Un sénateur américain a une solution pour faire rapidement rentrer de l’argent dans les caisses du pays et réduire sa dette. Evidemment… c’est un nouvel impôt « exceptionnel ».
Ouh là…
La semaine dernière, nous avions dit qu’avec le plan fiscal de Joe Biden, les Etats-Unis afficheraient le taux d’imposition le plus élevé du monde occidental.
Et quelques jours plus tard, voici ce qu’a déclaré le sénateur Bernie Sanders, histoire d’en rajouter :
« Vendredi, Sanders a présenté le projet de loi ‘Ending Corporate Greed Act’ [NDLR : loi pour mettre fin à la cupidité des entreprises].
Selon le projet de Sanders, les entreprises ayant un revenu annuel supérieur à 500 M$ devraient être taxées à 95% sur leurs ‘bénéfices exceptionnels’. Cette somme serait calculée sur la base du niveau de profit moyen enregistré au cours des cinq années antérieures à la pandémie. Considéré comme une ‘mesure d’urgence temporaire’, cet impôt ne serait mis en place que de 2022 à 2024. Dans un communiqué, Sanders a déclaré que les recettes fiscales associées représenteraient 400 Mds$ sur une seule année.
‘Nous ne pouvons permettre aux grandes compagnies pétrolières et autres grandes entreprises générant des profits de continuer à se servir de la guerre en Ukraine, de la pandémie de Covid-19, et du spectre de l’inflation, pour réaliser des profits obscènes en infligeant aux Américains des prix abusifs à la pompe, dans les magasins d’alimentation ou d’autres secteurs de notre économie’, a déclaré Sanders dans un communiqué. »
Voler Pierre pour soudoyer Paul
Les gratte-papier de Sanders pensent pouvoir siphonner 66,1 Mds$ à Berkshire Hathaway (société qui propose des friandises, des polices d’assurance, du coca-cola et autres produits de consommation). Amazon (une société qui facilite les achats) est censée débourser 28,6 Mds$, JPMorgan Chase (une banque qui fait ce que font les banques) 18,8 Mds$, et Chevron (qui fournit de l’essence à des milliers de conducteurs) 12,9 Mds$ de plus.
Voyons, cet argent sortira de la poche de personnes fournissant de précieux biens et services pour aller dans celles de…
… Raytheon et General Dynamics, qui offriront encore plus d’armes au pays ! (Les investissements consacrés à l’armement depuis 1945 ont-ils jamais été payants ?)
… Baltimore et d’autres villes, qui gaspillent des milliards chaque année en corruption et incompétence (plus elles en ont, plus elles gaspillent).
… mais aussi dans celles de lobbyistes et dans les prêts étudiants qui ne sont pas remboursés, ainsi que dans toute une liste d’arnaques et de pillages qu’il nous prendrait des semaines à dresser.
Inutile de perdre notre temps en soulignant à quel point c’est absurde.
Mais nous allons tout de même le faire, si ce n’est que pour arriver à un autre point : le monde ne réagit pas positivement à un contrôle simpliste exercé par des idiots. C’est tout un réseau de connexions, souvent invisibles et infiniment complexes. Si vous tirez sur un fil, toute la tapisserie se froisse ou bien se déchire.
Mais qu’est-ce qu’en sait Bernie Sanders ?
Les connexions complexes de la vie ne l’intéressent aucunement. A la place – d’une manière typique de sa caste – il fait de la politique depuis 1971, soit la quasi-totalité de sa vie d’adulte. Il n’a aucune idée du fonctionnement du monde réel, il ne connait que le monde des politiques socialistes.
Alors voici un bref « tutoriel » sur les « bénéfices exceptionnels » :
Les bénéfices – exceptionnels ou autres – sont une récompense intervenant parce que l’on a fourni des biens et des services. Le côté « exceptionnel » intervient lorsque ces services sont particulièrement appréciés.
Un type qui passe l’année à couper du bois de chauffage, par exemple, récolte un « bénéfice exceptionnel » quand l’hiver est plus froid que d’habitude.
La proposition en question envisage de lui prendre cet argent pour le donner à des gens qui ne se sont pas donné le mal de couper du bois.
Le tissu de la société civile
Ici, en Argentine, les agriculteurs sont confrontés à des années de fiscalité écrasante, de lois et autres règlementations socialistes, de sécheresses et vagues de chaleurs – et se retrouvent souvent sur la paille. Puis, indépendamment de leur volonté, le climat devient favorable… les prix des matières premières agricoles augmentent… et ils peuvent rembourser leurs prêts et conserver leur activité.
Cette année, l’inflation du dollar et les sanctions prises à l’encontre d’un des plus grands producteurs de céréales du monde ont fait flamber les prix agricoles.
Et soudain, les gauchos se retrouvent comme des coqs en pâte, enchantés de rattraper toutes les années où ils ont tiré le diable par la queue. Devrait-on les priver de leurs bénéfices exceptionnels ?
Et quid des gens qui fabriquent des générateurs portables de secours ? Toute leur stratégie économique est basée sur l’attente d’un bénéfice exceptionnel. La plupart du temps, très peu de gens souhaitent investir dans leurs générateurs. Mais il suffit qu’une tempête s’abatte et, tout d’un coup, les clients se les arrachent.
Et quid de la compagnie d’assurance de Warren Buffett ? Est-ce un bénéfice exceptionnel, lorsque le vent se renforce et que les gens ont besoin d’une clause ouragan dans leur police d’assurance ?
Et quid des laboratoires pharmaceutiques ? Ils dépensent des millions pour maintenir des laboratoires de recherche qui représentent un coût, et non un centre de profits. Puis, sans crier gare, voilà qu’un nouveau virus apparaît. Les blouses blanches s’emploient à trouver un médicament pour le combattre. Bingo ! Des profits exceptionnels !
Bien entendu, la proposition de Sanders va paraître cohérente aux yeux de beaucoup de gens.
Ils pensent que l’Amérique est accablée par un grave manque de législation et de réglementation. Chaque problème et contretemps peut être réglé par de nouvelles lois !
En 2017, Forbes a établi que 88 899 nouvelles lois et réglementations fédérales avaient été passées au cours des 20 précédentes années.
La bande de Sanders pense qu’il en faut davantage !
Ils tirent sur les fils, et la tapisserie de la prospérité et de la société civile se défait.