** Aux Etats-Unis, les ventes de maisons existantes ont chuté au taux de 8% au dernier trimestre — le double de ce qu’on attendait. Les ventes de voitures ont chuté aussi, au taux annuel de 15%.
* Pendant ce temps, en Californie… les prix des maisons chutent… le dollar chute… et des milliards de dollars de richesses partent en fumée — littéralement ! La Californie est en flammes. Cinq personnes sont mortes… et un million a été évacué. "C’est la plus grande mobilisation de l’histoire de cet état", disait La Naciòn hier. Les pauvres Californiens ; nous espérons que nos lecteurs qui y résident sont à l’abri.
* Jusqu’à présent, seul l’acheteur marginal… le prêteur marginal… l’investisseur marginal… et le propriétaire marginal… ont vraiment souffert. Mais les problèmes des marchés du crédit pourraient-ils se propager à des domaines plus larges ? La conflagration en Californie pourrait-elle annoncer d’autres feux d’artifice ailleurs ?
* Notre analyste financière argentine, Paola Pecora, lisait nos commentaires hier.
* "Le problèmes, avec vous autres rédacteurs financiers américains, c’est que vous êtes trop naïfs", a-t-elle commenté.
* "Ici en Argentine", continua-t-elle", on ne se demande pas SI on aura une crise financière… on se demande juste QUAND on l’aura".
* Les Argentins ne se donnent pas non plus la peine de se demander qui souffrira lorsque les problèmes arriveront. Ils sont déjà passés par là. Ils connaissent les ficelles. Le gouvernement essaie toujours de bidouiller tel prix ou trafiquer tel marché. Il vit sans arrêt au-dessus de ses moyens — tentant d’acheter le soutien politique en dépensant de l’argent ou en contrôlant les prix. Puis, inévitablement, il essaie de retarder autant que possible le jour du jugement. Et lorsque tout explose, c’est un effroyable gâchis.
* En général, les gens intelligents… les gens riches… s’en sortent bien. Ils ont sorti leur argent — ou une bonne partie — du pays. De plus, si vous n’avez pas de dettes, une maison confortable… assez à manger… et une voiture qui roule… la richesse n’est qu’un chiffre. Un chiffre qui varie avec les taux de change et l’inflation.
* Mais les classes moyennes n’ont pas tant de chance. Lorsque les problèmes arrivent, en général, ce sont elles qui souffrent. Elles ont quelque chose à perdre… mais pas assez. Leur niveau de vie baisse. Bien entendu, le degré auquel les gens sont affectés par la crise dépend du genre de ladite crise. L’inflation peut effacer leur épargne et leur retraite (aujourd’hui, en Argentine comme aux Etats-Unis, bon nombre de choses sont automatiquement ajustées à l’inflation. Mais dans les deux pays, les autorités jouent avec les chiffres de sorte que les pertes dues à l’inflation ne sont jamais totalement récupérées). Les krachs boursiers, les déflations, les faillites et les dépréciations monétaires causent également des dommages à la classe moyenne — réduisant les revenus, vidant les bas de laine et mettant tout le monde sur la paille ou presque.
** "Les Américains sont appauvris par leur manque d’expérience", expliquions-nous à notre professeur d’espagnol, Gabriela. La dernière crise financière majeure date des années 30 ; c’est à peine s’il reste des personnes vivantes pour s’en souvenir en tant qu’adulte. Après tant d’années et si peu de problèmes, nous ne pouvons pas imaginer que quelque chose de vraiment horrible arrivera ; il n’arrive jamais rien de vraiment horrible.
* Les choses horribles arrivent aux autres ; jamais à nous.
* Bien entendu, nous préférons largement être appauvris par le manque d’expérience financière que par le manque d’argent. Mais nous avons le sentiment que le premier pourrait facilement mener au second.