Versons une larme pour la pauvre classe des milliardaires, actuellement en difficulté…
Après un passage en Angleterre, nous voici de retour à Baltimore… tout y semble normal. Des clochards dans la rue. Des fous qui se parlent à eux-mêmes. Des rats dans les ruelles.
Le roi Charles III est sur son trône, Dieu est chez lui au Paradis… et les sirènes des véhicules d’urgence retentissent dans Charm City ; en d’autres termes, tout va bien.
Mais tout ne va pas bien. Et aujourd’hui, nous sanglotons pour les victimes. Pas les victimes de l’inflation ; elles sont trop nombreuses pour être mentionnées. Non, aujourd’hui, nous pleurons pour ceux qui ont le plus souffert de la déflation, causée par les hausses de taux de la Fed.
Et nous en faisons partie.
Notre gestionnaire de compte nous a appelé pour nous annoncer la mauvaise nouvelle : nous avons perdu plus de 10% de notre patrimoine. L’or ne nous a pas sauvé. Les valeurs énergétiques n’ont pas été épargnées. Les valeurs de rendement soigneusement choisies par notre analyste Chris Mayer ont baissé avec tout le reste. Le seul « espace sûr » au cours des 9 derniers mois… était le cash. Des liquidités en USD !
Pouvez-vous l’imaginer, cher lecteur ? C’est comme se sauver d’une attaque de requin en nageant encore plus loin de la côte. Le dollar est l’actif qui a perdu 96% de sa valeur depuis que la Réserve fédérale a été créée pour le protéger. Ce même actif dont la valeur n’a jamais baissé aussi vite au cours des quatre dernières décennies. Le même actif que les autorités ont distribué comme des confettis à un mariage. Vous étiez censé le jeter en l’air… et croiser les doigts.
Attaque de SPACs !
Mais les pauvres riches sont bien trop intelligents pour garder de l’argent liquide. Ils savaient que le problème était là. Et ils savaient ce que cela signifierait – de grosses pertes pour les détenteurs de dollars. Au lieu de cela, ils ont investi dans les actions, les obligations, l’immobilier, leurs propres entreprises, le capital-risque, les fonds d’investissement privés, les SPACs…
…et, comme Groucho Marx pourrait le dire… bon sang, ils sont devenus des SPACs. L’indice S&P SPAC est en baisse de 24% depuis février.
Nous avons commencé à écrire sur les SPACs… et sur cette mauvaise idée… il y a bientôt deux ans. Dans la marée montante de liquidités de la Fed, les SPACs ont flotté à la surface… avec les bouteilles en plastique vides et autres déchets. C’étaient des « actifs financiers », et grâce à la Fed, ils ont gagné en valeur alors que le dollar baissait.
Et devinez ce qui s’est passé… les seules actions de SPACs sur lesquelles nous étions personnellement investis ont depuis perdu plus de 75% de leur valeur.
Période de sécheresse
Et maintenant, la Fed n’injecte plus de liquidités… la marée se retire… et les yachts coulent. Bloomberg nous apprend que 57 000 Mds$ ont été perdus – en valeurs boursières et obligataires – depuis le début de l’année. Ce chiffre est un peu louche, puisque la richesse des ménages américains n’est que de 140 000 Mds$ environ… Une perte de 57 000 Mds$ implique une perte de 40%. Mais les marchés boursiers et obligataires n’ont pas perdu autant – pas encore.
Quel que soit le chiffre, cela signifie déjà des pertes énormes pour les « riches ». Les 10% les plus riches du pays détiendraient 75 à 80% de tous les actifs financiers. Ils tiennent donc un grand sac vide, dans lequel ne se trouvent plus des milliers de milliards de dollars d’actifs.
Au sommet de la pyramide des richesses, de nombreux hyper riches sont en train de glisser. Forbes détaille :
« Pour la première fois depuis la Grande Récession, les hyper-riches ne se sont pas enrichis cette année.
Après une année 2021 faste, les 400 personnes les plus riches des États-Unis – ainsi que de nombreux Américains – ont été frappées par la hausse de l’inflation et la chute des marchés.
En tant que groupe, les 400 personnes du classement Forbes de cette année se sont appauvris de 500 Mds$ en un an. Leur valeur nette totale s’élève à 4 000 Mds$, soit une baisse de 11% par rapport à l’année dernière. »
Et plaignez les pauvres experts en tech. Selon Forbes, au début du mois de septembre, ils avaient déjà perdu 135 Mds$ :
« Au total, 41 personnes sont sorties des rangs [des 400 plus riches de Forbes] cette année, dont Jerry Yang de Yahoo, RJ Scaringe de Rivian et, grâce à l’hiver des cryptomonnaies, les jumeaux Winklevoss.
Pendant ce temps, Mark Zuckerberg, à la troisième position l’année dernière, est sorti du top 10 pour la première fois depuis 2014. Il s’est appauvri de 76,8 Mds$ en un an : c’est la plus grande perte de tous ceux qui figurent sur la liste de l’année 2022. »
Et puis d’autres mauvaises nouvelles sont arrivées pour le créateur de Facebook. Bloomberg :
« Meta Platforms a plongé de 3,7% après que le PDG Mark Zuckerberg a annoncé sa volonté de réduire les effectifs pour la toute première fois. Les actions du géant des médias sociaux ont chuté de 59% cette année en raison du ralentissement de la croissance du nombre d’utilisateurs. »
En attendant le virage à 180 degrés
Pauvres riches ! Ils sont montés si haut… si récemment, et aujourd’hui … ils sont tombés si bas. Humiliés par M. Le Marché… et M. Jerome Powell.
Êtes-vous ému et plein sympathie pour Zuckerberg, cher lecteur ? Nous non plus.
Mais comment va-t-il s’en sortir ? Comment pourra-t-il garder la tête haute lors d’événements mondains ? Entend-il les gens se moquer de lui derrière son dos ?
Ce que la Fed donne, la Fed le reprend. Ce qui ne nous dérange pas. Et cela n’a pas beaucoup d’importance pour les super-riches non plus, du moins pas encore. Selon le principe de « l’utilité marginale décroissante », plus vous avez de dollars, moins chaque billet vert supplémentaire a de valeur. Ainsi, lorsque vous possédez des milliards de dollars, vous ne vous inquiétez pas si quelques-uns tombent de l’arrière du camion.
Mais le principe de l’utilité marginale décroissante fonctionne dans les deux sens. Chaque dollar gagné vaut moins que le précédent. Mais chaque dollar perdu vaut plus. Il doit y avoir un moment où la douleur des dollars perdus est plus forte que ce que le riche peut supporter.
Et alors… ?
En attendant, nous allumons une bougie pour Zuckerberg, Bezos, et tous les riches décideurs. Qu’ils supportent leurs pertes avec grâce et dignité… et attendent le revirement de la Fed.
1 commentaire
Bill Bonner est un des rares économistes à faire concurrence aux IA en faisant preuve de ce bon sens qu’elles n’ont pas (ou pas encore).
Cela dit, je souhaite vivement que l’IA forte vienne mettre fin à la bêtise humaine.
Un fan de l’Univers