La biotech Theranos est accusée d’avoir levé 700 M$ sur la foi d’informations trompeuses. Et les fintech, comme les biotech, font perdre la tête aux investisseurs.
L’investissement dans des start-ups ne doit pas être fait à la légère, même si l’entreprise ciblée est parée de toutes les vertus.
La SEC (équivalent américain de l’AMF), a accusé la start-up Theranos et sa dirigeante Elizabeth Holmes d’avoir levé plus de 700 M$ par des moyens frauduleux. L’escroquerie s’étalerait sur plusieurs années durant lesquelles elles auraient exagéré ou menti à propos de la technologie, des activités et des performances financières de l’entreprise.
Theranos avait tout pour être un modèle de success story à l’américaine.
Fondée par Elizabeth Holmes à l’âge de 19 ans seulement, elle promettait des diagnostics sanguins à la fois plus rapides, moins chers, et moins contraignants que ceux proposés par les méthodes de prise de sang traditionnelles.
Une idée qui bouleverse les habitudes, une jeune femme à la tête de l’entreprise, la promesse de bousculer une industrie établie et rentable… tous les ingrédients étaient là pour appâter les investisseurs.
Seul problème : tout ceci était du vent.
Comme c’est souvent le cas dans les métiers de la santé, les performances réelles de la technologie de Theranos étaient très exagérées.
Les tests sanguins possibles avec cette méthode étaient en réalité peu nombreux, et peu fiables.
Toute la communication de l’entreprise était basée sur un savant mélange d’exagérations voire de francs mensonges.
Theranos fait parler d’elle car elle vient de la Silicon Valley et avait levé des montants importants, mais le problème existe aussi chez nous.
Nombre de biotech exagèrent les performances de leurs dispositifs. Beaucoup de molécules – ce n’est un secret pour personne dans le milieu – n’ont absolument pas les performances vendues aux investisseurs.
Des zombies chez les start-ups aussi
Le taux d’échec des autorisations de mise sur le marché (AMM) doit autant aux aléas de la biologie qu’aux mensonges qui permettent aux biotech de continuer trop longtemps leur activité. Seul le grand test de l’AMM permet d’arrêter la course de ces start-ups zombies. Bien sûr, les investisseurs n’ont alors plus que leurs yeux pour pleurer.
C’est pour cette raison que je ne vous conseille jamais de souscrire en crowdequity aux biotech qui développent des molécules maison malgré les promesses de milliards que les dirigeants ne manquent pas d’agiter…
Ecarter les entreprises dont la valeur ajoutée n’est que déclarative est une évidence ; garder cette habitude ne demande pas beaucoup de discipline.
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Il est infiniment plus compliqué de s’astreindre à ne pas investir dans les beaux dossiers trop chers.
Les bulles ne sont pas réservées aux entreprises cotées
La fintech a tout pour plaire : un secteur porteur, un service dont la mise à l’échelle est possible à moindre coût, des revenus récurrents, une clientèle existante et solvable…
Certaines valorisations sont totalement excessives. Ainsi, une fintech actuellement en cours de levée de fonds est valorisée pre-money 23 M€, soit 15 fois les bénéfices attendus en 2020.
La tendance du moment est de considérer que les fintechs n’ont pas de prix. Après tout, comme elles se rémunèrent sur des flux, elles n’ont qu’à devenir leader du marché pour engranger des milliards !
Poussant cette logique jusqu’à l’absurde, les investisseurs partent du principe qu’aucun prix n’est trop cher pour ces entreprises. Les tours de table se succèdent avec des valorisations en augmentation exponentielle… Ce mécanisme vous rappelle-t-il quelque chose ?
Oui, cher lecteur, même l’investissement dans les entreprises non cotée peut être soumis aux effets de bulle. Il faut appeler un chat un chat : lorsque la valorisation d’une activité croît plus vite que ses bénéfices, nous sortons de l’investissement rationnel pour entrer dans le domaine du casino.
Si le jeu de chaises musicales entre investisseurs continue, il sera possible d’obtenir une belle plus-value… mais vu certaines valorisations actuelles, il faudra compter sur la crédulité des futurs investisseurs plus que sur l’activité de l’entreprise pour justifier une énième revalorisation à la hausse du prix des parts.
Je vous l’accorde : ce n’est pas le pire moment pour se placer sur ce type de dossier (l’appât ultime à investisseurs euphoriques reste l’IPO), mais à de tels niveaux, les particuliers qui participeront à la levée de crowdequity ne pourront être considérés comme des primo-investisseurs.
La finance participative nous permet d’avoir une position bien plus confortable au capital de certaines entreprises, comme c’est le cas pour notre dernière pépite en date. Autant éviter, même si les entreprises sont attirantes, les dossiers où nous ne serions que les nouveaux entrants au milieu d’une série sans fin de tours de table.