▪ La matinée est grise, à Londres. Nous regardons par la fenêtre, et nous nous demandons…
… comment est-ce que tout ça fonctionne ? Nous réfléchissons sérieusement, cette semaine. Qu’est-ce qui cause vraiment une dépression ? Un effondrement boursier ? Un excès de dette ? Comment se fait-il que le gouvernement semble régler le problème à certaines occasions — 2001-2007 — mais pas à d’autres ? Comment se fait-il que les Japonais n’ont pas réussi à augmenter les prix à la consommation ? Même aujourd’hui… le taux d’inflation japonais est négatif. Et comment se fait-il qu’en dépit des efforts d’inflation monétaire les plus conséquents jamais fournis, le marché obligataire américain continue de prévoir un taux d’inflation de moins de 2% ?
Nous continuons d’y réfléchir. Et en attendant les réponses…
"Le rebond mondial donne des signes d’essoufflement", dit le Financial Times.
Reuteurs déclare que les chiffres de l’emploi américain "mettront le rebond à l’épreuve". Le New York Times annonce que le ratio chercheurs d’emploi/postes disponible n’a jamais été si mauvais.
Le Wall Street Journal, de son côté, nous annonce que des profits plus élevés que prévu soutiendront le rally. Jusqu’à présent, la hausse des cours des actions n’est pas venue d’une augmentation des bénéfices. Elle provient d’une hausse des PER… basée sur l’espoir d’une augmentation des bénéfices. En termes de bénéfices prévus, le Dow s’échange à un PER de 27. En termes de bénéfices réels, déclarés… le ratio est en fait de 180.
▪ Un ami a commis l’erreur de nous demander ce qu’attendre de l’économie. Nous avons dit qu’elle baisserait.
"Vous voulez dire que vous attendez une reprise en ‘W’ ?" a-t-il demandé, "une récession à double creux ?"
"Non… nous n’attendons pas de reprise du tout. C’est un ‘V’ sans le deuxième trait"…
Bien entendu, nous exagérons. Mais pas beaucoup. Nous ne pensons pas que l’économie de l’Ere de Bulle puisse être ressuscitée un jour. Elle ne se remettra jamais, parce qu’elle est morte.
Cela ne signifie pas pour autant que nous allons reculer éternellement. L’économie pourrait perdre 10% de son PIB… peut-être 20%. Mais nous ne nous attendons pas à nous enliser dans la boue du Moyen-Age, lorsque chacun plantait son propre blé et brassait sa propre bière. Pas du tout. Simplement, la dépression doit continuer jusqu’à ce qu’elle s’arrête.
"Mais quand s’arrêtera-t-elle ?" demandez-vous.
"Quand elle sera finie".
Une dépression se termine quand elle a fait son travail. Elle doit corriger les erreurs. Elle doit punir les fautes. Elle doit détruire l’économie de bulle… et l’état d’esprit de la Bulle Epoque. Ensuite, et ensuite seulement, la véritable croissance durable recommencera.
Jusqu’à ce jour en 2009, 95 banques ont fait faillite. Combien doivent encore finir sur la paille avant que la récession prenne fin ? Nous n’en savons rien. C’est là que les choses se compliquent. Parce que les autorités sont déterminées à nous empêcher de le découvrir !
Voilà comment ça se passe. La Fed prête de l’argent aux banquiers. Les banquiers se tournent et le re-prêtent aux autorités. Les banques sont contentes ; elles gagnent de l’argent grâce à une transaction sans risques. Les régulateurs sont contents ; que pourrait-il y a avoir de plus sûr dans les coffres d’une banque qu’un bon du Trésor US ? Les investisseurs sont contents ; on dirait que le secteur financier gagne à nouveau de l’argent. Et les autorités sont contentes ; elles peuvent financer leurs déficits.
Qui se plaindrait ? Jusque là, tout va bien. Mais attendez une minute…
"Ce n’est pas une reprise durable", déclare Crispin Odey, gestionnaire de fonds, dans le Financial Times.
Quel rabat-joie ! Vous voulez dire qu’on ne peut pas construire une reprise solide sur des dettes et un secteur financier aussi sain qu’un jeu de bonneteau ?
Non. Apparemment pas. Regardez ce qui est arrivé au secteur automobile. Les autorités ont emprunté de l’argent pour aider les Américains à acheter des caisses qui en jettent. Jeudi, lorsque les chiffres des ventes de septembre sortiront, nous verrons à quel point cette stratégie est solide. Bon nombre d’Américains ont acheté de nouvelles voitures. A présent, ils n’ont donc plus besoin d’en racheter. Et les autorités ont mis fin à leurs mesures d’encouragement automobiles. Nous allons donc enfin voir ce qui arrivera ensuite.