun risque. Acheter Nvidia, en revanche, est pratiquement une invitation à perdre de l’argent.
Immobilier… obligations, même histoire. La tendance primaire des taux d’intérêt s’est inversée en 2020 (c’est du moins ce que nous croyons). Aujourd’hui, plus ils augmentent, moins les actions, les obligations et l’immobilier valent quelque chose.
Mais attendez… les médias financiers nous disent que tout va bien. Nous sommes passés d’un « atterrissage brutal » à un « atterrissage en douceur », puis… à plus d’atterrissage du tout.
Prenons l’exemple du marché boursier. Les « sept magnifiques » suscitent beaucoup d’enthousiasme. Il s’agit des plus grandes entreprises technologiques. Réunies, elles sont censées valoir 10 000 Mds$.
La plus impressionnante d’entre elles est probablement Nvidia. Elle fabrique les puces en silicium qui, selon les investisseurs, seront essentielles pour concrétiser les nouvelles avancées de l’IA. Mais le super-boom alimenté par l’IA va très certainement s’évanouir… tout comme la bulle des cryptomonnaies… et la bulle des dot-com qui l’a précédée.
Une forme d’intelligence artificielle alimente déjà des sites tels que ChatGPT et fournit du bla-bla sur n’importe quel sujet. Mais, comme toutes les technologies de pointe qui l’ont précédée, il est peu probable que l’IA contribue réellement à la croissance réelle et générale du PIB. Il y aura certainement au moins une ou deux entreprises spécialisées dans l’IA qui deviendront rentables… mais Nvidia ne sera peut-être pas l’une d’entre elles.
Les grandes entreprises technologiques sont très chères. Et à moins que quelque chose de vraiment extraordinaire ne se produise, il est presque certain qu’elles le seront moins à l’avenir. Et lorsqu’elles s’effondreront, il est fort probable qu’elles entraîneront dans leur chute les entreprises qui ne font pas partie des grandes entreprises technologiques.
Pendant ce temps, les consommateurs manquent d’argent. Les revenus réels ont baissé pendant plus de deux ans. Ce n’est que récemment qu’ils ont affiché une croissance positive… et les dernières révisions suggèrent qu’ils pourraient bientôt repartir à la baisse.
Les remboursements hypothécaires représentent à nouveau plus de 40 % du revenu médian, soit le même niveau qu’en 2007, lorsque la dernière bulle immobilière a éclaté.
Moins d’économies, moins de dépenses
Maintenant que les mesures de relance, les prêts à taux préférentiels, les taux d’intérêt très bas et les réductions d’impôts ne sont plus visibles que dans le rétroviseur, le chemin à parcourir s’annonce semé d’embûches. Les consommateurs ont moins d’argent à épargner.
Newsweek rapporte :
« Le taux d’épargne des ménages américains chute rapidement. En février, le taux d’épargne des particuliers américains était estimé à environ 4,6%, bien en dessous de la moyenne des dernières décennies, qui est d’environ 8,9%, selon le Bureau d’analyse économique. »
Et ils ont moins à dépenser. Voici que dit Stephanie Pomboy à ce sujet :
« Comment se fait-il que ce ne soit pas la SEULE chose dont les gens parlent aujourd’hui ? La tendance des ventes des magasins comparables est horrible ! Et n’oubliez pas qu’il s’agit d’un chiffre NOMINAL. (La réalité est encore plus catastrophique dans le contexte de la montée en flèche des encours de cartes de crédit.) »
Charlie Bilello en dit plus :
« L’indice économique avancé du Conference Board a baissé en mai pour le 14e mois consécutif. Il prévoit désormais une récession aux Etats-Unis entre le troisième trimestre 2023 et le premier trimestre 2024, sous l’effet d’une politique monétaire restrictive et d’une baisse des dépenses publiques.
Les deux composantes de l’indice avancé qui ne montrent pas actuellement un signe de faiblesse économique sont le marché boursier (S&P 500) et les permis de construire (augmentation de l’activité de construction de logements résidentiels). Les autres éléments (courbe de rendement inversée, crédit, attentes des consommateurs, nouvelles commandes, etc.) continuent de suggérer qu’un ralentissement est à venir. »
Et voici la conclusion de l’analyste macro-économique Gerard Minack :
« En résumé, si plusieurs facteurs ont retardé une éventuelle récession, la plupart d’entre eux sont temporaires et s’estomperont au second semestre. Le PIB réel a chuté pendant deux trimestres consécutifs, ce qui est un signe fort de la probabilité d’une récession au second semestre. »
Doit-on s’attendre à une récession ? A une baisse des actions… de l’immobilier… des obligations ? Nous n’en savons rien. Mais après avoir vu notre facture d’hôtel ici à Taormina, nous allons nous renseigner sur les maisons gratuites à Castiglione de Sicilia. Nous en aurons peut-être bientôt besoin.
1 commentaire
Toujours beaucoup d’humour dans vos articles bien documentés. Les évènements du futur, c’est comme les particules élémentaires : ils ne se dévoilent que lorsqu’on les observe (« décohérence quantique »).