Par Simone Wapler (*)
Cette idée consiste à dire (ou écrire) en substance :
– 1. l’économie tourne avec des à-coups. Fait incontestable ;
– 2. les gouvernements se doivent de lisser ces à-coups. Fait douteux ;
– 3. notamment, lorsque tout va mal, il faut organiser de vastes plans de relance. Croyance dangereuse.
Il faut se méfier des mots en "-isme". Les mots en "-ique" caractérisent souvent des sciences plutôt objectives qui ont fait leurs preuves : mathématiques, physique, robotique… Les mots en "-isme" sont plus traîtres : capitalisme, socialisme, jacobinisme, romantisme… Ils désignent souvent des sciences molles. L’interventionnisme est donc, à ce titre, suspect. Les sciences molles font intervenir la psychologie et manquent de données objectives.
Selon quels principes les gouvernements devraient-ils systématiquement calmer les hoquets de l’économie ? Le plus souvent, ces hoquets sont dus à l’appât du gain et à la cupidité de certains intervenants des marchés. Le marché détecte une carence, un besoin inassouvi ; les investissements affluent ; une bulle se crée ; la surcapacité devient manifeste et la bulle éclate. Les plus avides sont ruinés en premier. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, dirait Voltaire. Pourquoi vouloir changer la donne ?
Impossible de mesurer l’efficacité des politiques interventionnistes
Les historiens ont conclu que la Grande Dépression qui avait suivi le krach de 1929 était imputable à l’inaction des banques centrales et des gouvernements. Si ceux-ci avaient agi à temps, la Grande Dépression n’aurait pas eu lieu, soutiennent-ils en majorité.
Le seul ennui, c’est que personne ne peut vérifier l’efficacité d’un scénario interventionniste. On ne peut pas refaire le film en imaginant une injection massive de liquidités dès octobre 1929. L’idée qu’une politique interventionniste aurait évité la Grande Dépression est donc une supputation, qui n’est étayée par aucun fait.
En revanche, les résultats du New Deal de Roosevelt sont considérés par certains économistes comme très contestables.
A dire vrai, le seul résultat incontestable fut le déficit public. En 1939, il dépassa 40% du PIB américain (contre moins de 20% en 1929). Hélas, c’est la Seconde Guerre mondiale qui mit fin à la Grande Dépression.
Deuxième contre-exemple : le Japon. Ce pays a tout essayé pour se sortir de l’ornière dans laquelle il est rentré en 1989 : taux zéro, grands travaux d’infrastructure… 20 ans après, l’indice Nikkei vaut cinq fois moins qu’à son sommet de l’année 1989. Pourtant, le Japon compte des entreprises championnes du monde. Toyota a bâti sa fortune sur le principe des trois zéros. Zéro délai, zéro stock, zéro défaut. La ruine du yen, en revanche, vient du taux zéro.
L’interventionnisme creuse les déficits et son efficacité est loin d’être prouvée. Mais dans nos démocraties, un gouvernement se doit d’agir pour faire croire qu’il maîtrise les événements. Il lui est impossible d’être impopulaire : on n’est pas réélu !
En 2000, la Banque centrale américaine a seulement baissé ses taux pour ménager un atterrissage en douceur après l’explosion de la bulle des nouvelles technologies. Une autre bulle s’est ainsi créée.
En 2008, la Banque centrale américaine a baissé à nouveau ses taux et se lançait, en plus, dans l’interventionnisme : banques, assurances, automobiles, énergies renouvelables…
L’Europe lui emboîte le pas.
Un conseil : ne croyez pas une minute à l’efficacité durable des plans de relance, attendez-vous à payez plus d’impôts, n’investissez pas dans les secteurs qui seront artificiellement gonflés par les injections d’argent public.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.