Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Les faits
L’uranium s’inscrit depuis 2004 dans une tendance haussière longue. A cette date, il cotait environ 10 $ la livre. Trois ans après, en janvier dernier, l’uranium cotait environ 60 $ la livre. Beau parcours haussier, très progressif, et soutenu par de vrais fondamentaux.
Mais à partir d’avril-mai dernier, le cours de l’uranium qui cotait jusque-là 80 $, s’envole à 135 $ en moins de deux mois.
L’accélération est soudaine, très forte et tranche avec le rythme de progression jusque-là observé.
Aujourd’hui, l’uranium est revenu à son cours de mai, juste avant sa soudaine envolée. Il gagne toujours 20% depuis début janvier, mais a perdu 33% depuis son plus haut de juin.
La spéculation est venue se greffer sur les fondamentaux
Voici mon analyse : le Nymex a créé en avril un contrat future sur l’uranium. Il n’existait aucun support (autre que les minières) pour investir dans l’uranium jusqu’alors. Lancement officiel tout début mai.
Ce support a donné aux fonds (qui n’avaient pas accès au marché) un outil pour jouer la hausse de l’uranium. Et ils ne s’en sont pas privés ! En quelques jours, son cours est passé de 80 $ à 135 $.
Le marché était sain et le prix de l’uranium fondamentalement justifié jusqu’au début du printemps. Ensuite, la spéculation est venue se greffer sur les fondamentaux, emportant les cours violemment à la hausse. Elle a eu un effet déviant, déconnectant les cours de la réalité.
Et quand la spéculation prend le dessus…
Vous savez que les investisseurs "joueurs" réagissent très promptement et fortement aux données ponctuelles. Or ils ont reçu deux coups de massue assez violents :
1- La crise du subprime. Les hedge funds ont dû massivement vendre des positions bénéficiaires pour couvrir leurs positions négatives. Ils ont ainsi probablement participé au "lâchage" de l’uranium qui avait atteint un point haut extrême en juin. Et ils n’ont pas été les seuls…
2- Ils n’ont ensuite pas digéré du tout l’annonce du ministère de l’Energie américain qui a décidé de vendre 200 tonnes d’uranium (UF6). Curieuse décision d’ailleurs… Pourquoi vendre de l’uranium dont on risque d’avoir besoin à terme ?
A moins justement que les Américains n’aient voulu "casser" la bulle qui s’est créée en mai juin autour de l’uranium ? C’est tout à fait possible. Habituellement, c’est la Chine qui est maître en la matière. Dès que le prix du cuivre monte trop haut, elle annonce une baisse potentielle de sa demande, et le cours devient tout de suite beaucoup plus raisonnable…
Quoi qu’il en soit, l’annonce a eu l’effet d’une douche froide pour les spéculateurs qui ont quitté le navire aussitôt.
La suite dès demain…
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
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