Un indicateur avancé de la santé économique des États-Unis vient de virer au rouge : le prix du bois de construction.
Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) vient, comme attendu, de baisser ses taux directeurs de 25 points de base, les marchés financiers ont accueilli la nouvelle avec une étonnante sérénité. Cette décision, qui marque un assouplissement monétaire attendu, n’a en rien interrompu la progression, devenue presque monotone, des grands indices américains.
Le S&P 500, en particulier, a enregistré une hausse de 0,6 % sur les cinq derniers jours, portant son envolée à +13 % depuis le 1er janvier. Une performance qui témoigne de l’optimisme tenace des investisseurs, lesquels continuent de miser sur une accélération de la croissance américaine dans les mois à venir.
L’état d’esprit qui règne actuellement sur les marchés américains peut être qualifié d’euphorique. Cet enthousiasme se reflète notamment dans le PER (Price Earning Ratio) moyen du S&P 500, qui demeure fermement campé au-dessus de 29,5. Un tel niveau implique qu’un investisseur mettrait près de 30 ans à récupérer sa mise initiale via les bénéfices générés par les entreprises cotées.
À l’échelle du temps d’investissement moyen, une telle durée n’a de sens que si l’on anticipe une forte croissance future de l’activité. Or, certains signaux récents invitent à davantage de prudence.
Un signal d’alerte venu du bois
Un indicateur avancé de la santé économique des États-Unis vient de virer au rouge : le prix du bois de construction. Les contrats à terme sur ce matériau clé se sont effondrés de 25 % entre le 1er août et le 2 septembre.

Évolution du prix (en dollars/MBF) du bois de construction
(infographie : TradingEconomics)
Dans l’économie américaine, le bois de construction est étroitement lié au dynamisme du secteur immobilier. Une baisse marquée de son prix est généralement le reflet d’un affaiblissement de la demande en logements neufs, et plus largement d’un ralentissement dans le secteur de la construction.
En clair, les acheteurs immobiliers semblent se faire plus rares, ce qui laisse présager un coup d’arrêt pour la construction résidentielle dans les prochains mois.
Le secteur immobilier à la peine
Ce signal est d’autant plus préoccupant qu’il est corroboré par les derniers chiffres publiés par la Fed de Saint-Louis. Selon l’institution, le nombre de permis de construire résidentiels est tombé à 1,4 million sur un an glissant, un niveau qui n’avait plus été observé depuis le cœur de la pandémie.
Cette conjoncture suggère un trou d’air à venir dans l’activité des constructeurs et de l’ensemble de leur chaîne de valeur. Et puisque le secteur immobilier est souvent un moteur important de l’économie américaine, le ralentissement qu’il connaît pourrait avoir des répercussions plus larges.
Comme le dit l’adage boursier : « Quand le bâtiment va, tout va »… et l’inverse est tout aussi vrai. À l’instar du cuivre, considéré comme un baromètre de l’activité économique mondiale, le bois de construction joue un rôle encore plus spécifique aux États-Unis, où il est utilisé à grande échelle par les constructeurs.
Vers une révision des anticipations pour 2026 ?
À ce stade, parler de récession serait prématuré. Néanmoins, la conjoncture actuelle incite à la prudence. Même sans retournement brutal de l’économie, une simple révision des anticipations des investisseurs institutionnels pourrait suffire à entraîner une correction significative.
En effet, si le scénario privilégié pour 2026 devait évoluer d’une croissance à deux chiffres à une stagnation de l’activité, les valorisations actuelles pourraient ne plus tenir. Une baisse de 20 % à 30 % sur les indices américains ne serait alors pas surprenante.
Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger sur la soutenabilité des valorisations actuelles et sur la pertinence des investissements largement exposés aux marchés américains. L’euphorie ambiante semble ignorer des signaux faibles mais bien réels d’un possible ralentissement économique.
Si la Fed tente de soutenir la croissance via un assouplissement de sa politique monétaire, le terrain macroéconomique reste fragile, notamment du côté de l’immobilier résidentiel. Rester prudent dans ses allocations d’actifs, en particulier sur les indices larges fortement corrélés à l’économie américaine, semble aujourd’hui plus que jamais une stratégie avisée.