▪ Le CAC 40 a rebondi opportunément jeudi de 1,4% sur le palier (et tout récent support) des 3 350 points. Mais c’est à peine surprenant dans la mesure où d’autres grands indices de référence étaient revenus se positionner en douceur sur des supports techniques majeurs ces dernières 48 heures. Nous pensons notamment aux 2 455 points pour l’Euro-Stoxx 50, 1 440 pour le S&P, ou encore13 330 pour le Dow Jones).
Paris a nettement accéléré son rebond avec le re-franchissement des 3 390 points : il n’aura fallu que quelques minutes en début d’après-midi pour atteindre les 3 410 points, puis 90 minutes de plus pour tester 3 423.
Le CAC 40 a ainsi effacé les pertes des 9 et 10 octobre grâce à un rebond qui — par son ampleur et le caractère linéaire de la hausse — rappelle par bien des aspects celui du lundi 1er octobre dernier, sans que l’actualité du jour soit particulièrement rassurante.
De façon assez singulière, les volumes ont bondi de deux milliards à 2,7 milliards d’euros au moment du fixing. Ce n’est probablement pas anodin car cela masque la très faible participation des opérateurs à ce pullback haussier.
▪ Quelles explications pour cette hausse ?
Les commentateurs ont d’abord expliqué ce mouvement par l’espoir que l’Espagne annonce son recours au MES après une dégradation à BBB- par Standard & Poor’s. Puis, à partir de 14h30, par la bonne surprise constituée par les chiffres hebdomadaires du chômage aux Etats-Unis.
Le département du Travail a publié un recul hebdomadaire de 30 000 demandeurs d’allocations, lequel tombe une nouvelle fois au meilleur moment pour l’administration Obama.
Mais cette statistique inespérée (le consensus tablait sur un statu quo) est complètement faussée par la Californie qui aurait omis d’inclure des dizaines de milliers de dossiers en attente en fin de troisième trimestre.
En temps normal, il faudrait tabler sur un ajustement dès la semaine prochaine, mais nous faisons le pari qu’il faudra attendre jusqu’à début novembre pour que le décompte soit jugé suffisamment exact pour être diffusé.
Pour qui ne se soucie pas de ce genre de petits détails anodins, la réalité qui transparaît, c’est que le chômage est au plus bas depuis quatre ans (et l’entrée en fonction de Barack Obama).
La hausse initiale de Wall Street (0,6% à 0,7%, ce qui effaçait en quelques minutes les pertes de la veille) démontre que les opérateurs faisaient allègrement l’impasse sur le creusement de 4,5% du déficit commercial américain au mois d’août.
Le parti pris haussier semble d’autant plus évident que Madrid affichait le plus spectaculaire renversement de tendance du jour (de -1,5% à +1,35% au plus vers 17h15), alors que Standard & Poor’s avait annoncé mercredi soir dégrader de deux crans la note souveraine de l’Espagne (à BBB-).
Cependant, les marchés ont vite conclu que c’était un non-événement puisque S&P n’a fait que s’aligner sur Moody’s. Cela se transforme même en facteur d’optimisme puisque la pression des agences s’intensifie sur le gouvernement de Mariano Rajoy, ce qui l’inciterait à recourir sans trop tarder au fonds de sauvetage européen.
Mais qui souligne que le déclenchement des mécanismes de sauvetage entraînerait les appels de fonds visant à doter le MES de sa fameuse force de frappe ?
▪ Toc toc toc : c’est le MES
Le MES va d’abord frapper… mais à la porte des Etats (et des contribuables) pour qu’ils financent leur quote-part. De quelle façon cette contribution s’imputerait-elle sur le budget de la France alors que la loi de Finance 2013 n’a rien prévu à cet effet ? Quel effort fiscal supplémentaire faudra-t-il consentir ?
Il y a plus ubuesque : l’Espagne va devoir s’endetter de quelques milliards supplémentaires (à 6% actuellement) pour honorer ses engagement et bénéficier de taux avantageux — à définir mais ce serait inférieur à 3%.
Vous voulez encore plus ubuesque ? L’Italie — en lourd déficit cette année — va également devoir lever plus d’une dizaine de milliards sur les marchés (à 5% actuellement) pour bénéficier… de rien du tout.
Un peu comme les formules de réduction de la SNCF. Il faut payer 50 euros pour bénéficier ultérieurement de 20% de réduction sur les billets de train (et amortir les frais d’inscription). En l’occurrence, la France et l’Italie vont payer cette carte plein pot — et proportionnellement à leurs revenus, c’est-à-dire plus cher que l’Espagne — mais n’auront le droit à aucune déduction d’aucune sorte.
Elle est pas belle l’affaire ?