Les folles politiques dites contracycliques – rendues possibles par le système monétaire et financier actuel – déboucheront sur une débâcle similaire à celle du « système de Law ».
Demain, la plupart de nos collaborateurs vont suivre une formation sur la bourse. Notre bureau parisien s’est étoffé, de jeunes recrues sont arrivées. Tout ce petit monde, du service client au marketing en passant par l’éditorial, va affiner ses connaissances dans le domaine des marchés financiers.
La bourse est cyclique : des hauts puis des bas… 1987, 2000, 2008. Plus la bourse monte, plus les gens s’y intéressent et donc plus les marchés montent.
Même si la France compte (hélas) moins d’actionnaires en direct que les autres pays à niveau de vie comparable, en dix ans vous êtes nombreux à avoir retrouvé le chemin des marchés. D’ailleurs, le gouvernement vous y incite après neuf ans de hausse continue !
Puis la correction arrive, tout le monde prend peur, cherche à s’informer, à comprendre… La dernière fois que nous avions organisé une telle formation, c’était en 2009. La poussière venait de retomber sur le krach de la crise du crédit subprime.
La bourse est cyclique, l’économie aussi.
Les cycles sont à l’activité économique ce que la respiration est à l’humain. Expansion, effervescence, surinvestissement puis récession et destruction des mauvais investissements dus à l’excès d’enthousiasme.
Mais depuis Keynes, gouvernements et banques centrales s’efforcent d’empêcher les cycles de se produire. Ils prétendent pouvoir adoucir une correction, relancer l’économie. Ce faisant, ils empêchent l’économie de respirer, ils l’étouffent et la rendent asthmatique. C’est le syndrome de la « croissance molle ».
Cela donne lieu à de jolie phrases comme celle-ci, des archives du journal Le Monde :
« La récession a été évitée et le gouvernement revoit ses prévisions à la hausse, mais les perspectives restent moroses ».
Le poids de la dette augmente, les taux d’intérêt sont abaissés de force pour la rendre supportable mais d’autres acteurs profitent des taux bas pour s’endetter à leur tour.
La crise du crédit subprime ou des « subprimes », comme disent les commentateurs, a été mal nommée. Les journalistes et experts français semblent d’ailleurs ignorer que subprime est – dans la langue de Shakespeare – un adjectif et donc invariable.
Plus grave, cette mauvaise dénomination implique que le mécanisme n’a toujours pas été compris. Il s’agit en fait d’une crise de surendettement généralisée rendue possible par le système monétaire et financier et aggravé par les politiques keynésiennes contracycliques.
Ce n’est pas la première fois qu’une crise est mal nommée. Durant la Régence, entre 1716 et 1720, John Law avait développé et appliqué en France un « système ». Il est important de se souvenir qu’on parlait bien du « système de Law ».
Le régent, face à des caisses vides et un Etat surendetté par les guerres de Louis XIV, était confronté au problème classique du pouvoir : comment avoir de l’argent contre rien ? La solution classique est l’avilissement de la monnaie métallique et l’endettement. Crésus, l’Empire romain, Philippe Le Bel, et bien d’autres en étaient passés par là avec toujours une issue désastreuse.
John Law et son système pour dissoudre les dettes
John Law a réellement inventé la méthode moderne : monnaie papier, banque centrale, endettement, création monétaire et « assouplissement quantitatif ».
La Banque Royale était une banque centrale qui s’est livrée à de la création monétaire et a participé au rachat des créances du Trésor (contre des actions de la compagnie du Mississipi). Le « système » connut une telle faillite que, par la suite, la France traumatisée n’osait même plus appeler une banque « banque ». Après Law, les banques furent appelées « caisses ».
A tort, la faillite du « système de Law » fut appelée « bulle du Mississipi » ; pourtant, cela n’avait rien à voir avec une bulle purement boursière comme celle de la tulipe.
Le « système de Law » a été ressuscité depuis la fin des accords de Bretton Woods, qui a acté le décrochage de toutes les monnaies d’un repère réel (une contrepartie métallique en or ou argent).
« Si Law revenait parmi nous, 300 ans après son premier séjour terrestre, il aurait quelques motifs de satisfaction.
On retrouve en effet dans l’histoire économique et monétaire de l’après-guerre, en particulier depuis 1971, la plupart des ingrédients qui ont fait la réussite et l’échec de son système : la démonétisation de l’or, une bulle d’actifs entretenue par une politique de taux bas en totale déconnexion de l’économie réelle, des émissions d’actions et de billets qui, sans toujours atteindre la sophistications de nos produits dérivés, n’avaient de contrepartie que dans la titrisation de dettes anciennes et nouvelles ».
Nicolas Buat, John Law, La dette ou comment s’en débarrasser
Le « système de 1971 » connaîtra la même faillite que le « système de Law ». L’immense tas de dettes publiques et privées accumulées par le délire des politiques contracycliques – rendues possibles par une orgie de monnaie adossée à rien – sera un jour déclaré sans valeur.
Voltaire – qui avait vu le désastre de Law – ricanera dans sa tombe : « le peuple reçoit la religion, les lois, comme la monnaie : sans l’examiner ». Cette fois, ce n’est pas différent.
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Voltaire disait aussi que la valeur de la monnaie papier dépendait fortement de la confiance envers ceux qui l’impriment… L’article pourrait être illusté par ll’air du « Faust » de Gounod :
* Le veau d’or est toujours debout ! https://www.youtube.com/watch?v=aLzqeZbv5WY&list=LLkUuavoU1B-Eaqd4mM-zS4w&index=18
Je suis totalement d’accord avec cette vision, remarquez cependant que les autrichiens font la même erreur en voyant dans les actions de la banque centrale la source des cycles économiques.
Non, les économistes de l’école autrichienne ne voient pas du tout les banques centrales comme source des cycles. Ils les voient comme « empêcheuses de tourner en rond » !
Les origines du cycles sont tout bêtement la nature humaine : excès puis correction d’excès grâce au taux d’intérêt formé librement qui reflète l’équilibre entre épargne et demande d’investissement…
http://ecole-autrichienne-d-economie.over-blog.com/2017/05/la-theorie-autrichienne-du-cycle.html
» Les origines du cycles sont tout bêtement la nature humaine : excès puis correction d’excès grâce au taux d’intérêt formé librement qui reflète l’équilibre entre épargne et demande d’investissement… »
Tout à fait d’accord.
J’ai lu le lien, on ne doit pas le comprendre de la même manière.
» La théorie autrichienne du cycle correspond au mécanisme de la crise des années trente. Une politique de création monétaire dans les années 1920 a provoqué un boom, qui s’est terminé en puissante récession. Cette création monétaire a provoqué des investissements en amont du cycle de production. »
» La théorie autrichienne reprend des éléments phares de l’école autrichienne: le temps et la structure de l’économie. Les crises proviennent des politiques menées antérieurement. »
» Cependant, les taux d’intérêt ne sont pas déterminés par le niveau d’épargne de la population. Ils sont en fait fixés, totalement arbitrairement, par les banques centrales. Celles-ci ont tendance à diminuer le taux d’intérêt pour relancer l’économie. Et ça fonctionne. L’économie connaît un boom. Mais ce boom est artificiel.
Surtout, il déstructure le tissu économique. Le détour de production s’allonge, sans raison puisque les consommateurs ne repoussent pas leur consommation. L’information donnée aux entrepreneurs est fausse. Ce qui donne ce que Mises appelle un malinvestissement. Ce n’est pas un surinvestissement. C’est un investissement à mauvais escient, dans un processus de production inadapté à l’économie. Le boom entraîne une récession. Un bust en anglais.
On caractérise le cycle par le boom et le bust : la relance et la récession entraînée par celle-ci. Ce qu’il faut souligner, c’est que la récession est la conséquence du boom artificiel. «