Une deuxième crise de l’euro couve. La Banque centrale européenne et le système monétaire vont être mis à mal. Préparez votre épargne à encaisser le choc.
Alors que je ruminais un article sur l’orientation de l’épargne des Français, article émaillé d’âneries qui suscitaient ma grogne, ma collègue Cécile Chevré, de La Quotidienne de la Croissance, me lance au travers du bureau cette question : « Simone, vous suivez l’histoire de la succession de Mario Draghi à la Banque centrale européenne » ?
Heu, mmmmm, non.
Erreur. Grave erreur ! C’est vrai qu’il faut toujours avoir un oeil sur la Parasitocratie pour tenter de s’armer contre le prochain racket qui nous menace. Le mandat de banquier central de Mario Draghi s’achève en octobre 2019.
Un banquier central est un bipède extrêmement bien payé et ne payant pas d’impôts (du fait de son statut de fonctionnaire international), chargé de couvrir les bêtises des banques « trop grosses pour faire faillite » qui ont le privilège de prêter à intérêt de l’argent qui n’existe pas.
Ce bipède est censé veiller sur la « stabilité monétaire » et a un objectif d’inflation.
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Le premier objectif est impossible à atteindre dans un système où la monnaie est du crédit disponible en quantité illimitée. Quant à l’inflation, c’est une escroquerie intellectuelle qui consiste à nous faire croire qu’une augmentation générale des prix serait bonne pour les consommateurs que nous sommes tous. En réalité, c’est un impôt qui ne dit pas son nom.
Mario Draghi, grand racketteur des fourmis
Mario Draghi nous a rackettés en forçant les taux d’intérêt à la baisse et en se livrant à des rachats de titres financiers sur les marchés et même en placement privé, de 80 milliards d’euros à 40 milliards d’euros par mois.
La baisse des taux prive d’un rendement décent des millions d’épargnants européens qui capitalisent en vue de leur retraite. 10 ans de taux bas, c’est 10 ans de capitalisation et d’intérêts composés perdus qui ne seront jamais retrouvés puisque nous sommes mortels.
Les rachats de titres financiers font monter artificiellement les marchés, contraignant les investisseurs à acheter trop cher.
Le prétexte ? « Sauver l’euro ». En réalité, ce n’est pas l’euro qui est sauvé par ces manoeuvres, mais un système de crédit malsain qui soutient des banques zombies gorgées de créances douteuses, et des gouvernements dispendieux dont le train de vie repose sur le crédit gratuit (ou presque).
Ma collègue Cécile Chevré a raison. La succession de Mario Draghi est importante. Le système financier actuel, tout comme les gouvernements italien et français, ne peuvent supporter une hausse des taux longs.
Une deuxième crise de l’euro sur le point d’éclater
L’Allemagne a désormais 900 milliards d’euros de créances douteuses stockées dans le système de compensation européen Target 2.
Source : http://www.eurocrisismonitor.com/
Si tout fonctionnait bien dans la Zone euro, les courbes devraient légèrement osciller autour de l’horizontale. Ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, les déséquilibres dépassent ceux atteints lors de la première crise de l’euro en 2012.
Le lecteur cynique constatera avec un amer amusement que la BCE a un président italien et un vice-président espagnol, les deux pays les plus débiteurs vis-à-vis de l’Allemagne.
En effet, les Allemands viennent d’admettre l’espagnol Luis de Guindos à la vice-présidence de la BCE.
Luis de Guindos provient d’un pays cigale de l’Europe du Sud mais est cependant considéré comme un « faucon », c’est-à-dire partisan d’une politique monétaire stricte (par opposition à une douce colombe partisane d’une politique monétaire plus coulante).
Admirez au passage le traitement photographique des Echos d’un « faucon » qui, bien sûr, est méchant.
Les Echos :
« Au Parlement européen, des voix se sont inquiétées de son image de ‘faucon’ et de son passage chez Lehman Brothers (2006-2008). Perçu comme l’ombre fidèle du ministre de l’Economie allemand, Wolfgang Schäuble, durant les années les plus aiguës de la crise, Luis de Guindos est en effet de ceux qui, au sein de l’Eurogroupe, ont fermement revendiqué la rigueur comme seule voie possible.
Ce profil de dur ne l’empêche pas de reconnaître, aujourd’hui, que la Troïka ‘aurait pu avoir plus de sensibilité politique‘ avec la Grèce comme avec l’Irlande, le Portugal ou bien Chypre. Grand partisan de l’intégration européenne, il arrive à la BCE avec l’intention d’oeuvrer pour un système unique de garantie des dépôts et pour la préparation de nouveaux instruments pour agir de façon anticyclique face à la possibilité de chocs asymétriques. »
Notez aussi que notre faucon ibérique est passé par Lehman Brothers (tout comme Mario Draghi est passé par Goldman Sachs). Le capitalisme de copinage fonctionne toujours bien.
La dernière phase – totalement absconse pour un non-expert de la langue de bois – signifie simplement qu’en cas de crise, il faudra enrober autrement l’escroquerie de la politique monétaire consistant à créer toujours plus de crédit gratuit pour les copains.
Voici un autre commentaire, de la lettre de Saxo Banque cette fois :
« De Guindos et Lane sont, dans tous les cas, considérés comme ‘neutre’ en termes de positionnement de politique monétaire. De Guindos est notamment connu pour avoir affiché un fort soutien au QE qui, selon lui, n’engendre pas de risque de bulle sur les marchés financiers. De son côté, Lane maintient que la courbe de Phillips (lien entre l’inflation et le taux de chômage) est toujours une grille d’analyse pertinente. »
Comme vous le savez cher lecteur, la courbe de Phillips – dont il est empiriquement prouvée qu’elle est fausse – est une autre escroquerie intellectuelle mais elle permet de justifier l’interventionnisme dont le seul objectif est le capitalisme de copinage.
Quant au fait que Guindos pense que la création de crédit gratuit de Mario Draghi n’a engendré aucune bulle financière, elle en dit long sur le faux faucon.
Ce qui est important de retenir à ce stade est que ce « faux faucon ibérique » va continuer à oeuvrer dans le sens des banques et gouvernements zombies.
Ce qui est intéressant est que l’Allemagne ne va pas tarder à se retrouver déchirée entre ses propres banques zombies (dont Deutsche Bank) et ses créances irrécouvrables de Target.
C’est une tragédie. Il va falloir à un moment choisir.
Peut-il y avoir une issue heureuse à cette désastreuse expérience monétaire mondiale qu’est le créditisme ? Non. Il y a rarement d’issue heureuse aux expériences idiotes pilotées par les interventionnistes.
Quel sera l’homme qui aura à gérer la deuxième crise de l’euro ?
Ce serait l’Allemand Jens Weidman si l’on en croit le dernier sondage de Bloomberg.
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Ce qui est une relativement bonne nouvelle pour les fourmis. Mais le retour de la crise de l’euro sera douloureux et ne doutez pas qu’une partie des 4 765 milliards d’euros (*) du patrimoine financier des Français sera sollicité.
[NDLR : Voici 6 mesures à prendre pour protéger votre argent avant même que cette crise qui couve n’éclate.]
(*) http://premium.lefigaro.fr/argent/2018/02/19/05010-20180219ARTFIG00257-o-va-l-epargne-des-francais.php