J’aimerais rapidement revenir sur les conclusions du très réputé et écouté cabinet londonien GFMS qui vient de publier ses prévisions pour le marché de l’or. Que nous disent-elles ?
L’or devrait revenir vers les 900 $ – 950 $ l’once
Les raisons de cet optimisme ? Pour le GFMS, le rebond du dollar ne devrait être que temporaire car on doit s’attendre à une hausse du chômage américain, à une baisse de la confiance dans le dollar, la dette américaine ne cessant de s’accroître dramatiquement. Mais surtout, les investisseurs ont pris conscience qu’un rapprochement de taux d’intérêt entre les Etats-Unis et l’Europe n’était pas pour tout de suite tant les contraintes pèsent lourd…
Or si le dollar faiblit à nouveau, cela soutiendra l’or qui lui est inversement corrélé.
Les 1 000 $ l’once seraient hors d’atteinte…
C’est en tout cas l’avis du GFMS. Les conditions du mois de mars dernier — date à laquelle l’or a touché les 1 000 $ — ne seraient aujourd’hui pas réunies pour revenir vers les plus-hauts. Pour propulser l’or vers les 1 000 $, il faudrait une envolée des cours des matières et du pétrole (effet inflationniste) et une baisse des taux américains pour soutenir l’économie. De ce point de vue, la marge est faible.
La production d’or baisse !
C’est ce que constate le GFMS sur le premier semestre 2008. Crise en Afrique du Sud, teneurs toujours moindre en Australie, fermetures de mines aux Etats-Unis et chute de 50% de la production indonésienne et même le Canada réduit sa production. Le phénomène n’est pas local mais général.
Au total, la production sur le premier semestre est en chute de 6% par rapport à ce qu’elle était sur la même période en 2007. Pour le coup, c’est un facteur haussier pour l’or.
Les mines souffrent
Il faut dire que les minières sont confrontées à une hausse de leurs coûts de production (cash cost) de 20% sur le premier semestre 2008. La faute au prix du baril qui s’est envolé mais aussi et notamment aux tensions sur les salaires : on ne trouve pas de main-d’oeuvre qualifiée et la surenchère est à l’oeuvre.
Les banques centrales vendent moins d’or
Toujours côté offre, notez que les banques centrales ont diminué de 25% leurs ventes d’or sur le premier semestre 2008 par rapport à la même période l’an passé. Et cette tendance devrait se poursuivre sur le second semestre, en plus marquée encore. Encore un facteur de soutien au prix de l’or.
La demande devrait se réveiller
Le constat est sans appel : la demande d’or par les bijoutiers a plongé de 25% au premier semestre ! Il faut dire que la hausse des prix de l’or a été dissuasive, notamment pour les bijoutiers indiens. En Chine, l’effet prix a été bien moindre.
Toujours est-il que les bijoutiers repoussent leurs achats depuis des mois. Mais ils ne pourront pas éternellement reporter leurs achats dans le temps ! Voilà pourquoi le GFMS s’attend à une forte reprise de la demande au second semestre 2008. Très positif pour l’or…
Les minières vont se mettre à hedger à nouveau leur production
Durant le premier semestre, le dé-hedging était clairement privilégié par les minières d’un point de vue stratégique. Normal, les prix grimpaient toujours plus haut.
Mais avec la consolidation que nous venons de vivre sur l’or entre mars et septembre, nombre de minières pourraient se poser la question de hedger à nouveau leur production d’or pour sécuriser les conditions tarifaires de leurs ventes à venir. Dans ce cas, ce serait un facteur baissier pour l’or. Cela dit, à mon avis, le phénomène devrait être limité…
La fin de la consolidation
Le point de vue technique est intéressant aussi : la consolidation entamée en mars dernier pourrait ne plus être qu’un mauvais souvenir. Voici ce que nous dit notre spécialiste de l’analyste graphique Marc Dagher à ce sujet :
"La séance historique du 17 septembre dernier est venue mettre fin à la phase de consolidation en place depuis le 17 mars. Celle-ci s’étant donc finalement déroulée en trois temps classiques, l’avenir reste au rose sur le long terme pour le métal jaune. D’autant plus que notre résistance clé sur les 845 $ a bel et bien été dépassée".
Maintenant, attendez-vous à une pause bien méritée
Après une telle envolée, quoi de plus normal que de souffler. Le cours de l’or pourrait revenir vers les 845 $ — retracement de Fibonacci de 38,2% de la dernière hausse à laquelle nous venons d’assister. Voire jusqu’à 806 $ dans le cas d’un retracement de 61,8%. Quoi qu’il en soit, "le biais haussier est maintenu tant que les 806 $ ne sont pas enfoncés" nous dit notre analyste.
Pour ceux qui veulent agir : un repli sur les 845 $ pourra être mis à profit pour acheter de l’or ou vous renforcer si vous en avez déjà.
Quel objectif viser ?
Etant donné les fondamentaux positifs de l’or actuellement, on peut s’attendre à ce que son cours reparte franchement à la hausse après sa pause. Jusqu’où ?
La principale résistance qui devrait tenir tête à l’or se situe autour des 953 $. C’est elle que l’or devra franchir s’il veut venir taquiner à nouveau ses plus hauts, vers les 1 000 $.
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.