** Des nouvelles importantes :
* La semaine dernière, la Banque d’Angleterre (BoE) et la Banque centrale européenne (BCE) ont annoncé des mesures pour stimuler l’économie. Toutes deux commencent à s’aligner sur M. Bernanke, qui "met tous les moyens en oeuvre" pour éviter une profonde dépression. Tant la BoE et la BCE vont mettre en place une forme d’AQ — assouplissement quantitatif, quantitative easing –, où les banques achètent directement de la dette gouvernementale.
* N’essayez pas de faire de l’AQ chez vous, cher lecteur ; vous vous feriez arrêter pour contrefaçon. L’AQ ressemble comme deux gouttes d’eau à de l’argent provenant de la bonne vieille planche à billets — on ne pourrait pas les différencier dans une confrontation policière. Tous deux sont des méthodes pour augmenter la masse monétaire… qui, en théorie, mènent à l’inflation des prix à la consommation.
* Le marché baissier dure depuis neuf semaines environ. Il est probablement prêt pour une petite sieste… et peut-être un recul. Mais nous doutons qu’il soit terminé — et vous avez encore jusqu’au 29 mai pour en profiter. Il y a encore bien trop d’argent et bien trop de gogos qui n’ont pas encore été attirés sur le marché baissier. La prochaine vague de ce marché baissier devra attendre, très probablement.
* Une autre chose inquiétante s’est produite la semaine dernière : les rendements obligataires US ont grimpé. Ils sont encore très bas… mais ils sont à la hausse. Et c’est inquiétant, parce qu’à un moment ou à un autre, nous pensons que l’enfer se déchaînera sur le marché obligataire. Le glissement des prix obligataires auquel nous assistons actuellement (lorsque les prix baissent, les rendements grimpent) pourrait en être — ou pas — un signe annonciateur.
** Mais revenons un peu en arrière pour expliquer la situation à nos nouveaux lecteurs potentiels.
* Commençons par reculer d’un demi-siècle. Les Etats-Unis sont sortis de la Deuxième guerre mondiale avec le rang d’économie la plus grande, la plus forte, la plus innovante et la plus dynamique. Ils ont ensuite gagné en vigueur… pour finalement s’affaiblir. Progressivement, les Américains se sont détournés de la production pour se concentrer sur la consommation. Et peu à peu, les entreprises les plus profitables des Etats-Unis sont passés de la fabrication de choses au financement de choses. Voilà pourquoi General Motors a créé GMAC, son unité financière… et pourquoi General Electric a tout misé sur GE Finance. Voilà pourquoi le centre de la puissance économique américaine est passé des terres industrielles de Detroit et Cleveland aux centres financiers de la côte… notamment au coeur de Manhattan.
* Le secteur financier a connu une croissance explosive en fournissant du crédit. Les Américains ont emprunté. Leur dette a donc augmenté. Après avoir été les principaux créditeurs au monde dans les années 50 et 60… ils sont devenus les principaux débiteurs dans les années 80 et 90. Peu à peu, l’économie de consommation a exigé de plus en plus de dette pour produire une unité supplémentaire de production. Les débiteurs devaient emprunter non seulement pour acheter… mais aussi pour rembourser leurs précédents emprunts, ou leurs intérêts.
* Durant les années Eisenhower, il fallait 1,50 $ de dette pour produire un dollar de PIB additionnel. A la fin du siècle dernier, ce coût était passé à plus de 4 $… puis 6 $ quelques années après. La dette totale des Etats-Unis, qui était à 150% du PIB environ avant que Ronald Reagan n’arrive au pouvoir, a explosé à 370% durant les dernières années du mandat de Bush.
* A la fin des années 90/début du 21ème siècle, l’économie américaine était entrée dans la "Bulle Epoque". L’industrie financière — aidée et encouragée par la Fed — fournissait tant de "liquidités" que les prix des actifs entraient en ébullition un peu partout. Bien entendu, les bulles explosent toujours — sans exception. Et lorsque la bulle des dot.com a éclaté en 2000, nous avons d’abord pensé que c’était la fin de l’Ere des Bulles. Nous n’avions pas réalisé que les plus grandes bulles étaient encore à venir ! Elles sont arrivées ensuite dans l’immobilier, l’art, les pays émergents, le pétrole et les matières premières. Toutes ont éclaté. Mais la plus grande bulle de toutes — celle du crédit — a explosé elle aussi, mettant fin à la Bulle Epoque. Le capitalisme donne. Le capitalisme reprend. Le procédé que Schumpeter appelle "destruction créatrice" se poursuit.
* Nous sommes désormais dans l’ère post-bulle. L’industrie financière a été rasée. Elle ne peut plus créer de bulles. Les gouvernements du monde entier étayent les murs… et renforcent les fondations. Mais la Bulle Epoque ne peut être ressuscitée.
* Est-ce là la fin de l’histoire ? Pas du tout. Les efforts des autorités pour entraver la marche du capitalisme auront des conséquences impressionnantes. Le spectacle commencera lorsque le marché obligataire craquera… faisant grimper les rendements dans la stratosphère. C’est tout ce que nous avons à en dire aujourd’hui : à suivre…