** Grande nouvelle la semaine dernière :
* "Les statistiques de l’emploi écrasent les espoirs de reprise", déclarait l’International Herald Tribune vendredi matin.
* Oh ?
* Oui, cher lecteur… une fois de plus nous avons raison et ils ont tort !
* Vous vous souvenez que les autorités américaines avaient déclaré que leur programme de relance monstre maintiendrait le chômage sous les 8% en 2009. L’année n’est même pas à moitié écoulée qu’on en est déjà à 9,5%.
* Puis ils ont dit que les chiffres s’amélioraient tous les mois — menant inévitablement à une reprise d’ici la fin de l’année. Ils ont prédit une perte de 365 000 emplois en juin — considérablement moins qu’en mai. Au lieu de ça, les chiffres — même après avoir été passés à tabac — montraient que 467 000 emplois avaient disparu, ce qui était considérablement supérieur aux chiffres de mai. Le plus important, c’est que la tendance que les économistes croyaient surveiller — et qui menait à la reprise — a été brisée. Au lieu d’une réduction des pertes d’emploi, nous avons une augmentation.
* Ha ha… nous leur rions au nez. Nous nous moquons d’eux. Nous les regardons de haut. Nous leurs tournons le dos et pointons notre doigt vers… bref.
* Mais attendez une minute. Qu’est-ce que nous sommes en train de dire ? Faisons une pause dans l’autosatisfaction, s’il vous plaît.
* Oui, nous avions raison : il n’y a pas de "jeunes pousses". Mais nous ne sommes pas assez vaniteux et stupide pour croire que nous savons ce qui est en train de se passer. Seuls les crétins pensent savoir ce qui arrive. Et plus ils en sont certains — plus ils sont crétins.
* Où exactement cette économie se dirige-t-elle ? Comment va-t-elle y arriver ? Quand ?
* C’est bien le diable si nous le savons (et c’est bien le diable si nous ne le savons pas !).
* Bon, maintenant… silence… maintenant que nous avons éloigné les dieux jaloux, nous pouvons vous le murmurer : en fait, nous avons bien une idée de la direction que prend cette économie… et nous allons vous la révéler, cher lecteur, à voix basse, petit à petit. Pour commencer, il faut réaliser une chose : nous vivons une dépression. Pas une récession. Dans une récession, l’économie attrape un rhume et doit s’aliter pendant un petit moment. Dans une dépression, l’économie tombe morte. Les entreprises font faillite. Toute la structure économique change tandis qu’on se débarrasse des cadavres et que de nouvelles entreprises prennent leur place.
* Les économistes ont fait une erreur de 100 000 dans leurs prédictions sur le chômage parce qu’ils ne comprennent toujours pas vraiment ce qui est en train de se passer. Nous savions que les prédictions sur la reprise étaient idiotes. C’est une dépression — c’est-à-dire un changement de direction majeur… non une simple pause dans une économie saine par ailleurs. Après plus d’un demi-siècle d’expansion de la dette, cette dernière se contracte. Les entreprises, les ménages, les investisseurs et le gouvernement doivent s’adapter. Ca prend du temps — bien plus de temps que les 20 mois de récession que nous avons vécu jusqu’à présent.
* Et bien entendu, ça se produirait bien plus rapidement si les autorités ne luttaient pas de toutes leurs forces à chaque étape.
** "L’apparition des morts-vivants", titrait le Financial Times vendredi. L’article parlait d’une chose familière et prévisible : les autorités américaines ont renfloué des entreprises d’un bout du pays à l’autre. Au lieu de leur permettre de mourir, le gouvernement les a maintenues en vie… si bien qu’elles continuent de prendre des ressources qui pourraient être consacrées à des concurrents plus prometteurs.
* Mais ne vous fatiguez pas à le dire aux autorités. Elles ne s’en soucient pas. Les entreprises-zombie, vieilles et fatiguées, continuent de financer les campagnes politiques et d’employer des électeurs. Pas les entreprises de demain. Le présent vote — pas l’avenir.