Une traversée de la Manche périlleuse et un point sur nos prévisions pour 2023…
Nous sommes récemment revenus en France depuis l’Irlande. En regardant les prévisions maritimes, nous avons compris que la mer serait particulièrement agitée. Nous n’avions pas envie d’avoir le mal de mer pendant 17 heures de voyage. Nous avons donc pris la voiture pour traverser le Pays de Galles, puis l’Angleterre jusqu’à la côte du sud-est, où nous prendrons l’eurotunnel pour rejoindre Calais.
Cela nous a laissé peu de temps pour lire ou écrire. Nous allons donc commencer par un bref état des lieux des marchés financiers.
Voici le Financial Times : « Les marchés perdent plus de 30 000 Mds$ et signent leur pire année depuis la crise financière. » Un éditorial commence par « c’est la fin de l’argent bon marché ».
La BBC surenchérit :
« Un tiers de l’économie mondiale sera en récession cette année, prévient la présidente du Fonds monétaire international (FMI).
Kristalina Georgieva a annoncé que 2023 sera plus difficile que 2022 à cause du ralentissement de l’activité économique aux États-Unis, dans l’Union européenne et en Chine.
‘Même dans les pays qui ne sont pas en récession, des centaines de millions de gens auront l’impression de vivre une récession’, poursuit-elle. »
Avertissements
En parcourant l’actualité, nous avons pu voir de nombreuses « prédictions pour 2023 » ces dernières semaines. Le consensus est que l’inflation va refluer, que la Fed continuera à réorienter sa politique monétaire ou, à tout le moins, qu’elle infléchira son programme de ‘resserrement’ et que les bourses termineront l’année en hausse.
A cet égard, quelques avertissements s’imposent. Alors que les Bourses américaines ont terminé l’année 2022 en baisse de 20% environ, les indices turcs ont pour leur part gagné 110%. Qu’est-ce qui explique le fait que la Bourse d’Istanbul vaut soudainement deux fois plus qu’en 2021 ? Le rétablissement du marché-libre par le pouvoir ? De nouvelles inventions ? Une économie en plein boom ?
Rien de tout cela. Le taux d’inflation, qui a atteint 85%, a poussé les Turcs à se réfugier vers la Bourse. « Les alternatives manquent », explique un sage d’Istanbul.
En d’autres termes, les gains boursiers ne sont pas toujours ce qu’ils semblent être. Il convient de se rappeler qu’à la fin des années 1960 et 1970, les Bourses américaines avaient poursuivi leur bonhomme de chemin, alors même que l’inflation avait érodé 75% de leur valeur.
Par conséquent, plutôt que d’essayer de deviner le niveau du Dow Jones, essayons de comprendre ce qu’il se passe réellement.
Par ailleurs, ces derniers jours, nous avons formulé quelques idées provocatrices, et peut-être séditieuses.
Premièrement, le gouvernement ne nous représente pas tous. Il représente certains d’entre nous. C’est toujours le cas. Partout. Vous pouvez parler de « votre gouvernement », mais le fait est qu’il y a toujours une petite élite pour prendre le contrôle.
Lorsque les Etats-Unis ont été créés, ces « décideurs » étaient également des étrangers. Ils gagnaient leur vie en se prodiguant des biens et des services entre eux. Ils avaient compris que le gouvernement serait toujours une menace pour d’honnêtes affaires. Ils ont donc essayé de limiter son pouvoir et de confier le contrôle du gouvernement au « Peuple » et à ses représentants.
Droit vers la crise
C’était bien tenté. Mais, après 200 ans, les termites se sont attaqués au bois. Et les parasites peuvent faire peu ou prou ce qu’ils veulent. Les choses qui ruinent le plus un pays (la guerre et l’inflation) sont entièrement sous leur contrôle. Le président peut déclencher une guerre d’un simple mot. Et la Fed peut manipuler la valeur du dollar sans que le Congrès n’ait voix au chapitre. Même le premier amendement, qui garantit la liberté d’expression, a été bafoué à de nombreuses reprises, puisque des agents du gouvernement s’entendent avec des entreprises privées pour restreindre ce que les Américains peuvent lire.
Désormais, les décideurs ne sont plus des étrangers. Ce sont des initiés, ils agissent de l’intérieur. Ils ne veulent plus limiter le pouvoir du gouvernement, mais l’étendre toujours plus. Ils se rendent compte que chaque nouvelle étape consolide leur pouvoir, leur statut social et leur situation financière, tout en érodant la richesse et l’indépendance de leurs rivaux dans le secteur privé.
La Constitution américaine est en grande partie obsolète. Les gens qui ont écrit la Constitution et la Déclaration des droits étaient fondamentalement différents de ceux qui les bafouent aujourd’hui.
De plus, la situation dans laquelle se trouvent l’économie et les marchés à l’heure actuelle est pratiquement l’exact opposé de la situation dans laquelle ils se trouvaient il y a 40 ans. A l’époque, les Bourses avaient traversé un épisode baissier qui avait duré 16 ans. Les cours étaient au plus bas. Les marchés obligataires avaient également traversé un épisode baissier depuis la fin des années 1940. Concernant le niveau de la dette, le gouvernement américain devait moins de 1 000 Mds$. Et les bons du Trésor américain à dix ans, qui servent de référence, affichaient un taux d’intérêt de plus de 15%.
De nos jours, les indices boursiers et les marchés obligataires sont au plus haut ou presque et la dette américaine dépasse les 31 000 Mds$. Les taux d’intérêt sont faibles (même après la remontée des taux de la Fed, le taux directeur de la Fed reste inférieur de 300 points de base, ou 3 points de pourcentage, au taux d’inflation des prix à la consommation).
Dans ces circonstances, nous avons notre petite idée sur ce vers quoi se dirigent les marchés et sur ce que la Fed s’apprête à faire. Pour faire court, nous sommes en pleine correction boursière. La tendance principale est à la baisse, pour les actions et pour les obligations. Cela conduira à une crise car refinancer la dette coûte de plus en plus cher.
Reste à voir comment l’élite réagira face à cette crise imminente. Acceptera-t-elle de se serrer la ceinture et de laisser la correction faire son travail pour revenir à un monde financier plus « normal » ? Ou bien perdra-t-elle son sang-froid et fera-t-elle le choix de changer de cap et de faire tourner de nouveau la planche à billets ?
Nous avons notre petite idée sur le sujet. Mais nous serions ravis qu’il en soit autrement.
Affaire à suivre…