** L’ère de la "financiarisation" de l’économie américaine touche à sa fin. C’est le retour aux fondamentaux de la création de richesses, à la propriété, et au principe de fabriquer des choses utiles. Grâce à leur utilité intrinsèque, ces investissements conservent leur valeur à long terme. Au coeur du désarroi actuel, le marché se débarrasse d’à peu près tout. On obtient donc de bons prix en reprenant ces fondamentaux. L’un deux est la capacité de produire de la nourriture.
Récemment, je suis allé au château de Courtomer, un des derniers châteaux construit en Normandie, juste avant la Révolution Française. Une peinture ancienne représentant le Marquis de Courtomer est encore accrochée dans la cage d’escalier. Bill Bonner, mon éditeur et propriétaire du château, m’a expliqué que cet homme avait perdu la tête — littéralement — au cours de la Révolution. Le château a aussi été le quartier général régional des opérations allemandes en Normandie au cours de la Seconde guerre mondiale.
C’est un remarquable vieil édifice, fait de briques et de pierres robustes. Imaginez tout ce qu’il a vu défiler au cours des siècles : guerres, effondrements boursiers… et toutes sortes de désastres. Et pourtant il est encore debout. Il a conservé son utilité, même après toutes ces années. Cette longévité est une bonne chose — une chose enviable — et pas si répandue au sein de la plupart de nos possessions matérielles.
** Aujourd’hui, des idées d’investissements classiques et solides me viennent à l’esprit. Face à la crise du crédit qui emmagasine de la force comme un ouragan au large des eaux chaudes du golfe du Mexique et qui dévaste les marchés boursiers par la même occasion, il est tout naturel de se concentrer sur des idées d’une endurance à toute épreuve.
Pendant un dîner, nous avons eu une intéressante conversation à propos de ce que nous aimerions posséder en temps de crise. Nous avons parlé de l’or — qui a récemment atteint son niveau record, lorsque son prix a augmenté de 50 $ l’once. Nous avons parlé de l’argent. Dan Prescher, éditeur d’International Living, avait lui une autre idée.
"J’aurais une vache," a-t-il dit. "Pensez-y un peu. Qu’est-ce que vous préfériez avoir si les choses tournaient vraiment mal ? Des pièces d’or ou une vache ?"
Je pense qu’il était sur une piste. Bien entendu, une vache est un animal bien utile à avoir. Peut-être quelques poulets aussi, et une terre cultivable largement approvisionnée en eau, avec un bon nombre d’arbres fruitiers. Ces choses ont toujours eu une valeur pour l’humanité. Il faut boire et manger. En temps de crise, on peut se contenter d’un vieux pull et renoncer à en acheter un nouveau. On peut rafistoler un vieux canapé, manquer un film et se passer du dernier iPod. Mais on boit et on mange toujours.
J’ai beaucoup pensé à la chaîne alimentaire mondiale dernièrement. J’ai récemment écrit à propos de ce que j’ai appelé "la crise des terres arables". Les terrains fertiles deviennent un bien extrêmement précieux. Et je pense que l’ensemble de la chaîne alimentaire va prendre de la valeur par la même occasion. C’est un peu comme l’histoire du pétrole.
Pendant que les prix du pétrole grimpent, les réserves deviennent plus précieuses. Il en va de même pour l’ensemble des infrastructures liées à l’énergie — oléoducs, raffineries, compagnies et personnes capables de construire et réparer les tours de forage, par exemple. Je pense que la même chose arrive — ou va arriver — avec les terres agricoles et l’ensemble des réseaux de l’alimentation qui nourrissent cette planète affamée.
Le désarroi du marché pourrait créer des opportunités vraiment formidables de s’engager relativement tôt dans ces tendances émergentes.
** Récemment, j’ai partagé avec vous quelques citations de John Templeton. Voici quelques idées supplémentaires à méditer si vous pensez investir :
La sélection des actions est un processus complexe. Rappelez-vous que, contrairement aux autres professionnels, un investisseur prudent et avisé ne peut pas se permettre de faire ce que les autres investisseurs font. Par exemple, si dix médecins vous recommandent un médicament, il est alors avisé d’accepter ce consensus. De la même façon, si dix ingénieurs sont d’accord sur les plans de la réalisation d’un pont, c’est probablement la façon appropriée de le construire. Mais si dix analystes vous disent d’acheter une action en particulier — ou de l’or, des marks allemands, des obligations ou quoique ce soit — c’est probablement la mauvaise chose à faire.
Le monde de l’investissement est particulier. Vous devez marcher aux côtés de la minorité. Vous devez avoir la force de faire face à la foule. Comme le dit Templeton, le seul moyen de faire de bonnes affaires est d’acheter ce que les gens vendent :
Achetez des choses dépréciées. Le prix d’un titre est en déclin seulement quand les gens vendent. A part sous la pression de la vente, il n’y a aucune raison pour que les prix soient sous-évalués. Donc, si vous voulez obtenir des prix réduits et atteindre de plus grands profits sur le long terme sur le marché des valeurs boursières, vous devez être prêt à faire le contraire de ce que font la plupart des investisseurs.
Il y a certainement des moments adéquats pour tenter sa chance. Le récent effondrement du marché va mettre à l’épreuve les nerfs et la détermination de tous les investisseurs. Mais il n’y a pas grand-chose d’autre à faire à part attendre que ça passe. Et pour ceux qui ont les tripes pour ça — et les moyens — c’est aussi un moment propice pour faire de bonnes affaires.