▪ Il y a quelques années, nous nous amusions beaucoup à nous moquer de l’industrie financière. Ses prétentions étaient absurdes et choquantes. Ses illusions étaient à couper le souffle. Ses dirigeants étaient des lourdauds et des escrocs.
Mais le secteur financier a explosé en 2007-2009. A présent, que nous reste-t-il ?
Le gouvernement ! Qui fait exactement les mêmes choses… commet les mêmes erreurs (en pire)… et travaille dur à sa propre extinction.
"En gros, c’est terminé"… déclare Charlie Munger. Le partenaire de Warren Buffett est d’avis que les jours de gloire de l’économie et l’empire américain sont révolus. Il l’a expliqué dans ce qu’il appelle "une parabole", dans Slate Magazine.
Cela met Munger en opposition directe avec tous ces économistes, banquiers, politiciens, experts et empêcheurs de tourner en rond qui pensent pouvoir faire mieux que l’industrie financière. Martin Wolf, dans le Financial Times, déclare que le défi consiste à "marcher sur la corde raide" entre trop de stimulants artificiels et une fin prématurée de ces stimulants.
Richard Koo et Paul Krugman sont d’avis que les autorités doivent stimuler l’économie encore plus pour compenser les forces de la contraction.
La plupart des gens pensent que l’économie réussira à surnager… grâce à tous ces génies qui travaillent au département du Trésor US et à la Fed.
On peut toujours rêver ! L’économie pourrait surnager, ou pas (le Wall Street Journal annonce que les taux de croissance sont revenus à la normale). Mais si l’économie se tire effectivement de cette dépression… ce sera en dépit de tous ces planificateurs centraux qui lui disent quoi faire, non grâce à eux.
▪ Pour autant que nous puissions en juger, nous sommes toujours en dépression — c’est-à-dire dans une contraction déflationniste. Vous allez voir passer beaucoup de statistiques contradictoires et d’analyses bidon, durant les cinq à dix prochaines années. Ce qu’on ne verra pas, en revanche, c’est de la véritable croissance… du moins pas avant que la dette soit substantiellement épongée, que les coûts soient réduits et qu’un nouveau modèle économique soit découvert. La "croissance" à laquelle nous assistons actuellement est en grande partie illusoire — un mirage, une nuisance séduisante. Plus tard, il faudra payer !
Pour dire les choses autrement, on ne verra pas de véritable croissance avant qu’il y ait une base solide sur laquelle construire. De nouvelles fondations, avec des coûts plus bas et moins de sangsues.
Oui, cher lecteur, le problème n’est pas un problème de liquidités. Ce n’est pas un problème bancaire. Ce n’est même pas un problème de dette. Le principal souci, c’est que l’économie américaine — mais on pourrait dire presque la même chose du Japon, du Royaume-Uni, de l’Italie… et de bien d’autres pays encore — est trop chère, trop rigide et trop pleine de zombies.
Munger a raison. Ou du moins, il a raison sur ce qui s’est déroulé jusqu’à présent. L’industrie financière a transformé les Etats-Unis en casino… et trop de gens y ont perdu leur argent.
Nous ne connaissons pas la suite de la parabole de Munger. Nous n’avons pas réussi à télécharger la deuxième page de l’article du Slate. Mais c’est un homme intelligent. Nous doutons qu’il ait pu passer à côté du rôle du gouvernement. Pour commencer, le secteur privé s’est chargé de dette. A présent, c’est au tour des autorités.
▪ Est-ce Ronald Reagan qui a dit de l’Union soviétique qu’elle était "du mauvais côté de l’Histoire" ? Les bolcheviques étaient visiblement du mauvais côté de l’Histoire en 1989. Nous le savions. Ils le savaient. Le problème était si évident qu’ils n’avaient pas le choix. Leur économie implosait — à cause de la planification centrale rigide. Ils abandonnèrent l’idée, et changèrent de côté.
A présent, ce sont les Etats-Unis qui sont du mauvais côté de l’Histoire. Comme l’Union soviétique, ils essaient d’imposer leur volonté par la force en Afghanistan. Comme l’Union soviétique, ils ont trop de dépenses et pas assez de revenus. Et comme l’Union soviétique, ils essaient d’imposer également leur volonté à l’économie nationale — par le biais de la planification centrale. Pas exactement avec les gros sabots des anciens apparatchiks ; c’est de la planification centrale post-Mur de Berlin. Le collectivisme avec un nez de clown.
Les Etats-Unis nationalisent des secteurs clés et empruntent lourdement… faisant passer le poids de la "croissance" économique du secteur privé vers le gouvernement. Tout, depuis les finances personnelles jusqu’à l’alimentaire, en passant par la banque, les assurances, les automobiles et l’emploi est désormais possédé, fourni ou subventionné par le gouvernement américain.
Une fois que l’Union soviétique a chuté… le reste du monde est venu observer le précipice collectiviste… et a fini par y glisser. En octobre 2009, le FMI comptait 153 programmes de relance ou de renflouage. Si vous achetiez une maison ou une voiture en 2009, le gouvernement était sans doute là pour vous y aider. Et si Obama suit son programme — ce n’est pas près de s’arrêter. Reste-t-il une seule action, aussi triviale soit-elle, qui n’implique pas le soutien, l’approbation ou le financement du gouvernement ?
Munger l’a peut-être souligné. Ou peut-être pas. Quoi qu’il en soit, nous allons nous en charger : l’économie américaine était plus solide avant qu’on la charge de tant de gens dépendant d’elle… et de tant de personnes intelligentes l’aidant à avancer.
Elle ne fera guère de progrès tant qu’elle ne se sera pas débarrassée de ces gens. Cela n’arrivera pas tant qu’elle ne sera pas entrée droit dans le mur… perdant tout espoir. Vivre aux dépens des autres est une habitude difficile à perdre.