Par Frédéric Laurent (*)
Dommage, la lune de miel n’aura duré que le temps d’une rose. Dès le lendemain du brillant plébiscite d’Obama, les marchés déchantaient. La réalité économique reprenait le pas sur l’euphorie et la bouffée d’espoir que le président démocrate incarne désormais.
Ce sont les travaux d’Hercule que l’on demande à un homme dont les poches sont vides et trouées. Il va devoir donner une réponse appropriée à la récession tout en posant les fondations d’une nouvelle croissance saine pour les années à venir. Mais comment fera-t-il pour liquider une montagne de dettes alors que les acteurs économiques, les établissements financiers ou les particuliers, sont de moins en moins solvables ? Son véritable défi sur 2009 et 2010 sera le comportement du consommateur américain.
Rien n’est gagné… et aujourd’hui, je ne crois pas au rebond durable des marchés. Ce n’est qu’un feu de paille, et nous devons anticiper une prochaine baisse. Nous devons protéger nos investissements, et penser que même dans la baisse, vous pouvez faire des profits. Car au final, la crise américaine, devenue mondiale, a un impact direct sur votre pouvoir d’achat et sur votre portefeuille.
Nous pouvons lutter, mais pour cela, nous devons appliquer à la lettre une stratégie des plus défensives et adaptées aux enjeux économiques actuels.
Voyons cela de plus près
Après un déficit de 455 milliards de dollars sur 2008, que dire des 1 000 milliards de déficit attendus pour 2009 ? Le gouvernement Bush avait non seulement entamé une guerre en Irak qui a tourné à un gouffre financier (3 000 milliards de dollars de dépenses !), mais il a mené une politique d’endettement massif de la nation et des ménages américains.
L’endettement facilite l’acquisition d’un logement, de biens de consommation ; il est souvent indispensable, à condition d’avoir un travail et un minimum de ressources, sur la base d’un remboursement sur des taux fixes. Cela n’a pas été le cas. Aujourd’hui, les 4,5 millions d’Américains qui sont pris dans la tourmente des subprime, seront bientôt expulsés de leur maison et auront tout perdu. Nous ne sommes pas dans l’abstraction de chiffres avec plein de zéros derrière ; nous sommes dans la réalité vécue par des millions d’Américains et que des administrateurs irresponsables ont conduit à la banqueroute et la misère.
Pourtant, avec Obama, l’Amérique se remet à espérer et à se réinventer grâce à un pragmatisme et un dynamisme qu’elle seule peut mettre en place. Il faudra attendre le 20 janvier pour qu’Obama donne ses premières impulsions, l’administration en place n’ayant plus grand pouvoir. Le monde a besoin d’une Amérique forte. L’économie mondiale ne pourra se redresser que si les Etats-Unis viennent à bout de leurs propres problèmes. Si c’est à cause de la mondialisation que nous avons subi leur crise… c’est aussi grâce à cette même mondialisation que si les Etats-Unis s’en sortent, notre économie européenne sera tirée vers l’avant.
Et ce n’est pas la réunion du 15 novembre qui a bouleversé la donne et refondu le capitalisme mondial… malgré toute la bonne volonté de notre président Sarkozy.
Les prévisions du FMI sont édifiantes
Un mois après avoir annoncé un chiffre de 0,5% de croissance dans les pays développés et de 3% dans le monde pour 2009, le FMI a revu ces chiffres à la baisse. En 2009, les pays développés devraient connaître la première contraction (-0,3%) de leur PIB depuis 1945 et la croissance mondiale ne dépassera pas les 2,2%. C’est dire à quelle vitesse les chiffres sont revus à la baisse… signe inquiétant de l’ampleur de la crise dans laquelle nous entrons à peine.
La prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2009 est ainsi passée de 0,1%, il y a un mois, à -0,7%. Pour la Zone euro en 2009, on passe de +0,2% de croissance attendue à -0,5%. Plus précisément en France, nous devrions supporter les affres de la récession en 2009 : nous risquons de subir un recul de -0,5%, alors que le FMI anticipait jusqu’à présent une petite croissance de +0,2%.
Mais malgré cela, le FMI essaye de faire bonne figure et d’être rassurant : "Ces prévisions sont basées sur les politiques économiques actuelles. Une action mondiale pour soutenir les marchés financiers et fournir une relance supplémentaire et une détente monétaire, peut aider à limiter la baisse de la croissance mondiale".
Mais y parviendront-ils ? C’est ce que nous verrons dès demain…
Meilleures salutations,
Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora
(*) Diplômé d’un DESS de Gestion Internationale de Fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier – bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en tant que Rédacteur en Chef de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.