S’il ne fonctionne pas vraiment pour justifier de vendre, et qu’il n’est certainement pas infaillible pour justifier un achat, il fait bien assez souvent ses preuves.
Il y a quelques années, lors d’une conférence sur l’investissement, un des participants m’a dit qu’il était préoccupé par la quantité de ventes d’initiés sur certaines de ses actions.
Devrait-il vendre les siennes ? Pas nécessairement.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les dirigeants ou les administrateurs décident de vendre leurs actions, qui n’ont rien à voir avec les perspectives de leur entreprise.
Par exemple, les initiés peuvent vendre pour diversifier leurs portefeuilles.
Bill Gates vend régulièrement des actions de Microsoft depuis des décennies. Est-ce parce qu’il n’aime pas les perspectives de l’entreprise qu’il a fondée ? Pas du tout. L’écrasante majorité de sa fortune est liée à l’action du groupe.
Mais même Bill Gates a des frais. Il doit vendre des actions de temps à autre pour payer ses factures et financer ses activités.
En effet, les initiés peuvent vendre leurs actions pour répondre à des besoins financiers spécifiques, comme le paiement d’une résidence secondaire, ou les frais d’inscription à l’université de leurs enfants. Ou encore pour divorcer.
Peu de raisons d’acheter
Il existe de nombreuses raisons pour ces ventes, qui n’ont absolument rien à voir avec les perspectives à court terme de l’entreprise.
En revanche, il existe de bonnes raisons de vendre qui ont tout à voir avec les perspectives à court terme de l’entreprise. Les initiés d’Enron, par exemple, ont vendu pour 1,1 Md$ d’actions au cours des 12 mois qui ont précédé la faillite de l’entreprise.
Les ventes d’initiés sont difficiles à appréhender. Elles constituent parfois un signal négatif. D’autres fois, ce n’est pas le cas.
Mais retournons l’équation. Pourquoi les initiés achèteraient-ils des quantités importantes d’actions de leur propre entreprise avec leur propre argent aux prix actuels du marché ?
Il n’y a qu’une seule réponse logique.
Compte tenu de tout ce qu’ils savent sur l’entreprise, ses employés, ses fournisseurs, ses clients et ses concurrents – y compris de nombreuses informations non publiques – ils estiment que les actions se vendent bien en deçà de leur valeur intrinsèque.
C’est un signal qui mérite d’être souligné.
Cela fait maintenant près de 40 ans que je surveille les achats d’initiés.
Début 2020, par exemple, j’ai recommandé At Home Group dans l’un de mes services de négociation VIP. Il s’agit d’un exploitant de grandes surfaces de décoration intérieure. J’ai indiqué à mes lecteurs que l’entreprise avait manqué les estimations de ventes et de bénéfices au cours des derniers trimestres. Cela expliquait pourquoi l’action s’était effondrée, passant de plus de 40 $ à environ 6 $.
L’essentiel de son chiffre d’affaires étant réalisé dans des magasins physiques, l’entreprise apparaissait comme une victime classique de l’« apocalypse du commerce de détail ». D’autant plus que la pandémie s’aggravait et que des fermetures de magasins se profilaient à l’horizon.
Un bon signal, mais pas infaillible
Toutefois, j’ai noté que l’initié Clifford Sosin – qui détenait plus de 10% des actions en circulation – avait récemment acheté 470 000 actions supplémentaires.
Les initiés ne sont pas enclins à jeter leur argent par les fenêtres. Et les antécédents de M. Sosin montraient qu’il avait été particulièrement avisé lors de ses précédents achats d’initiés.
Bien sûr, l’action a rebondi. Début 2021, At Home a accepté de se vendre à la société de capital-investissement Hellman & Friedman pour 2,8 Mds$ – en numéraire – soit environ 36 $ par action… six fois le cours de début 2020.
Les achats d’initiés se déroulent-ils toujours de cette manière ? Malheureusement non. Aucun signal du marché n’est infaillible.
Mais les initiés disposent d’un avantage massif et injuste. C’est pourquoi le gouvernement américain exige qu’ils déposent un « formulaire 4 » auprès de la Securities and Exchange Commission chaque fois qu’ils achètent ou vendent des actions de leur propre société.
L’achat d’actions par des initiés est l’un des signaux les plus convaincants que vous puissiez obtenir.
Lorsque vous voyez des dirigeants et des administrateurs acheter des actions de leur propre société, vous pouvez ignorer ce que disent les analystes. Après tout, les analystes couvrent des dizaines d’actions. Ce sont les initiés qui dirigent cette entreprise.
Les analystes n’ont pas accès à des informations importantes et non publiques. Les initiés, eux, y ont accès. Plus précisément, les analystes émettent des opinions. Les initiés, eux, risquent leur propre argent.
Qui voulez-vous vraiment écouter ?
Nous venons de connaître la pire inflation depuis 40 ans et les plus fortes hausses de taux d’intérêt depuis 1998…
Et pourtant, les initiés investissent dans leurs propres actions au rythme le plus rapide jamais enregistré.