▪ Il y avait eu beaucoup d’étincelles et de fumée jeudi dernier — avec notamment des indices boursiers en surchauffe sur l’anticipation d’une résolution imminente du shutdown… qui ne s’est pas produite ce week-end. Et puis vendredi, plus rien, mais alors vraiment plus rien.
A un excès de volatilité a succédé un gel des fluctuations indicielles. Le CAC 40 est resté enfermé au sein d’une fourchette 4 212/4 222 points, à part une très brève montée en chandelle haussière jusqu’à 4 227 points vers midi… histoire de retracer le zénith d’ouverture et le précédent record annuel intraday du 19 septembre dernier.
L’assoupissement des marchés se manifestait également au niveau des volumes : l’activité était inférieure d’un milliard d’euros par rapport à la veille à Paris (2,38 milliards d’euros négociés contre 3,5 milliards la veille).
Le seul élément technique positif fut une clôture dans le vert, pour le symbole : +0,04% à 4 220 points. Cela permet d’affirmer haut et fort que Paris s’est offert un nouveau record annuel, lequel n’attendait plus pour être confirmé qu’une troisième hausse consécutive des indices américains.
La tradition qui veut que Wall Street termine en hausse à la veille du weekend a été — fort logiquement — respectée. En effet, tous les spéculateurs pariaient que les membres du Congrès US s’entendraient pour remettre les administrations au travail dès vendredi soir…
Mais une nouvelle fois, on a assisté à un arrachage des cours totalement artificiel de +0,35% entre 21h52 et 22h. Le S&P 500 gagnait 0,62% pour finir au plus haut du jour et de la semaine — contre 0,30% vers 21h45.
▪ Les négociations échouent… pas les manipulations
Depuis jeudi soir, la tendance était clairement haussière, alors pourquoi en rajouter, sans aucun lien avec une quelconque actualité de dernière minute ? (On apprenait un quart d’heure après la clôture des marchés que la Maison Blanche rejetait le dernier plan républicain).
Les discussions du week-end se sont avérées tout aussi stériles que celles de vendredi. Mais derrière l’envolé de 40 points en huit minutes du Dow Jones, il n’y avait certainement pas que de la spéculation sur le « bon sens » des membres du Congrès.
Il faut également y voir une démonstration de force des sherpas du marché. Ils disposent des meilleurs algorithmes et des machines à haute fréquence les plus puissantes du monde, ce qui leur confère une maîtrise de la tendance et des cours inégalée dans l’histoire des marchés financiers. Ils tiennent manifestement à ce que personne ne l’oublie.
On ne peut toutefois s’empêcher de ressentir un malaise face à la prolifération de ce genre de manipulation indicielle — qui ne donne jamais lieu à aucune objection des autorités de surveillance. Elle renforce le sentiment que les niveaux de clôture des indices sont déterminés à l’avance avec une précision d’horloger et que les cours de bourse sont littéralement « administrés », comme ceux du blé et de l’acier du temps des Soviets.
Le seul chiffre de vendredi, le baromètre de la confiance du Michigan, a été franchement décevant avec un net recul sur 75,2 contre 77 attendu. Cependant, il est passé complètement inaperçu tant les tractations au Congrès rendaient toute autre considération subalterne.
▪ Les émergents ne vont pas si bien
Si les mauvaises statistiques aux Etats-Unis sont source de joie et d’optimisme en apportant de l’eau au moulin des partisans de l’impression éternelle de billets de Monopoly, il en va tout autrement pour les chiffres en provenance des émergents et plus particulièrement de la Chine.
A la surprise générale, les exportations chinoises ont fléchi de 0,3% en septembre 2013 par rapport à septembre 2012 (au lieu d’une progression de 6% anticipée). Dans le même temps, les importations ont progressé de 7,4% — toutes ces données proviennent des services des douanes portuaires.
De ce fait, la balance commerciale de la Chine n’a été excédentaire que de 15,2 milliards de dollars en septembre, contre 27,7 milliards attendus. Il pourrait ne s’agir que d’un incident de parcours : les commandes de jouets et de smartphones pour Noël devraient quitter massivement les ports chinois depuis début octobre… sans quoi ils ne seront pas installés à temps dans les rayonnages de Toys’R’Us ou des Apple Stores pour Thanksgiving.
En fait, tout ce que nous observons depuis le 19 septembre dernier ressemble aux préparatifs d’un énorme piège. Il se caractérise déjà par la multiplication des pièges au sein du compartiment actions, mais également au niveau de la courbe des taux et des devises.
En attendant qu’une réaction en chaîne s’enclenche, c’est l’or qui sert de variable d’ajustement… et la stratégie semble consister à faire lâcher prise aux mains faibles en s’attaquant à l’or virtuel (certificats, positions à terme).
Et devinez qui achète l’or physique, qui chute par contagion sous 1 275 $ ?
Nous parions que c’est la Fed.