Les marchés sont de plus en plus automatisés, régis par des robots. Une situation qui peut marcher pour les avions ou les automobiles, mais qui s’avère plus problématique en Bourse…
Les avions sont informatisés. Les pilotes pilotent très peu, sauf pour contrôler une difficulté particulière lors des décollages et atterrissages.
Les automobiles sont en cours d’automatisation pour devenir des véhicules à conduite autonome, où le « conducteur » humain pourra s’assoupir ou bien lire des SMS au volant.
Des milliers de milliards de messages financiers circulent via le système SWIFT, chaque jour, sans l’intervention d’aucun agent administratif, guichetier ou comptable.
Pourquoi les transactions boursières ne pourraient-elles être traitées de manière entièrement automatisé d’un bout à l’autre ?
Réponse : parce qu’une place boursière n’est pas une voiture, ni un avion, ni un compte en banque. C’est un lieu destiné à la « découverte du prix ». Et cette découverte du prix est, par inhérence, un processus subjectif et psychologique.
La différence est profonde
Lorsqu’un avion entre dans une zone de turbulences, l’existence de cette turbulence n’est pas contestable : on la ressent très bien. Le fait que l’avion doive voler plus haut ou plus bas pour en sortir n’est pas contestable non plus.
Les ordinateurs peuvent très bien gérer ce type de problème et, lorsqu’il y a un pilote humain à bord, il peut prendre la main sur l’ordinateur si nécessaire.
Avec les actions, c’est différent. Il n’y a rien d’objectif ou d’automatique concernant le cours d’une action. Il n’y a pas de pilote automatique capable de prendre la bonne décision dans tous les cas.
C’est bien connu, les marchés traversent des épisodes d’euphorie motivés par l’avidité, ou bien la peur – plus nébuleuse – de passer à côté de quelque chose.
Ils sont également tristement célèbres pour leurs krachs éclairs et les trous d’air faisant chuter les indices de 5% (voire plus) sur une seule séance, et ce sans aucune raison identifiable.
Les robots peuvent opérer dans ces conditions, mais ils ne peuvent pas les comprendre. Pour rétablir la rationalité, il faut au moins quelques acteurs humains rationnels – et c’est précisément ce qu’il manque aujourd’hui.
Les robots, avantages et inconvénients
Il est vrai que les robots permettent de baisser les coûts et d’exécuter les ordres plus rapidement, en se passant de l’élément humain.
Les robots peuvent également réaliser des performances raisonnablement correctes dans un contexte d’apaisement des marchés et de faible volatilité, où l’exécution revient à augmenter ou réduire certaines positions en passant d’un secteur à un autre lorsque la liquidité est abondante.
Les problèmes surviennent lorsque la liquidité n’est pas abondante, lorsque les marchés s’envolent ou s’effondrent, et lorsque la peur ou l’euphorie sont dans l’air.
Les humains ont déjà vécu ces circonstances. Les humains (ou du moins certains d’entre eux) peuvent modérer leur euphorie ou surmonter leur peur. Cela veut dire vendre quand tout le monde achète, ou acheter quand tout le monde vend.
Ces réactions humaines ne sont pas irrationnelles. En fait, elles contribuent à signaler qu’il subsiste une certaine rationalité.
Ensuite, une montagne de biais cognitifs entre en jeu. Les humains sont sujets à la dynamique du troupeau. Cela peut être dangereux, lorsque le troupeau se précipite vers la sortie, mais cela peut être très constructif lorsque le troupeau décide de se calmer. Un humain qui contrecarre la tendance peut donner l’exemple, faire des adeptes et inverser le mouvement.
Les robots sont incapables de jouer ces rôles salutaires. Les robots peuvent être programmés pour « acheter à la baisse et vendre à la hausse » au sein de fourchettes prédéterminées.
Mais lorsque les actions s’échappent de leurs fourchettes ou lorsque les ordres stop sont déjà largement dépassés en raison de violents écarts de cours, les ordinateurs se débarrassent de tout et « baissent le rideau ».
Malgré les affirmations les plus extravagantes des partisans de l’intelligence artificielle (IA), les robots sont incapables de flairer la peur, d’identifier une opportunité, et de prendre la main pour inverser un comportement de marché chaotique.
La suite dès demain…