Par Alexandra Voinchet (*)
Et un de plus. Le week-end dernier s’est encore passé à discuter dans les coulisses du pouvoir politique et économique. A l’OPEP ou au G20, on a studieusement préparé sa copie pour les réunions à venir.
Qu’est-il sorti de ces parloirs ? Pas d’annonces tonitruantes ou de branle-bas de combat général mais quelques pistes qui seront peut-être suivies.
L’OPEP continue de fermer les robinets
Rien d’étonnant à ce que l’OPEP ait une fois de plus râlé sur le prix de l’or noir, qui ne cesse de chuter. Le baril à 150 $, cela nous semble désormais de l’histoire bien ancienne. Aujourd’hui à 60 $, le prix du pétrole incommode les pays producteurs qui voient leurs revenus diminuer. Et ce n’est pas faute de prévenir : l’OPEP ne veut pas d’un baril à moins de 90 $, au pire 70 $. Alors, à 60 $ ! Fin octobre, le cartel a décidé de réduire sa production d’1,5 million de barils. Ce week-end, il a clairement fait entendre qu’il pourrait à nouveau fermer quelques robinets lors de sa prochaine réunion, en décembre. L’OPEP a même lancé un appel aux autres producteurs d’or noir pour qu’ils fassent de même et la Russie, semble-t-il, n’est pas insensible à la demande.
Bref, d’ici la fin de l’année, il y aura moins de pétrole dans les tuyaux. Pas sûr que l’OPEP y trouve son compte. A juste raison, le cartel appréhende le ralentissement économique de l’économie mondiale, Etats-Unis en tête : la demande en pétrole est sur la pente descendante. Une deuxième raison d’inquiétude pour le cartel.
Pas sûr non plus que les automobilistes s’y retrouvent. Si, sur les écrans de Wall Street, les prix du pétrole chutent, à la pompe, aucun changement.
Les Etats continuent d’ouvrir leurs robinets
Pendant ce temps, répétition générale : les membres du G20 se sont entraînés pour la grand-messe de la fin de semaine. Ce que certains appellent déjà le nouveau Bretton Woods – espérons que cette très attendue réunion soit à la hauteur de leurs attentes.
Et surtout, à la hauteur des besoins. La ministre française de l’Economie est heureusement là pour nous rassurer : tout ira bien car ce week-end a accouché d’ "une convergence de vues sur la riposte" à la crise financière internationale. Nous voilà sauvés !
Si c’était aussi simple que cela ! Preuve que les choses ne vont pas bien : la Chine a elle aussi cédé à la mode du plan de relance économique.
Une telle décision inquiète : la Chine serait-elle si mal en point qu’il lui faut mettre de l’huile dans le moteur de la consommation intérieure ? Que devrions-nous donc dire alors ?
Ou bien, la Chine n’admet pas de tomber sous un chiffre de croissance en-dessous des 10%, elle qui s’est habituée lors de ces dernières années à des taux à deux chiffres. Sa croissance ne devrait plus être à 10-12% l’année prochaine mais plutôt de l’ordre de 8-9%, ce qui n’est somme toute pas si mal.
Toujours est-il que la Chine n’a pas lésiné sur les moyens. Pékin a déboursé pas moins de 4 000 milliards de yuans, près de 600 milliards de dollars, pour ce plan de relance économique qui doit durer jusqu’en 2010. C’en est bel et bien fini de la théorie du découplage qui prophétisait jusqu’à il y a peu que les pays émergents seraient relativement indemnes. La Chine a vu ses exportations drastiquement chuter à mesure que l’économie mondiale ralentissait. Pékin refuse de voir caler cet autre moteur.
Le Fonds monétaire international ne cesse de réviser ses prévisions de croissance mondiale à la baisse. Le FMI n’attend plus que 2,2% de croissance l’an prochain, contre une hypothèse de 3,75% valable jusqu’à il y a encore quelques jours. Les pays développés devraient, selon le Fonds, faire bien pâle figure. Dans les pays émergents, "la croissance ralentirait sérieusement, mais atteindrait quand même 5% en 2009", souligne le FMI. Heureusement qu’ils seront là donc.
La théorie du découplage passera-t-elle de la récession des pays riches ? Nous vous invitons à ce sujet à lire dans le prochain numéro de MoneyWeek, en kiosque jeudi 13 novembre prochain, la première table ronde organisée entre la rédaction de MoneyWeek et trois professionnels de la finance. Ces derniers, gérants et stratégistes, confrontent et vous livrent leur analyse de la situation actuelle des marchés boursiers, leur scénario de rebond et leurs pistes pour en profiter.
(*) Journaliste, Alexandra Voinchet est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, dans la spécialité Médias. Elle est également titulaire d’un master de Presse économique de l’université Paris-Dauphine. Après deux ans d’expérience en presse financière et boursière, elle a rejoint l’équipe de MoneyWeek. Elle participe régulièrement à la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.