▪ Un vent froid et sec souffle sur le marché des matières premières. Des marchés entiers de métaux ou de produits agricoles pourraient se retrouver asséchés dans les années à venir.
Ce syndrome de la « cale sèche », l’absence matière, n’a rien d’étonnant. Nous, investisseurs, sommes habitués au caractère cyclothymique des matières.
Dans les années à venir, nous allons cependant devoir affronter une menace d’une bien plus grande ampleur que ces simples « accidents » météorologiques. Nous allons devoir affronter la planification de la pénurie.
C’est une tendance de fond des matières premières. Les pays producteurs baissent le rideau de leur échoppes, ferment boutique, coupent leurs exportations… en prenant le risque de mettre le feu aux marchés internationaux.
Le phénomène n’est pas forcément nouveau. D’ailleurs, ses raisons sont très diverses. Le problème, c’est qu’elles sont en train de se conjuguer actuellement. Identifions tout de suite les principaux marchés menacés, et comment vous pourrez en profiter.
▪ Le réchauffement climatique n’est plus une lubie d’Occidentaux…
Ne croyez pas que nous soyons les seuls à nous préoccuper de la disparition des phoques en mer du Nord et de la tortue luth au Costa Rica.
Tout le monde se sent concerné, car ces événements locaux ont des répercutions à l’échelle internationale. La perte de biodiversité finira inévitablement par peser sur les marchés agricoles, en réduisant la capacité des plantes à s’adapter à leur environnement. Et nous pourrions évoquer l’érosion des sols, la baisse des ressources en eau…
▪ … mais son importance est à relativiser
Pourtant si la dégradation de notre environnement est lourde de conséquences, son impact sur les matières, notamment agricoles, n’est pas encore clairement établi. Comme le rappelle Sandrine Paillard, ancienne membre de l’INRA (Institut national pour la recherche agronomique), « les ressources disponibles (naturelles et technologies) actuelles seraient suffisantes pour nourrir correctement les neuf milliards de personnes attendus en 2050 […] Cela signifie que l’insécurité alimentaire n’est pas due aujourd’hui à une production insuffisante mais à des problèmes d’accès à l’alimentation ».
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J’EN AI MARRE !!!
J’en ai ASSEZ d’entendre parler des déficits de la Zone euro… de la monnaie papier contre l’or… des Triple A ou Triple Z… des problèmes des PIIGS… et autres théories économiques ENNUYEUSES sur lesquelles vous n’avez AUCUN contrôle.
La vérité, c’est que si vous voulez faire des gains dans les marchés actuels, rien de tout ça n’a d’importance !
Il suffit d’aller chercher les opportunités ailleurs : je vais vous montrer comment…
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Ainsi le principal risque qui pèse sur les marchés de matières n’est pas environnemental, mais politique. C’est bien l’irruption du « patriotisme des ressources » qui pose actuellement un problème sur les marchés des commodities. Pire, ses diverses formes ont tendance actuellement à se coupler.
▪ Le nationalisme alimentaire
Depuis les émeutes de la faim de 2008, les gouvernements multiplient les dispositions pour freiner les exportations de matières agricoles. Plusieurs outils sont à disposition : taxes, quotas, réglementations environnementales.
Le cas de l’Argentine est particulièrement révélateur. Buenos Aires est devenu récemment le champion du monde du protectionnisme. Selon Global Trade Alert, une ONG surveillant la liberté commerciale, l’Argentine a mis en place 192 mesures protectionnistes depuis 2002, avec une accélération depuis 2008. Les matières ont été notamment abondement protégées.
Les exportations de maïs, de blé et de boeuf sont notamment tombées sous la coupe réglée de la présidente Cristina Fernández de Kirchner.
Encore plus près de nous, la lutte contre la hausse des prix alimentaires était au coeur du projet politique du Sénégalais Macky Sall. C’est peut-être une des explications de son écrasante victoire, à 65% contre Abdoulaye Wade.
▪ Le nationalisme politique
Imposer des barrières à l’exportation peut également permettre d’assurer un accès à une matière première à bas coût aux industriels. Récemment, c’est le gouvernement indien qui a été tenté d’interdire unilatéralement l’exportation de coton.
Les industriels indiens craignaient de manquer de matières premières cette année. Or l’Inde est le deuxième producteur de coton au monde. Si le gouvernement a fini par reculer piteusement devant la protestation des industriels chinois, le geste de New Delhi s’est inscrit dans l’air du temps.
▪ Le nationalisme économique
Certains pays veulent à tout prix sortir de leur dépendance aux matières premières. Ou plutôt s’en servir comme un tremplin pour monter en gamme. Le cas du Brésil et de la Chine est particulièrement éclairant. Cécile Chevré est revenue sur ce cas emblématique d’une trop forte spécialisation dans la Quotidienne d’Agora.
Un autre pays mène actuellement une politique protectionniste de montée de gamme, l’Indonésie. Minier hier, l’Indonésie se voit déjà un grand sidérurgiste demain. Dès 2009, Jakarta décidait de renforcer son contrôle sur les licences accordées aux miniers. Les miniers étrangers étaient alors obligés d’accepter une prise de participation de l’Indonésie dans leur capital.
En février 2012, Jakarta annonçait qu’il serait impossible d’exporter du minerai à partir de 2014 s’il n’avait pas été transformé sur place. Enfin, il y a quelques semaines, l’Indonésie a annoncé que la date butoir pourrait être avancée à cette année.
L’Indonésie est un important producteur de bauxite (aluminium), de cuivre, de charbon, de nickel et surtout d’étain. C’est bien pour se sortir de cette dépendance aux métaux que l’Indonésie passe actuellement ces lois. Le problème, c’est que les cours risquent de partir en flèche au moindre problème d’approvisionnement.
▪ Mon conseil
En 2011, le cabinet d’étude Ernst & Young avait identifié le « nationalisme de ressources » comme le premier risque pour les approvisionnements en minerai. En 2012, la menace vient de se préciser dans certains pays.
Il n’est pas question ici de porter un jugement. Il est difficile de condamner un pays qui restreint ses exportations de blé pour nourrir son peuple ou de métaux pour lui donner du travail.
Non, l’intérêt ici est d’orienter vos investissements vers les secteurs qui ont le plus besoin de développer leurs capacités de production. L’idéal est d’investir sur une compagnie qui est déjà solidement implantée sur le marché producteur, ou à proximité, et qui est relativement à l’abri des desiderata de son gouvernement.
[NDLR : C’est ce genre d’entreprises que Florent vous recommande mois après mois dans sa lettre, Matières à Profits. Pour profiter de ses conseils, continuez votre lecture…]
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 28/03/2012.