▪ Il y a trois mois, Ben Bernanke a promis de baisser les taux hypothécaires et les taux des obligations de société.
Il a promis.
L’assouplissement quantitatif — c’est-à-dire le plan de la Fed pour imprimer de l’argent et acheter des obligations — permettra d’obtenir ces bénéfices, a promis Bernanke le 4 novembre 2010 dans une tribune publiée par le Washington Post. "Des conditions financières plus accommodantes soutiendront la croissance", a déclaré le président. "Par exemple, la baisse des taux hypothécaires va rendre l’immobilier plus accessible et aidera les propriétaires emprunteurs à se refinancer. Des taux d’intérêt plus bas auront un effet positif sur l’investissement. La remontée des marchés boursiers renforcera la richesse des consommateurs et relancera la confiance"…
Mais le président s’est trompé. Trois mois après avoir fait cette promesse, les taux d’intérêt augmentent toujours fortement, ce qui provoque une hausse des taux hypothécaires. L’assouplissement quantitatif n’est pas magique. C’est un tour de passe-passe qui produit d’une manière prévisible des résultats inflationnistes.
Le prix des actions et des matières premières explosent tandis que le prix des obligations à long terme décroît (ce qui signifie que les rendements obligataires montent en flèche). C’est le b.a. ba de l’inflation. Néanmoins, Bernanke attribue au "QE2" tout ce qui va bien.
L’observateur du marché financier Fred Sheehan écrit : "le président a fait le point sur son second programme d’assouplissement quantitatif (QE2) devant le National Press Club jeudi 3 février 2011. Sa conclusion : ‘la reprise économique qui a commencé mi-2009 semble s’être accélérée ces derniers mois… Plusieurs indicateurs montrent que les achats de titres par la Fed ont assoupli les conditions financières. Par exemple, la bourse est montée, il y a moins de volatilité et on assiste à un rétrécissement des spreads entre les obligations de sociétés… Les rendements des titres du Trésor à cinq ans et à 10 ans ont d’abord sensiblement décliné alors que les marchés ont grimpé à la perspective des achats de la Fed ; toutefois, ces rendements ont par la suite progressé alors que les investisseurs sont devenus plus optimistes à propos de la croissance économique’…"
Quant aux rendements obligataires, l’évaluation par Bernanke de son oeuvre semble quelque peu hypocrite. S’il est vrai que les "rendements… ont d’abord décliné", il est vrai aussi — et plus juste — que les rendements ont ensuite grimpé en flèche. Par conséquent, affirmer avoir réussi parce que les rendements "ont d’abord décliné" serait un peu comme déclarer que le voyage inaugural du Titanic fut une réussite parce que le bateau a d’abord flotté.
"Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a progressé de 2,48% le 4 novembre 2010, à 3,65%", observe Sheehan. "C’est là une hausse de 47% pendant la période au cours de laquelle la Réserve fédérale a approximativement acheté 200 milliards de dollars de bons du Trésor pour réduire les taux hypothécaires… En conséquence, depuis le 4 novembre 2010, les taux hypothécaires sur les prêts à taux fixes sur 30 ans de Freddie Mac ont grimpé de 4,10% à 4,81%. L’immobilier — qui représentait 40% des nouveaux emplois au cours du soi-disant boom — est en forte baisse, en partie à cause de taux plus élevés depuis le manifeste du 4 novembre 2010 de Bernanke".
Ailleurs à Washington, les pouvoirs exécutif et législatif s’échinent à rendre le boulot de Bernanke encore plus impossible. Des déficits énormes ne cessent de croître. Comme l’ont observé nos collègues de la lettre 5-Minute Forecast, "la Maison Blanche a abandonné toute prétention : ses dernières prévisions du déficit pour l’année 2011 s’élèvent à présent à 1 650 milliards de dollars — un record. Et, à 11,3% du PIB, la part de déficit dans l’économie globale serait la plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale".
"L’administration a révélé un plan pour réduire le budget de 1 100 milliards de dollars… sur les 10 prochaines années. Ces projections à 10 ans, peu importe le parti politique qui les donne, sont toujours une ruse pour vous faire oublier le fait que les ‘réductions budgétaires’ ne semblent jamais être des ‘réductions de déficits’. Si on veut évoquer les 10 prochaines années, voici le seul chiffre qui compte : selon le plan de la Maison Blanche, la dette nationale officielle augmenterait de 50% au cours de la prochaine décennie, à 21 000 milliards de dollars".
Hmmm… Puisqu’il serait un peu délicat d’emprunter tous ces dollars, nous devrions peut-être en imprimer quelques supplémentaires.