Contrairement à la monnaie et au crédit administrés par les banquiers centraux, le temps est une denrée limitée pour tout le monde.
Le temps… on n’en a jamais assez.
On aimerait passer plus de temps avec ses enfants et petits-enfants. On aurait aimé épargner plus, pour la retraite.
On aurait aimé investir davantage d’argent sur les actions, il y a 30 ans. On aurait aimé prendre le temps d’apprendre à jouer du piano ou à parler français.
Mais on n’a plus le temps…
Notre vieil ami Richard Russell adorait la Théorie de Dow. Elle se fonde sur une série d’observations.
Selon la Théorie de Dow, lorsque l’Indice Dow Jones Industrial Average atteint un nouveau plus haut — confirmé par l’Indice Dow Jones Transportation Average — il est temps d’acheter. La « tendance primaire » est haussière.
Et nous avons eu un signal d’achat, hier.
Selon CNBC :
« Jeudi, le Dow a clôturé en enregistrant son premier record depuis janvier, la hausse d’Apple et une recul des inquiétudes liées au commerce ayant fait bondir l’Indice. […]
Art Cashin, directeur des opérations de marché chez UBS, a déclaré que le record de l’Indice Dow Jones Industrial Average pourrait confirmer le plus-haut atteint la semaine dernière par l’Indice Dow Transportation Average. ‘Selon la Théorie de Dow, ce pourrait être un signal d’achat’, a-t-il ajouté. ‘Selon cette théorie, l’économie est censée s’améliorer et, par conséquent, vous avez six à neuf mois de hausse sur le marché actions' ».
Et qui sait ? La Théorie de Dow pourrait s’avérer exacte.
La théorie du Dow contre l’étalon or
Ou peut-être n’avons-nous plus le temps, tout simplement.
Donald J. Trump a diffusé un tweet de « félicitations » aux Etats-Unis, comme si l’on pouvait s’enorgueillir que les actions soient hors de prix.
Des actifs hors de prix sont une invitation à se lamenter, et non à se réjouir. A l’heure actuelle, si l’on compare les actions à la production économique, elles sont plus chères que jamais, même par rapport à leur niveau de 1999. Notre ratio Dow/Or nous indique clairement, lui aussi, qu’il est temps de fuir les actions et de se tourner vers l’or.
Les marchés et les économies ont leur jeunesse, leurs saisons et leurs dates limites de vente. Nous fêtons nos anniversaires, mais le temps qui nous reste s’amenuise.
Les marchés deviennent vieux, grincheux et amnésiques, tout comme nous. Ce marché haussier, à Wall Street, dure depuis mars 2009, soit près de 10 ans. Comme nous pouvons le constater ci-dessous, il commence à oublier où il a laissé ses clefs.
Et l’expansion économique — la reprise après la crise de 2008 — dure depuis janvier 2009. Elle fêtera également son 10ème anniversaire dans trois mois exactement : une expansion vieille comme Mathusalem, donc, et la plus longue jamais enregistrée.
Toute voutée, le pas traînant, il lui reste peut-être peu de temps, à elle aussi.
Hier, l’été est arrivé au bout de son temps.
Ici, en Irlande, une tempête a éclaté il y a quelques jours. Les arbres se sont pliés. La pluie a fouetté les vitres des fenêtres et ébranlé les portes. Le vent était si fort qu’il a expédié un camping-car en bas d’une falaise, provoquant la mort d’un touriste suisse.
Nous sommes monté vérifier le toit que nous avons bâti sur notre grange, cet été. Nous sommes heureux de vous informer qu’il est toujours là.
Nos fidèles et attentifs lecteurs de La Chronique s’attendent à ce que nous établissions un parallèle… Acheter des actions aujourd’hui revient à camper au bord d’un précipice. Et s’il est peut-être exaltant d’être si près du vent et de l’eau, le risque n’en vaut peut-être pas la peine.
Où seront les marges de l’industrie du cannabis ?
Nous pourrions également citer un exemple : prenons Tilray, pour illustrer à quel point Wall Street est devenu un univers totalement fou.
Après tout, Tilray est une société qui fabrique de la drogue. Après l’apparition télévisée de son PDG, en début de semaine, le cours de l’action a pratiquement doublé. Puis il a perdu la totalité de ces gains en une heure.
Notre confrère Chris Mayer nous dit qu’en dollars, le pic de Tilray représente probablement le plus vaste « short squeeze » [NDR : liquidation forcée des positions pariant sur une baisse du titre] de l’histoire.
Et s’il y a beaucoup d’argent à gagner sur le cannabis, peut-être que quelqu’un devrait rappeler aux investisseurs que la marijuana génère énormément de profits uniquement parce qu’il y a une guerre contre la Drogue. Si la marijuana est légalisée, elle va devenir comme le blé ou le maïs : un produit de base dégageant de maigres marges et sans aucun pouvoir sur la fixation des prix.
Alors pourquoi un être sensé devrait-il payer 22 milliards de dollars pour une société réalisant un chiffre d’affaires de 28 M$ et dont les marges sont vouées à se rétrécir.
Nous l’ignorons. A en croire les mouvements de cette semaine, les investisseurs ne le savent pas non plus.
A moment donné, ils contemplent un ciel dégagé et du cannabis à perte de vue… et soudain, des vents dignes d’un ouragan plaquent les plantes au sol et détruisent toute la récolte.
L’Etat et les banquiers centraux ne peuvent pas trafiquer le temps
Aujourd’hui, nous fuyons les métaphores trop faciles. Au contraire, nous revenons là où nous en sommes restés hier. Nous revenons sur le temps.
On ne peut pas l’étirer. On ne peut pas le régler. L’Etat ne peut pas le trafiquer. La Terre tourne. Le temps passe… Quoi que l’on pense.
L’observation du temps nous aide à relier les données entre elles. Nous avons vu avec l’affaire Kavanaugh à quel point le temps était accaparé par les médias et la politique.
Au sein du Deep State, différentes factions se combattent — les rouges contre les bleus — les adeptes du social-libéralisme contre les conservateurs… Kavanaugh contre Blasey Ford… Et l’on attend de vous que vous y prêtiez attention et choisissiez un camp. Pour ou contre. Nous contre eux.
Mais quel est le véritable enjeu de ces chamailleries ? Sont-elles aussi bidon que la Guerre Commerciale… La Guerre contre le Terrorisme… La Guerre contre la Drogue… Ou la Guerre contre la Pauvreté ?
Font-elles partie de ce vaste cirque qui nous prend du temps… et détourne notre attention de ce qui se passe vraiment ?
S’il avait plus le temps d’y prêter attention, le citoyen moyen sentirait peut-être cette main qui lui fait les poches… Et il remarquerait peut-être que l’Etat et son argent bidon ont grignoté son temps.
Comme nous l’avons écrit, un Américain moyen travaille désormais deux fois plus qu’en 1971 uniquement pour vivre dans une maison moyenne, conduire une voiture moyenne et payer ses impôts moyens.
Mais la semaine moyenne de travail, aux Etats-Unis, ne compte que 33 heures. Alors il ne peut pas suivre. Il se fait distancer. Il doit emprunter du temps sur l’avenir.
L’endettement, c’est le futur ramené au présent. Si vous devez 100 $ et que vous gagnez 25 $ de l’heure, vous mobilisez (épuisez) quatre heures de votre temps, avant même qu’il ne soit disponible. Plus vous devez, plus le passé hypothèque votre avenir. Au bout du compte, toute votre existence est engloutie par l’esclavage de l’endettement.
Evadez-vous, échappez à l’esclavage du temps en touchant des loyers réguliers, tirés d’immobilier américain que vous ne possédez même pas… Découvrez cette stratégie originale, qui est expliquée ici.]
L’Etat doit désormais 21 000 milliards de dollars. L’Amérique compte 250 millions d’adultes. Mais seuls 150 millions d’entre eux ont de véritables emplois rémunérés en moyenne 26 $ de l’heure.
Faites le calcul… mais voici ce que cela révèle : il n’y a aucune probabilité pour que cette dette puisse être remboursée.
Moyennant un taux d’intérêt raisonnable (la Fed vise 4%), le travailleur moyen perdrait environ une demi-journée par semaine uniquement pour honorer le service de la dette « nationale ».
Mais c’est impossible. Il lui manque déjà trois heures par semaine. Et il ne lui reste plus de temps. Tout ce que l’Etat peut faire, c’est empiler encore plus de dettes : encore plus d’hypothèques sur l’avenir.
Le pauvre bougre est piégé.
Sa semaine de travail n’a pas assez d’heures pour qu’il règle ses dépenses actuelles (y compris sa part du budget de l’Etat).
Et plus il regarde loin… plus il voit que l’on a déjà « saisi » son temps. C’est comme si on lui retenait son salaire pour subvenir aux besoin d’un enfant qu’il n’a jamais eu, jamais vu et qui ne lui a jamais manifesté aucune affection.
Et pourtant, il travaillera jusqu’à ce que les poules aient des dents pour subvenir aux besoins de ce petit crétin.