▪ "Appelez ça un cauchemar", déclare Dave Rosenberg.
Partout dans le monde, les marchés sont mis à mal.
Le Wall Street Journal annonce qu’il est temps de s’inquiéter d’"une récession en double creux".
Appeler ce qui se passe une "récession", c’est être à côté de la plaque. Ce n’est pas une simple pause. C’est un changement… une Grande Correction…
Il se passe autre chose… quelque chose de bien plus important et de bien plus difficile à gérer qu’une récession ordinaire. Les autorités ont jeté toutes leurs forces dans la bataille pour mettre fin au ralentissement. Quel que soit le point de vue où l’on se place, les munitions dépensées pour ce combat sont spectaculaires.
Et ça n’a pas marché. Le chômage a en fait empiré. Le crédit du secteur privé a décliné. Et que voyons-nous là ? "Les prix de l’immobilier [US] baissent, engendrant la crainte d’un nouveau plancher", titre la presse.
Les gens parlent de "reprise", mais on est déjà trois ans après le début de la crise et il n’y a pas de reprise. Il y a plutôt une nouvelle crise à l’horizon.
Le problème à présent, c’est que les autorités n’ont plus beaucoup de munitions. Les taux d’intérêt sont déjà à zéro ; ils ne peuvent aller plus bas. Le déficit fédéral représente déjà jusqu’à 10% du PIB.
En outre, il apparaît de plus en plus clairement que les munitions utilisées ont été gâchées ! Elles ne nous ont rien rapporté — sinon plus de dette.
▪ Le problème n’a jamais été une récession, mais un excès de dette dans le secteur privé. Les autorités ont mal compris les choses. Elles pensaient qu’il s’agissait d’une récession normale, qu’elles pouvaient "guérir" avec plus de crédit et de dépenses. Elles ont donc ajouté l’équivalent de milliers de milliards de dollars de nouvelles dettes du secteur public.
Les autorités ont ainsi affirmé avoir épargné à l’économie mondiale un désastre pire encore. Sauf que ce désastre est en train de se produire malgré tout. Les mauvais rêves se sont transformés en cauchemar. Parce que le secteur privé n’est pas le seul à faire faillite ; les gouvernements aussi.
Non que nous ayons de nouvelles informations sur le sujet, notez bien. Et nous attendons qu’on nous prouve que nous nous trompons. Mais nous savons additionner et soustraire. Lorsqu’on additionne les dettes totales du monde développé — les Etats-Unis, l’Europe et le Japon — on obtient des chiffres assez conséquents. La dette gouvernementale à elle seule est de 32 000 milliards de dollars — pour des économies combinées d’environ 34 000 milliards de dollars.
Actuellement, avec les taux d’intérêt les plus bas de ces 30 dernières années, la plupart des gouvernements "occidentaux" peuvent encore payer les intérêts et financer leurs déficits. Mais l’Europe a déjà des problèmes. Tous les gouvernements de l’Union luttent pour élaborer un plan crédible de coupes budgétaires. David Cameron a annoncé celui de la Grande-Bretagne cette semaine.
"Les plans d’austérité se multiplient en Europe", titrait Le Figaro mardi. Plaignez les bureaucrates français ! Ils vont devoir réduire les dépenses de 10% l’an prochain.
Au Japon et aux Etats-Unis, en revanche, les dépenses déficitaires semblent encore faciles. A l’exception de quelques grincheux, voyantes extra-lucides et lecteurs de la Chronique Agora, tout le monde semble penser que les choses iront éternellement bien. Il n’y a pas de vraie pression visant à réduire les budgets — sinon au niveau de l’Etat. Le Pentagone a toujours un chèque en blanc — il remplit simplement le montant chaque année. Les dépenses de santé poussent toujours comme des mauvaises herbes.
Peu de gens réalisent que les finances américaines sont déjà au même niveau que celles de la Grèce. Ils sont encore moins à s’en soucier.
Mais ne comptez pas sur nous pour nous faire du mouron à ce sujet. Pas question. Les marchés entament la phase terminale de leur long marché baissier — celui qu’ils ont entamé il y a 10 ans ? Et alors ? Le marché de l’immobilier est en route vers une augmentation des saisies et une baisse des prix ? Et alors ? Les autorités sont ruinées ? Et alors ?
Nous n’allons pas nous en faire. Nous allons plutôt en profiter.
Mais comment ? Ah… eh bien, pour commencer, nous resterons loin des actions américaines, à court terme. Ensuite, nous sortirons aussi des obligations US et du dollar. Nous resterons investi dans les liquidités et l’or…
Et peut-être que nous apprendrons le chinois…