Par Raphaël Garaud (*)
Dans un scénario de bulle, les cours commencent d’abord par monter normalement et régulièrement, sur une longue période. C’est la partie saine de la hausse : elle est tirée par une demande industrielle en augmentation. Puis la hausse s’accélère : elle attire de nouveaux venus, les investisseurs. Nous entrons alors dans la phase deux d’un cycle bullier : celle où les gros investisseurs exploitent le filon. Enfin, les cours s’emballent : tout le monde veut avoir sa part du gâteau, et se jette sur le plat ; on entre en plein délire boursier, complètement irrationnel. Les cours s’emballent, la bulle se gonfle, se tend comme une baudruche et puis, pouf… éclate brutalement.
Les cours se dégonflent et le marché subit une première consolidation. Normale au départ, mais la chute entraîne la chute : l’inquiétude puis la panique se répandent ; la boule de neige prend de la vitesse.
Nous voilà aujourd’hui dans la zone des 140 $. Nous avons eu ces derniers mois une première forte accélération de la hausse. Mais rien n’est encore terminé : l’accélération pourrait porter le cours du pétrole à 160/170 $ — avant une ultime hausse violente qui pourrait entraîner l’or noir à 190/200 $ le baril, voire un peu plus si la fièvre spéculative gagne en intensité.
Je ne prétends pas deviner ce qui va se passer dans les prochains mois mais mon expérience des marchés m’a appris à reconnaître une "bulle". Et il n’y a aucune raison que cela ne se reproduise pas, les mêmes causes provoquant très souvent les mêmes effets.
Que choisir ?
Qu’il soit de circonstance, contraint ou forcé, l’engouement pour l’or noir ne se dément pas — faute de mieux pour le moment.
Seulement, les économies perdent peu à peu du terrain. Depuis plusieurs mois, le chômage progresse aux Etats-Unis, le rythme des activités économiques ralentit. Les entreprises vont devoir réduire leur activité, moins produire, et donc moins consommer de pétrole. Vous pensez donc logiquement que le pétrole ne pourra pas rester si cher puisqu’il y aura une baisse de la consommation ; la bulle ne tardera pas à se dégonfler.
En théorie, je suis d’accord avec vous… sauf que la BCE vient de relever ses taux. Cette noble croisade pour un "euro fort", chère à Jean-Claude Trichet, et pour lutter contre l’inflation, a un petit défaut.
Cette hausse des taux en zone euro va à l’encontre des efforts de M. Bernanke pour soutenir le dollar, qui est trop faible. La Fed souhaite justement arrêter la descente du billet vert dans les abîmes, afin de faire retomber les pressions inflationnistes. Or un dollar faible alimente la hausse du brut car ce dernier se paye en dollars… et plus le dollar se déprécie, plus les cours du brut montent, les producteurs défendant bien leurs intérêts.
Il y aurait comme un dilemme ne croyez-vous pas ? La question que je me pose est la suivante : la Fed ne va-t-elle pas être obligée de remonter ses taux ?
Meilleures salutations,
Raphaël Garaud
Pour la Chronique Agora
(*) Raphaël Garaud est le rédacteur en chef de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine. Ce service d’information financière offre à ses membres des moyens exclusifs et fiables de protéger et d’accroître leur patrimoine. Actions, fiscalité, immobilier, investissements alternatifs… Vos Finances – La Lettre du Patrimoine ne laisse rien au hasard lorsqu’il s’agit de faire fructifier votre capital.
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